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mardi, 04 octobre 2016

2030: Les immigrés et les cas sociaux majoritaires en France?

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2030: Les immigrés et les cas sociaux majoritaires en France?

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Impossible de savoir de quoi l'avenir sera fait. Il y a trop de facteurs en jeu, trop d'imprévus, trop d'incertitudes. Cependant, on peut esquisser un assez probable tableau de ce que deviendra notre pays dans un futur plus proche qu'on ne le pense. Et un pays est avant toute chose la somme des populations qui y vivent. Partant de là, on se dit que le cauchemar ne fait que commencer... La situation actuelle nous apprend trois choses fondamentales :

1 – Le pourrissement et la décrépitude de la France sont solidement ancrés et rongent les forces vives de notre pays à une vitesse inquiétante. La France change et les « Français » aussi. Entre le grand remplacement et la dégénérescence inexorable d'une partie de la population « de souche », on se dit que la célèbre formule de Robert Dun prend tout son sens : « Il est plus tard que vous ne pensez ».

2 – En 40 ans, notre pays a complètement changé. Quatre décennies ! Ce n'est rien à l'échelle de la vie d'un peuple. A ce rythme-là, on se dit que 20 ou 30 ans de plus suffiraient à anéantir tout ce que la France a été....

3 - L'oligarchie est la principale responsable du marasme total dans lequel se débat la France depuis si longtemps. Si tout ce que nous connaissons n'est pas le fruit d'une conspiration, on peut toutefois vérifier chaque jour à quel point l'état de notre pays est dû à la nullité et à l'incompétence des pseudo-élites qui nous gouvernent mais surtout à l'idéologie qui les porte: mélange de marxisme culturel et de soumission à l'étranger. Un pays mal dirigé et trahi depuis des décennies a toujours peu de chances de briller... C'est une évidence historique. Notons cependant que lorsque le peuple ne fait rien pour se préserver et accepte quasiment tout sans broncher, la situation est encore pire. C'est l'histoire récente de la France. Elle aura des conséquences abyssales sur l'avenir. Si avenir il y a.

On le sait: la démographie, les déplacements de personnes à grande échelle et la surpopulation seront les enjeux du XXIème siècle dans le monde entier. Nous allons donc tenter d'aller à l'essentiel: à quoi ressemblera la population française ne serait-ce que dans 20 ans ? Les quelques éléments ci-dessous n'ont aucunement la prétention de faire le tour de la question mais simplement d'apporter quelques éléments de réflexion.

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I. Déclin du talent et fuite des cerveaux

Le premier facteur de réponse se trouve dans une évidence rarement formulée : le déclin du talent (je reprends ici à dessein le titre du livre de H.F. Günther). Toute notre société en témoigne. La France devient peu à peu un pays de sous-doués qui ne pourra éternellement vivre sur ses acquis anciens. La baisse du QI moyen français en 20 ans (4 points en moins pour une moyenne de 98 désormais) a certes de multiples causes mais ne viendra pas démentir mon propos.

L'école (qui n'est que le miroir de la société voulue par le Système) est en crise, elle produit des générations d'analphabètes et de crétins... Oui, ceux qui seront la France de demain... L'abrutissement n'a jamais été si profond chez une population qui n'aspire bien souvent qu'à consommer et à se laisser porter par les vagues du Système. C'est l'inculture satisfaite qui domine aujourd'hui. Nous en avons déjà parlé. Les Français n'ont le goût de rien, ni de penser, ni de créer, ni de travailler. Ils sont trop fatigués. Ils transmettent tout cela à leurs enfants...

fuite-des-cerveaux.gifEn parallèle, les cerveaux quittent la France. Adieux diplômés et chercheurs remplacés par migrants et chômeurs exotiques! Tous ces cerveaux ne reviendront jamais. Ils constituent une perte irréparable, d'autant que leur nombre ne fait qu'augmenter. “Le flux net sortant annuel des personnes nées en France a doublé entre 2006 et 2011 pour s’établir à près de 120 000 personnes en 2011” lit-on dans le Figaro. Si l'on s'en tient à ces chiffres, ce sont donc plus d'un million d'individus parmi les plus qualifiés que l'on perdra en 10 ans. Qui restera-t-il à votre avis ?

II. L'explosion de l'assistanat

Face à une conjoncture économique désastreuse nourrie des conséquences de la mondialisation et de la nullité des pouvoirs publics dans le domaine de l'emploi, la France compte 10% de chômeurs soit 6,5 millions de personnes (toutes catégories confondues).

Parmi ceux-ci, ne nous voilons pas la face, existe un nombre conséquent de gens qui ne font rien, ne cherchent pas de travail et vivent aux crochets de la collectivité. Prenons d'abord les chiffres officiels de la CAF : fin 2015, plus de 2,5 millions de foyers français sont allocataires du RSA ! 2,5 millions de foyers, c'est au moins 7 à 8 millions de personnes, non ?

L'assistanat est devenu un problème majeur pour la France. Nous en avions déjà parlé dans notre article Métier ? Assisté. Les profiteurs professionnels sont de plus en plus nombreux et pondent des tas d'enfants qui seront eux aussi voués à suivre les traces de leurs géniteurs: ne rien faire et profiter du Système ! Ce phénomène est inquiétant de par son ampleur mais surtout de par son caractère profond: ces populations d'oisifs et de cas sociaux dégénèrent de génération en génération! L'oisiveté est la mère de tous les vices dit l'adage... C'est ce que nous avons appelé la « cas-socialisation de la France ». Une triste réalité qui pose déjà d'épineux problèmes car l'aide à outrance constitue un appel d'air pour l'immigration et fait dégénérer des millions de Français.

Le Système continuera sa politique d'assistanat malgré tous les problèmes posés par celle-ci (problèmes financiers notamment, voyez comme les départements sont asphyxiés par le paiement de ces aides). C'est une évidence : les bénéficiaires du RSA et du reste seront de plus en plus nombreux. Plusieurs raisons à cela :

-Le chômage endémique et tout ce qui découle des décennies de libéralisme qui ont mis la France à genoux.

-La facilité de vivre sans rien faire grâce à des aides mirobolantes. Y'a bon la sécu! comme dirait le Docteur Merlin! Français ou étrangers, venez tous vous abreuver à la source du pognon facile. Aucune contrepartie n'est demandée !

-La volonté de l'Etat de garder sous perfusion financière des millions de personnes. Celles-ci sont, de fait, ses obligés. Les masses oisives sont tenues en laisse en quelque sorte. Si elles ne percevaient rien, elles seraient à même de déclencher d'importants troubles sociaux. RSA = un des ingrédients de la paix sociale.

Le redressement économique et moral de notre pays ne semblant pas prévu pour demain, la France sera dans 20 ans un pays qui crèvera littéralement de ses assistés, tant financièrement que socialement et culturellement. Le pain et les jeux seront plus que nécessaires pour tenir la plèbe exotique et crasseuse! Autant dire que ce n'est pas un atout pour notre avenir...

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III. La France colorée

Qui fait des tonnes d'enfants aujourd'hui, mis à part les cas sociaux? Les immigrés extra-européens. Ces derniers, on le sait, sont majoritairement des assistés professionnels. Il suffit de constater à quel point les départements les plus touchés par l'immigration sont souvent ceux où les aides sociales sont les plus développées (Seine-Saint-Denis, Nord...).

Aujourd'hui, les chiffres des naissances non-blanches font froid dans le dos. On les connaît grâce au dépistage de la drépanocytose qui est une maladie génétique ne touchant quasiment que les populations africaines ou antillaises. La France interdisant les statistiques ethniques, c'est le seul moyen pour nous de savoir quelle est l'ampleur du grand remplacement. Les chiffres ci-dessous sont édifiants (source)! En 2015, près de 40% des enfants nés en France n'étaient pas d'origine européenne! Des régions comme la PACA (52%!) ou l'Ile-de-France (73%!) semblent condamnées à court terme à devenir des enclaves africaines où les Blancs seront en grande minorité. Le reste du pays suit la même trajectoire... L'africanisation de la France, prévue dans les années 1930 déjà par un Céline, est devenue réalité. Imaginez dans 20 ans...

Le fait est que même si les frontières étaient fermées aujourd'hui, nous serions tout de même condamnés à l'africanisation. Il y a certes peu de risques qu'elles le soient de sitôt... Les migrations continueront et viendront accélérer la mise en minorité des Blancs. La tour de Babel au lieu de la tour Eiffel! N'oublions pas pour finir que la population « de souche » est vieillissante et qu'elle ne peut faire face, à terme, au flot continu de populations jeunes qui lapinent à tout va. Aujourd'hui déjà, si le taux de natalité français (dont se félicitent politiciens et médias) est supérieur à celui de certains pays voisins, c'est bien grâce à l'apport africain...

IV. Villes et campagnes

La population française étant urbaine à 80%, il est utile de se questionner sur l'avenir de nos villes, là où le changement est toujours le plus rapide. En 40 ans, elles ont tellement évolué... en mal. La fuite de la population blanche de celles-ci ne va faire que croître. Cloaques immondes bourrés de toutes les races sombres et vendues au mondialisme financier et cosmopolite, les métropoles verront leur population se transformer comme jamais. Elles perdront peu à peu leur identité, bafouée par les influences extra-européennes et le phénomène bobo, à l'image de ce qui se profile depuis des années. La gentrification de certains quartiers s'accélérera probablement, menée par tous ceux qui s'accommoderont de la situation grâce à leurs revenus élevés. Pour le reste, ce sera la direction du bidonville... Normal, la France devient un pays digne du tiers-monde.

Les Blancs « normaux » continueront quant à eux leur exode dans ce que le géographe Christophe Guilluy a appelé « la France périphérique ». Les temps seront de plus en plus durs, il va falloir payer et supporter le poids des diverses chances pour la France dont on vient de parler... Le dictature du Système risque en outre de s'intensifier... Campagnes et zones périurbaines profondes deviendront les bases de repli de tous ceux qui voudront se séparer de ce que le Système aura fait de notre pays. C'est là que les Blancs les plus conscients s'organiseront face à une France qui n'en aura plus que le nom et qu'ils pourront retrouver leurs racines et traditions... ainsi qu'un sens à la vie! En attendant de résister activement et non plus passivement à leur disparition programmée? Espérons-le, le temps presse. Il n'a jamais été si tard.

Rüdiger / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

lundi, 03 octobre 2016

Las ONG y la mecánica de la guerra híbrida

Las ONG y la mecánica de la guerra híbrida

Ex: http://katehon.com

NDI_jpeg.jpgLas ONG “vinculadas al extranjero” por todo el mundo juegan un papel irremplazable en el fomento de las guerras híbridas. La ley de la guerra híbrida declara que este tipo de conflictos son conflictos identitarios fabricados, predicados para desbaratar, controlar, o influenciar los proyectos de infraestructura conectivos transnacionales y multipolares en países clave de tránsito por medio de la representación de: Alteración de régimen, Cambio de régimen, o Reinicio de Régimen (en adelante, ACR-R). Estas tres tácticas también podrían ser descritas como concesiones políticas, como transición de liderazgo “pacífica” o violenta, o como alteración del Estado fundamentalmente a través de medios tales como la descentralización presionada para conducir hacia una federación identitaria fácilmente manipulable.

En cuanto a los tipos de conflictos identitarios que se espera que abarquen las guerras híbridas, pueden ser categorizados como históricos, étnicos, religiosos, socio-económicos, y geográficos (tanto en términos de pertenencia político-administrativa como regional). El incitador para la guerra híbrida podría ser premeditado o casual, pero en ambos ejemplos, los escenarios de conflictos son impulsados por la participación crucial -pública o discreta- de las ONG vinculadas al extranjero (en cuanto a financiación, dirección, alianzas, etc.), de ese modo se justifica la razón por la que están siendo estudiadas en este análisis junto con las últimas tendencias bélicas.

1. Precondiciones

Casi todas las ONG vinculadas al extranjero (en adelante mencionadas simplemente como ONG) aparte de aquellas dedicadas puramente al trabajo humanitario con la supervisión y permiso explícitos del Estado anfitrión, se dedican a precondicionar a la población objetivo para que acepten las narrativas construidas. Aquellas sobre todo enfocadas sobre temas históricos, sociales y/o políticos, que apuntan a modelar la mentalidad de la audiencia y contribuir a la formación de identidades absolutamente nuevas (por ejemplo, “kosovares”) o a reformar las existentes (por ejemplo, desde el patriotismo al nacionalismo, o de la ciudadanía inclusiva a los anhelos separatistas exclusivos).

Las ONG trabajan junto a los portales mediáticos -nuevos y tradicionales- en la difusión de estas ideas y la multiplicación del efecto que tienen en la alteración de las conciencias de sus audiencias, así como en promocionar la organización y los objetivos predeterminados de sus mecenas para fomentar la separación identitaria convertida en arma. “Hechos” falsos, desacreditados y/o cuestionables, circulan habitualmente en el triángulo información-medios-academias de las comunidades y agentes favorables para extender las nuevas mitologías, que de manera resultante, causan ingeniería social en las mentalidades de los perfiles demográficos objetivo, a través de la ilusión elaborada de que “voces acreditadas” están apoyando tales nuevas mitologías.

Las semillas de ideologías nuevas y/o históricamente desmentidas tales como Liberalismo y Nazismo son plantadas en las mentes de la audiencia y regadas con un conducto constante de información favorable diseñada para incrementar su atractivo y construir los cimientos para la venidera táctica anti-gubernamental. Después de ser adoctrinados con liberalismo, por ejemplo, cualquiera puede ser más susceptible de jugar el papel de “tonto útil” y manifestarse agresivamente contra su gobierno, mientras que los creyentes en el nazismo y el “nacionalismo” de la época de la segunda guerra mundial pueden ser animados a realizar odiosas provocaciones contra sus “enemigos” históricos.

Ambas categorías de impronta ideológica son así de igualmente útiles en promocionar el conjunto de objetivos políticos dentro del Estado objetivo, con el fundamento promovido siendo dependiente de lo que está concebido para ser el final exacto del conflicto. El liberalismo es más susceptible de formar nuevas identidades con propósitos separatistas, mientras que el nazismo (o “nacionalismo extremo” para generalizar) tiene un papel en la generación de furiosos odios anti-gubernamentales y la provocación conflictos interestatales (por ejemplo la Ustacha croata intenta obsesivamente la desestabilización de Bosnia y la provincia norteña serbia de Voivodina).

2. Financiación

Las ONG deben recibir su dinero de algún modo, y a parte de mendigar (o “solicitar donaciones” como ellas lo denominan) en las calles por algún dinero extra, la mayoría de ellas reciben el grueso de su financiación desde una de estas tres fuentes principales:

Gobiernos:

El gobierno de los EEUU financia organizaciones tales como “National Endowment for Democracy” (en castellano, “Fundación Nacional para la Democracia”, auto-descrita en 1991 como organización que hace lo que la CIA solía hacer de manera encubierta 25 años antes de entonces) para comportarse como frentes de inteligencia público-privados en el extranjero, que mezclan la experiencia de agentes profesionales con una “negación plausible” de civiles.

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Corporaciones:

Ciertas compañías pueden tener interés en desplegar de manera independiente sus propias ONG, tanto si es para hacer lobby en nombre sus intereses como si es para agitar contra sus oponentes, con esta intensificación potencial hasta el nivel de poner presión de tipo ACR-R (Alteración, Cambio, Reinicio de Régimen) en unos u otros gobiernos para estos propósitos.

“Filántropos”:

Donantes “privados” tales como George Soros y los príncipes saudíes manejan la Fundación Soros y las “organizaciones caritativas islámicas” respectivamente (estas últimas siendo las primeras redes de ONG a nivel mundial convertidas en arma a gran escala durante el periodo de la guerra de Afganistán en la década de 1980), con sus organizaciones habiéndose extendido por todo el globo en este momento, y algunas veces trabajando para promocionar sus sombríos intereses mano a mano con exclusivos clientes gubernamentales.

Soros-WB-1.jpgCada una de estas tres diferentes fuentes proporciona financiación y entrenamiento para sus delegados (proxis) sobre el terreno, con el deseo de que tengan éxito en cultivar una comunidad de quinta y sexta columnistas para ayudar a sus objetivos. El entrenamiento organizacional y las técnicas organizativas son esenciales debido a la fuerza con que influyen en la efectividad del grupo, dado que a fin de cuentas, es habitual que los pequeños miembros del núcleo sean lo que verdaderamente cuenta, ya que sus cohortes y civiles afiliados, o bien son voluntarios, o bien son pequeños gastos temporales.

Las ONG también son muy útiles para sus patrocinadores porque funcionan como un intermediario en la entrega de sobornos y la transmisión de chantajes a diferentes individuos privados (por ejemplo periodistas) y figuras políticas, y si ellos operar en un entorno de “laissez faire” (dejar hacer), entonces ellos también podrían tomar parte de manera valiosa en diferentes escalas de actividades de blanqueo de dinero para estos fines o en apoyo de los intereses pecuniarios de sus patrocinadores. Incluso si son cogidos, el grado único de separación que ellos disfrutan “plausiblemente” respecto a sus patrocinadores debido a su estatus supuestamente “independiente”, es suficiente para proteger a sus partidarios de cualquier culpa “oficial”.

3. Testaferros

Las ONG han aprendido a emplear rostros y personal local para dotar al personal de sus oficinas en el extranjero, entendiendo que esto ayuda a desviar cualquier crítica inmediata sobre lazos extranjeros así como de simplistas “periodistas de investigación” que solo miren superficialmente en los pasaportes de la gente que ahí trabaja para trazar sus conclusiones. En realidad, aunque realmente esta política va menos en el sentido de borrar dichos enlaces de las ONG con el extranjero, que en el sentido de embaucar a la población con la que ellos planean interactuar, dado que normalmente los detectives esforzados son exitosos en el descubrimiento de las conexiones financieras, de comunicación y de personal que conectan a una organización investigada con una entidad extranjera.

Los individuos comunes en la calle, sin embargo, pueden no tener ni idea de que sus conciudadanos que les entregan pasquines antigubernamentales y les instigan a unirse a la protesta, pueden estar al servicio de entidades extranjeras, incluso si alguno del mismo personal del grupo no es ni consciente de esto. La falsedad que llega con el engaño a la gente para que se junte a una actividad u organización debido al hecho de que los lazos extranjeros que están tras ella, sean escondidos deliberadamente, demuestra que los patrocinadores de la iniciativa aceptan -a sabiendas- que a los lugareños probablemente les espantaría este tipo de cosas si supieran que estaban patrocinadas desde el extranjero. Debido a que muchos de ellos no tienen ni idea de esto, son más susceptibles de ser engañados para participar.

Junto a las líneas de testaferros de la ONG, debería mencionarse en relación a esto, que los futuros líderes del gobierno anti-gubernamental son algunas veces pastores (Zimbabue), monjes (Myanmar, la región autónoma del Tíbet), o estudiantes (las “típicas” revoluciones de color), todos ellos tienen una reputación internacional de ser aparentemente inocuos e inofensivos. No importa si esto era realmente cierto o no antes de “el evento” (las especificidades del cual serán pronto descritas), el hecho es que el momento en que esos actores supuestamente pacíficos empiezan a manifestarse agresivamente contra el gobierno, provocando conflictos con la policía y los militares, y algunas veces incluso atacando a los agentes del orden y a las propiedades públicas y privadas, han perdido su derecho a ser respondidos de un modo no-violento, justificando de tal modo las técnicas decisivas de control de masas (y algunas veces de mano dura) por parte de las autoridades.

Estos testaferros también juegan otro papel complementario, y es el de promover sus reputaciones presumiblemente pacíficas a través de canales mediáticos conspirativos que tienen interés en retratar a estos individuos como “tranquilos manifestantes pro-democráticos”, además de para editar selectivamente y desinformar deliberadamente de sus choques provocados con las autoridades como resultado de una “dictadura impopular y hambrienta de poder que asesina a su propia gente”. No importa que nada de esto sea fácticamente cierto, sino que, lo que cuenta es la percepción errónea intencionada, debido a la facilidad con que tales narrativas fabricadas pueden llevar completamente fuera de proporción a un evento local, regional, o nacional, y rápidamente transformarlo en una “crisis internacional” que estimule a que gobiernos extranjeros pongan presión muy publicitada sobre el estado objetivo.

4. Demandando “democracia”

La táctica que toda ONG políticamente afiliada (tanto si declaró abierta o secretamente esta disposición) termina persiguiendo es la táctica de presionar –finalmente- a su gobierno anfitrión en un intento para hacerlo más “democrático”. La razón por la que la “democracia” es tal obsesión para estas organizaciones y sus patrocinadores, no necesariamente tiene nada que ver con sus inherentes atributos “normativos” (la reiteración occidental más habitual de esta ideología), sino con su conveniente estructura en la que se eliminan regularmente los ciclos de liderazgo. Las “democracias” influidas por occidente tienen ciclos previsibles de elección que están comprendidos en la teoría de la guerra híbrida, como algo que representa nada más que oportunidades “pacíficas” para el cambio de régimen, y de aquí la actividad frenética a la que se dedican las ONG antes, durante, e inmediatamente después de este momento. La “democracia” occidental también está marcada por la inseparable cultura política de los lobistas (sobornadores legales) y de los portales mediáticos masivos motivados por lo comercial, provocando que sea mucho más fácil de intervenir -por parte de actores extranjeros y sus peones locales de ONG- en los procesos “democráticos” y secuestrarlos en la dirección de sus objetivos. 

Si las elecciones no desembocan en el resultado deseado que están buscando las ONG y sus patrocinadores internacionales, o si el siguiente ciclo electoral no es hasta dentro de algunos años y estos actores se impacientan y/o creen que la ventana para lograr sus fines políticos puede cerrarse para ese tiempo, entonces conspirarán para ingeniar un evento que ponga presión sobre el gobierno para embarcarse en la ACR-R bajo la amenaza omnipresente de guerra híbrida.

Ejemplos del tipo de presión que podría ser ejercida contra las autoridades, son dramas relacionados con las elecciones, escándalos de corrupción (posiblemente desencadenados por escuchas telefónicas “filtradas” por la NSA y/o documentos, como el “golpe constitucional” de Brasil y el fallido intento de guerra híbrida en Macedonia), movimientos disruptivos de la “sociedad civil” (por ejemplo el “Yereván eléctrico” de Armenia), y la politización de tratos controvertidos (por ejemplo el Acuerdo de Asociación con la UE en Ucrania) que intente forzar una nueva o anticipada ronda electoral.

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Si el gobierno no se Altera, Cambia, o Reinicia tras experimentar la coerción “pacífica” de la Revolución de Color con la que los intereses extranjeros y sus ONG -cual soldados de a pie- intentan forzarlo “democráticamente”, entonces el gobierno o gobiernos tras la farsa, pueden tomar la decisión de iniciar una guerra híbrida mediante la transición desde una Revolución de Color hacia una Guerra No-Convencional. No siempre se garantiza que este sea el caso, dado que algunas veces, ciertos disturbios de Revolución de Color no están plenamente respaldados por sus patrocinadores extranjeros y redes de ONG, y en cambio son exámenes de prueba para evaluar las vulnerabilidades estructurales, así como las respuestas, y otro tipo de inteligencia valiosa que podría ser muy útil en un futuro escenario ACR-R que esté apoyado con más determinación para esos propósitos. Después de todo, si el Estado es lo bastante fuerte como para defenderse contra este ataque asimétrico usando las medidas de Seguridad Democrática y/o la futura insurgencia carece de la viabilidad a largo plazo para sostener una campaña exitosa de guerra híbrida ACR-R (quizá si no puede construirse a tiempo un arreglo regional efectivo del tipo “encabezar desde atrás”), entonces puede que los patrocinadores extranjeros retiren su apoyo para la agitación y esperen hasta que otra oportunidad futura pudiera ser maquinada en un momento más decisivo.

5. Dando el salto

Cuando la Revolución de Color experimenta la transición gradual hacia una guerra híbrida mediante la evolución hacia una Guerra No-Convencional, hay mucho del anterior arreglo estructural tras la escena que simplemente sigue igual pero con un nombre diferente. Muchas de las redes de ONG y su personal, evolucionan hacia insurgentes armados o proporcionan a los combatientes apoyo informativo, organizativo, logístico, y/o material.

A pesar de que las tácticas del ACR-R han cambiado, el principio sigue siendo igual, aunque con una perceptiblemente menor afluencia encubierta de asistencia extranjera (insurgentes, armas) en prosecución de esos fines.

No todas las ONG vinculadas al extranjero y sus trabajadores pueden tomar parte en esas actividades abiertamente sediciosas, pero es una apuesta razonable que muchos de ellos lo estén en una medida u otra, después de todo, la única diferencia entre los revolucionarios de color y sus homólogos de la guerra no-convencional, son los medios que están dispuestos a emplear para lograr su objetivo compartido, con “cada mano lavándose entre sí” para realizar las tareas complementarias para este fin.

6. Pensamientos en conclusión

La guerra híbrida es la última forma de agresión que está realizada por las fuerzas unipolares contra el orden mundial multipolar emergente, y el modo indirecto en que es practicado, protege al perpetrador de las repercusiones inmediatas y así incrementa el atractivo de esta estratagema. Viendo que la dependencia en la guerra híbrida como instrumento de política exterior, no muestra signos de disminuir de manera realista para el futuro previsible debido a la naturaleza novedosa y rentable en la que se aplica, hay una urgencia apremiante para entender cada faceta en la que se lucha, es decir, la pertinencia en exponer el papel esencial que las ONG juegan en este proceso.

Recordando que las guerras híbridas se basan en la instigación exterior y la subsiguiente manipulación de conflicto identitario en un Estado de tránsito objetivo, junto a la ruta de un importante proyecto de infraestructura conectivo transnacional y multipolar, entonces es mucho más fácil de conceptualizar la función que las ONG hostiles y vinculadas al extranjero tienen en poner en movimiento esta secuencia de “caos controlado”. Estos grupos tienen la tarea de provocar una sensación de separación identitaria entre la población, y un sentimiento socialmente ingeniado por el cual los organizadores conciben que finalmente conviertan a ciudadanos patrióticos en simpatizantes anti-gubernamentales.

Las redes de ONG y personal local que participan en este esquema asistido por extranjeros y aspira con alterar, controlar, o influir esos proyectos de infraestructuras anteriormente mencionados a través de varios tipos de presión tipo ACR-R contra las autoridades, normalmente se convierten en insurgentes y otras formas de amenazas asimétricas cuando sus fallidas tácticas de Revolución de Color empiezan a convertirse en una forma mejorada de Guerra No-Convencional. Dado que las ONG vinculadas al extranjero son las fuerzas de vanguardia que encabezan la última reiteración de la guerra híbrida por todo el mundo, está en los mejores intereses de todo gobierno responsable, la puesta de controles de supervisión y restricciones operativas sobre estos grupos para neutralizar sus capacidades ofensivas y proteger la seguridad nacional.

jeudi, 29 septembre 2016

East Asia: Greater Eurasia Scenarios

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East Asia: Greater Eurasia Scenarios

Ex: http://www.katehon.com

The South Korean Megachurch Spreads Its Ideological Destabilization

South Korea has one of the world’s fastest-growing evangelical Christian populations and also boasts some of the world’s largest megachurches. In and of itself, this is a benign apolitical trend about its population’s beliefs, but integrated into a regional perspective rich with recent news events, then it becomes a worrying threat of destabilization. North Korea and China are well-known atheist societies, with the former having a lot less tolerance for any form of Christianity than the latter, but both are homes to secret foreign-connected Christian sects that are hell-bent on bringing down their governments. The Christian radicals haven’t yet begun resorting to ‘traditional terrorist’ tactics in doing this, but they’re nonetheless sometimes defined as terrorists depending upon the circumstances of their capture and whatever their prior activities are revealed to have been. 

South Korea figures prominently into this plot because it’s a nearby base for the type of aggressive anti-communist Christian proselytization that is undermining public trust in North Korea and China. Religion is being used as a rallying cry for bringing together different covert networks of believers in order to generate a critical mass of anti-government activists and future discontent. It’s not without reason that Beijing and Pyongyang are both so suspicious and reactionary towards secret Christian groups, as history shows that these organizations and their leading figures have regularly been used as a fifth column vanguard for earlier colonial campaigns in Africa and Asia. Nothing of that exact sort is going on in the present, but the principle is that illegal religious groups operating within China and North Korea – especially hostile proselytizing ones such as the Protestants and Evangelicals – are used as a ‘behind the gates’ force for secretly destabilizing the state from within. 

Most people aren’t aware of it, but China has a very bloody history of religious leaders and cultish demigods commanding legions of followers into war, and even though the exact same cookie-cutter approach is unlikely in the present day, the idea of malevolent actors assembling hidden networks of violent anti-state resistance under the guise of religion and god is a continual threat to China’s stability, no matter what the day and age may be. The documented history of religious and cult violence in China explains Beijing’s knee-jerk reaction to the aggressive promotion of Christianity, and seeing as how South Korea is now the Asian headquarters for this ideology, it can reasonably be assessed that this demographic trend within its borders can be – and likely already is to an extent – a weaponized element of Hybrid War against China and North Korea. 

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THAAD Turns Northeast Asia Into A Tinderbox

The US’ preplanned move to exploit North Korea’s reactions to its military provocations has seen the deployment of the THAAD “anti-missile” system to South Korea, ostensibly to protect against Pyongyang but in reality to prepare for the future rolling out of a theater-wide system targeting Russia and China’s nuclear second-strike capabilities. As the most immediate and logical response, Russia and China said that they will begin working closer together on drafting coordinated countermeasures to this mutual threat, possibly even going as far as unveiling their own joint “anti-missile” system. What this has done is throw Northeast Asia into the forefront of the New Cold War between the unipolar and multipolar worlds and dramatically ratcheted up tensions in this corner of Eurasia. 

The developing alignments are Russia-China and US-South Korea, with Japan being an ally of both of the second group of countries but not yet fully coordinated into a trilateral framework with them. The historical memory of the World War II experience is still very much alive in this part of Asia, and the publics in both South Korea and Japan are usually at odds with one another over each side’s interpretation of these events and the role (both historical and in terms of how it should presently be atoned) of Japanese Imperialism. It’s possible, though, that the higher echelon politicians and “deep state” (permanent military, intelligence, and diplomatic bureaucracies) in each of them don’t share the populist views prevalent in their societies and are being strongly pressured by the US to integrate into this tripartite system, using of course the media-marketed gimmick of coordinating their response to North Korea. 

This is a very dangerous triangle because the US is geographically insulated from the most direct consequences that it could lead to, thus making it behaving much more irresponsibly and with a touch of brinksmanship in forcing its occupied countries in the region to do its bidding, no matter how detrimental this is to their national interests. Part of what’s happening here is that the US also wants to provoke China into a rash response (as it has continually been trying to do with the South China Sea and the Indian border disputes) so that a ‘rational self-evident’ explanation can be given by the Seoul in ‘legitimizing’ why it’s working more closely with Japan and possibly even flirting with the TTP sometime in the future. Chinese-South Korean economic ties are very tight and mutually beneficial, but this is exactly what the US is trying to disrupt in a similarly adapted version to what it had attempted to do with Ukraine vis-à-vis Russia by forcing Kiev to undertake an unnecessary “civilizational choice”. Something very closely related to this is now afoot when it comes to South Korea and China, with THAAD being the equivalent for South Korea of what the EU Association Agreement was for Ukraine. 

On the one hand, for as negative of a trend as it is that Northeast Asia is aligning into two separate and easily discernible blocs, on the other hand it does carry with it a veneer of vintage ‘stability’ from the Cold War era of bipolarity, since a two-bloc system is taking shape in this part of the world. On the other hand, though, the unpredictable loose cannon of North Korea sits right in the middle of both, and not only could it ‘go rogue’ one way or another and shift the balance of power, but it could also implode (whether ‘naturally’ or through US provocations such as a military coup, large-scale successful economic warfare, and/or a distant Color Revolution). Two-bloc systems are only stable so long as there’s no black hole of uncertainty literally right between them, which is the role that North Korea is playing right now. If it can be reined in and safely managed, then North Korea could be a valuable asset to the Russian-Chinese Strategic Partnership in balancing against US-South Korea-Japan, but by all indications, this is a very difficult task and one which might not even be feasible at this point. Therefore, North Korea remains one of the most high-stakes uncertainties in the entire world, since whatever happens there will decisively shift the balance of power in Northeast Asia and drastically effect whether it’s the unipolar or multipolar world that comes out on top. 

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Korean Reunification: Qui Bono?

One of the most popular scenario projections for international relations students to partake in is imagining under what circumstances North and South Korea could ever be reunited and what impact this would have on regional affairs. To simplify, there are three possibilities for how this could realistically happen and three related outcomes:

War:

North and South Korea go to total war with one another in which both are most likely destroyed. The ravaged battleground and remaining soldiers and mobilized civilians on each side become the backdrop to an intense US-Chinese proxy war, possibly even culminating in both side’s direct intervention into the fray just like during the First Korean War. 

“Peace”:

A military coup overthrows Kim Jong Un and quickly purges his institutional allies, leading to a sudden and swift reunification with South Korea, though one which has questionable longevity because of the surprising confusion that it elicits among regular indoctrinated North Koreans and their ‘un-cleansed’ military allies. 

Implosion:

A military coup, Color Revolution, or Hybrid War (each of which are closely interrelated) could transpire to throw the country into chaos, as well as a combination of independently occurring or related socio-economic and/or humanitarian collapses. These latter scenario projections are less likely to results in a nationwide implosion because of the country’s history of weather such intense crises during the 1990s, and also because China would assist with food provisions if need be. 

A reunified Korea would likely take one of the three following internal forms:

Destroyed:

The Korean Peninsula is a wasteland that must now be rebuilt, with China and the rest of the Multipolar Community partaking in reconstruction efforts in the north while the US and its unipolar allies do the same in the south. A UN-led government presides over the whole landmass, but the country is still de-facto partitioned just as it was on the eve of its de-jure international separation. 

Partitioned: 

Reunification never really happens in form and both Koreas continue to behave as independent units, no matter whatever political agreement they reach amongst themselves. This could happen if its destroyed or a military coup takes over and leads to an immediate breakthrough in relations between Pyongyang and Seoul. This format could be used to pacify ‘patriotic’ North Koreans who do not want immediate political reunification on South Korea’s terms but are amenable to a new form of partnership with their compatriots.  

Peaceful:

A united Korea becomes an even stronger economic powerhouse in Northeast Asia than the sum of either of its two previously independent parts could ever conceive of, with a “Korean Miracle” superceding even that of its post-Cold War German predecessor. Even if no US or South Korean troops cross the former DMZ, the newly reoriented North Korean military might direct itself against China, especially amidst an environment of American-provoked South China Sea-like hostility between the two entities (perhaps driven by the topic of ethnic Koreans in Manchuria). The ‘New Korea’ thus becomes a nuclear-equipped American ally in the heart of Northeast Asia. 

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The Rising Sun Returns

Prime Minister Abe is taking his country back along the path of militarism, and it’s obvious that the US intends to use his island nation as its “Lead From Behind” partner in Northeast and Southeast Asia. The recent reinterpretation of the constitution in order to allow the deployment of military assets abroad in ‘support’ of ‘allied countries’ is a dangerous sign that Tokyo is planning to play a much more assertive role all along the East Asian/Western Pacific Rimland region. It’s already been described how this is envisioned to play out in Southeast Asia, but as for its Northeastern equivalent, this will definitely see Japan flex its muscles as a naval power and continue provoking China in the East China Sea. 

It’s a little-known fact, but despite being an officially ‘pacifist’ country, Japan’s “self-defense forces” are equipped with state-of-the-art munitions and have access to high-tech assets that make them a formidable (albeit undeclared) military power, and the country’s nuclear energy industry produced enough waste that Tokyo could 1,000 nuclear bombs from it a year if the fateful were ever made. Even though this has yet to happen and might never actually occur, it’s unmistakable that Japan is a Great Power which must be taken seriously in all geopolitical calculations, and that the Land of the Rising Sun has finally returned to the forefront of continental affairs with the US’ full support. 

Mathieu Slama: «Le grand drame de la modernité»

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Mathieu Slama: «Le grand drame de la modernité»

 

Vous parlez d’une croisade de Moscou contre l’Occident, mais l’offensive n’est-elle pas plutôt menée par les États-Unis, Poutine se bornant à défendre les traditions ?

Il y a sans doute une part de provocation dans le choix du mot « croisade », mais aussi deux raisons essentielles : d’abord, Poutine lui-même a décidé, depuis quelques années, de s’attaquer frontalement au modèle libéral des sociétés occidentales. Non seulement il défend les valeurs traditionnelles de la Russie, mais il s’en prend explicitement aux pays euro-atlantiques, et à l’Europe tout particulièrement, qu’il accuse de rejeter ses racines et de tomber dans le « primitivisme », au mépris des « valeurs spirituelles de l’humanité ». Ensuite, le mot « croisade » contient une dimension éminemment religieuse, et il se trouve que c’est aussi sur ce terrain que Poutine s’en prend à l’Occident. Défendant « les valeurs de la famille traditionnelle, de la vie humaine authentique, y compris de la vie religieuse des individus », il s’est attaqué à plusieurs reprises à la conception européenne de la laïcité. On connaît aussi sa proximité affichée avec l’Église orthodoxe, qu’il lie étroitement, dans ses discours, au destin national de la Russie. 

Voici l’intuition de mon livre : ce qui se joue dans le conflit entre Poutine et les pays occidentaux est bien plus fondamental qu’un simple conflit d’intérêts sur les dossiers syrien ou ukrainien. Il y a, en arrière-plan de tout cela, le retour d’un vieil affrontement entre deux grandes visions du monde concurrentes : le monde libéral d’un côté, exaltant l’individu et son émancipation ; et le monde de la tradition, exaltant la communauté et l’enracinement.

Vous présentez Poutine comme une personnalité attachée à l’égalité entre les nations. Mais est-il vraiment cet apôtre du droit international et de la non-ingérence ? Nous pensons à la Géorgie, à l’Ukraine. Stratégie rhétorique ?

Un des mots les plus souvent utilisés par Poutine est « diversité du monde ». Dans son discours, l’Occident se rend coupable de vouloir modeler le monde à son image. Il y a là un argument essentiel qu’il faut entendre (stratégie rhétorique ou non) : l’Occident est persuadé que son modèle libéral est applicable au monde entier. Il suffit de feuilleter les reportages dans les médias français sur l’Iran, par exemple : on célèbre ce pays parce qu’il s’occidentalise ! Mais on crie à l’obscurantisme dès qu’il s’agit d’évoquer ses composantes traditionnelles. C’est tout le paradoxe de nos sociétés libérales : nous exaltons l’Autre mais ce n’est que pour annihiler son altérité. Il y a, dans cet universalisme occidental, un mélange d’incompréhension et de mépris. Cet universalisme est aussi dangereux quand il se transforme en action extérieure (cf. les ingérences occidentales catastrophiques au Moyen-Orient).

En revanche, il est exact que Poutine ne s’applique pas forcément cette règle de non-ingérence. Poutine n’est pas un saint : il y a, chez lui, une ambition impériale, liée à une volonté de protéger les intérêts stratégiques de la Russie face à une Amérique agressive et intrusive. Comme le disait Soljenitsyne, qui s’inquiétait du renouveau impérialiste russe, plutôt que de chercher à s’étendre, la Russie devrait plutôt s’attacher à conserver l’âme du territoire qu’il lui reste. 

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Faisant l’éloge de l’enracinement, vous prenez l’exemple de Bilbo, un Hobbit frileux à l’idée de quitter sa terre natale pour partir à l’aventure. Attachement que vous qualifiez de « noble ». Or, il me semble plutôt que les Hobbits incarnent cette prudence petite-bourgeoise, aux antipodes de la vraie noblesse qui est lutte pour la vie, mépris du confort matériel et passion pour les équipées lointaines.

Pour illustrer les limites du modèle libéral occidental, j’évoque, en effet, la belle parabole de Tolkien sur le combat de plusieurs communautés fictives qui luttent pour leur survie face à un ennemi technicien et guerrier. Les Hobbits sont des personnages intéressants car ils vivent en vase clos, selon des rites traditionnels immémoriaux. Ils partent à l’aventure à contrecœur, ayant sans cesse la nostalgie de leur terre durant leur voyage. C’est cette nostalgie que je trouve formidable, parce qu’elle représente tout ce que nous avons perdu en Occident. Le rapport à la terre, au lieu, comme disait Levinas, le sens de la mesure, la perpétuation de vieilles traditions qui donnent un sens à notre existence : tout cela ne veut plus rien dire pour nous autres Occidentaux. Les Européens ne comprennent plus qu’un seul langage, celui des libertés individuelles. C’est cela, le grand drame de la modernité.

Entretien réalisé par Romain d’Aspremont 

Essayiste

mercredi, 28 septembre 2016

Bijna alle peilingen na eerste debat: Trump wint ruim van Clinton

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Bijna alle peilingen na eerste debat: Trump wint ruim van Clinton

Clinton wint alleen volgens het door het Witte Huis gecontroleerde CNN en NBC, en een handjevol regionale zenders; ruim 30 andere media roepen Trump als winnaar uit

Moderator beschermde Clinton door haar grootste blunders buiten het debat te houden en enkel Trump aan te vallen

De massamisleiding van de grootste media, die in de Verenigde Staten vrijwel geheel door de Democraten worden gecontroleerd, is sinds het grote debat tussen Donald Trump en Hillary Clinton in de hoogste versnelling gezet. Volgens CNN, dat net als de grote Nederlandse en Europese media tot nu toe uitsluitend negatief over Trump bericht en extreem pro-Hillary is, wezen de kijkers met ruime meerderheid Hillary Clinton als winnaar aan. Daarin staat CNN echter bijna alleen, want bijna alle andere peilingen vertonen echter een heel ander beeld: daaruit blijkt dat Trump juist ruim gewonnen heeft.

Alleen het door Washington gecontroleerde CNN en NBC, en daarnaast een enkele regionale zenders riepen Hillary tot winnaar uit. In meer dan 30 andere peilingen staat Trump bovenaan, soms met een minimale, maar veel vaker met een overweldigende meerderheid:

Fortune.com: Trump 51%, Hillary 49%
NJ.com: Trump 53,5%, Hillary 41,7%
Time.com: Trump 58%, Hillary 42%
CBS New York: Trump 24.000 stemmen, Hillary 17.600 stemmen
CNBC: Trump 60%, Hillary 40%
Drudge Report: Trump 81,5%, Hillary 18,5%
Breitbart: Trump 76%, Hillary 24%
Washington Times: Trump 71%, Hillary 22%
WCPO Cincinnati: Trump 60%, Hillary 35%
Variety.com: Trump 51,4%, Clinton 48,5%
WKRN Nashville: Trump 63,2%, Hillary 36,7%
Las Vegas Sun: Trump 81%, Hillary 19%
San Diego Union Tribune: Trump 66%, Hillary 34%

Het is slechts een greep uit een lange lijst, waarin Hillary slechts een handjevol keer boven Trump eindigt, maar Trump in veel gevallen zelfs compleet de vloer aanveegt met Hillary. (1)

Moderator extreem op de hand van Clinton

Het debat zelf was feitelijk een strijd van 2 tegen 1, omdat de moderator, Lester Holt, overduidelijk Clinton in bescherming nam. Zo mochten een aantal van Clintons grootste blunders, zoals het emailschandaal, het drama in Benghazi, de enorme fraude en corruptie van de The Clinton Foundation, niet ter sprake worden gebracht, net zoals de door Obama in gang gezette en door Hillary gesteunde massa immigratie en amnestie voor illegalen, die door een ruime meerderheid van de bevolking wordt afgewezen.

Daarentegen viel hij vrijwel uitsluitend Trump aan op zijn vermeende opmerkingen over vrouwenen zijn vroegere faillissementen, en trok hij de Republikeinse kandidaat voortdurend in twijfel. Ook onderbrak hij Trump meerdere malen, al liet de magnaat zich daardoor totaal niet van de wijs brengen.

Hillary loog over steun voor omstreden TPP

Tijdens het debat loog Hillary over haar steun voor het omstreden TPP, de Amerikaans-Aziatische versie van het vrijhandelsverdrag dat de EU met de VS wil sluiten, dat volgens diverse onafhankelijke onderzoeken de doodsteek zal zijn voor de Europese werkgelegenheid en sociale zekerheid. Hillary ontkende dat ze het TPP ‘de gouden standaard van alle handelsverdragen’ had genoemd, terwijl het onomstotelijk vaststaat dat ze alleen al op CNN het TPP minstens 45 keer heeft aangeprezen. (3)

Anti-Hillary media letterlijk het zwijgen opgelegd

In de ‘Twittersfeer’ waren de commentaren eensluidend: Holt nam Clinton op extreme wijze in bescherming. Dat zal de grote Amerikaanse media geen goed doen, want sinds vorig jaar blijkt uit alle peilingen dat die nog maar door 6% tot 10% van de Amerikanen worden vertrouwd.

Hillary is de gewenste kandidaat van de politieke en media elite, zowel in Washington als in Brussel. Daarom kunnen we tot en met de verkiezingen nog de nodige misleidende en leugenachtige ‘nieuws’berichten verwachten, bijvoorbeeld van het ultralinkse NU.nl in Nederland, dat natuurlijk kopt: ‘Peiling CNN: Ruime meerderheid ziet Clinton als winnaar’, waardoor de valse indruk wordt gewekt dat dit de algemene trend is.

In de VS is men zelfs al begonnen met het de mond snoeren van invloedrijke anti-Hillary stemmen in de media. Michael Savage is één van ’s lands bekendste radiopresentatoren, en heeft meer dan 20 miljoen luisteraars. Toen hij gisteren de slechte gezondheid van Hillary ter sprake bracht, werd hij in New York plotseling uit de lucht gehaald. Toen Savage dit in zijn live show opmerkte, werd hem zelfs landelijk het zwijgen opgelegd, en zonden alle stations ineens zijn vorige radioprogramma uit. (2)

Xander

(1) Infowars
(2) Infowars
(3) Breitbart

Zie ook o.a.:

22-09: ‘Rellen Charlotte begin van geplande chaos bedoeld om Donald Trump te stoppen’
12-09: ‘Democraten overwegen Hillary Clinton te vervangen om slechte gezondheid’
03-09: Hillary Clinton dreigt Rusland met oorlog...
16-08: Trump : Hillary net zo catastrofaal voor VS als Merkel voor Duitsland
06-08: Vijfde mysterieuze dood in paar weken van tegenstander Hillary Clinton
02-08: Trump bang dat verkiezingen worden vervalst om Hillary te laten winnen (/ ‘Het wordt een bloedbad als Hillary via stemfraude toch president wordt’)

Débat Clinton-Trump. Et après?

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Débat Clinton-Trump. Et après?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

De l'avis général, Trump n'a pas été à la hauteur d'Hillary Clinton dans ce débat. Il aurait esquivé les questions et quasiment fait des clowneries sans le vouloir. Hillary Clinton au contraire aurait montré une grande maîtrise des dossiers, renforcée par une ouverture vers la gauche du parti démocrate, qui précédemment avait soutenu Bernie Sanders. Elle a par ailleurs prouvée qu'elle jouissait d'une apparente bonne santé, contrairement à ce qui avait été dit.
 
Sur le fond des débats à 16h heures le 27/09, les Français qui ne maitrisent pas bien l'anglais parlé auront du mal à juger. Le journal Sputnik.fr en donne un résumé en français, non partisan, auquel on peut se reporter (voir ci-dessous). A lire les comptes-rendus proposés par des médias qui ne sont pas systématiquement acquis à Clinton, les propositions de Trump sont assez cohérentes. Elles dessinent un programme qui sur de nombreux points s'éloigne radicalement des positions de Clinton, autrement dit de celles de l'establishment le plus radical qu'elle incarnera toujours.

Ce programme est tout à fait crédible. Mais il n'intéressera que les citoyens, plus nombreux qu'il ne paraît, qui veulent remettre en cause la domination des oligarchies et commencer à lutter contre les innombrables souffrances qu'il génère dans les classes moyennes et pauvres. Peu en importe pour eux les termes précis, ils espèrent de l'élection de Trump ce que l'on pourrait appeler un chaos créateur. Celui-ci d'ailleurs, lors des 2 prochains débats qui sont programmés, aurait intérêt à se présenter, non pas aussi « raisonnable » qu'Hillary Clinton, mais encore bien plus imprévisible et chaotique que sa réputation actuelle ne le définit.

Même si finalement Trump n'était pas élu, ses électeurs déçus, s'ajoutant à ceux des Verts et des Libéraux, ainsi qu'à un certain pourcentage d'abstentionnistes remobilisés en sa faveur, pourraient former quelque 40% de citoyens qui constitueraient pour Hillary Clinton, aussi dictatoriale qu'elle se révèle une fois au pouvoir, une masse difficile à manœuvrer, voire prête à s'enflammer. Pour quoi faire? Contrer l'establishment en toutes occasions. Ce programme serait suffisamment mobilisateur pour obliger Clinton à ne pas faire ce qu'elle est programmée pour faire, notamment en termes de relance des guerres un peu partout dans le monde.

Il semble que Bernie Sanders ait senti le vent, puisqu'il vient d'annoncer sa démission du parti démocrate. Mais le souvenir encore vivace de sa trahison l'empêchera sans doute de redevenir le « socialiste » quasi révolutionnaire qu'il avait promis d'être. Peu importe car d'autres leaders pour une opposition plus mordante, qu'elle se structure ou non en Tiers-parti, ne manqueront pas d'apparaitre dès lors que comme prévisible les difficultés s'accumuleront pour Clinton.

On peut penser que les mêmes raisons pourraient provoquer en France l'élection de Marine Le Pen à l'Elysée. De nombreux électeurs ne partageant pas les valeurs du Front National pourraient voter pour elle afin de générer  un chaos créateur ridiculisant les deux majorités actuelles. Ensuite, advienne que pourra. Mais ce sera mieux qu'un retour des mêmes sempiternelles têtes.

Voir
Compte rendu du débat
https://fr.sputniknews.com/international/2016092710279334...

Note au 28/09
Qui a gagné? Pas si évident. Le site Infowars.com affiche les “sondages” par vote, sur les sites les plus marquants. Il remarque que Trump l'emporte d'une façon écrasante  dans le décompte des sondages de “plus de 30 sites” d'une importance certaine. Clinton l'emporte dans quatre d'entre eux, le reste allant à Trump. Certes Infowars est un média non aligné, mais jusqu'à preuve du contraire, les chiffres sont les chiffres.
http://www.infowars.com/poll-who-won-the-first-presidenti...

 

mardi, 27 septembre 2016

Créer une "principauté salafiste" à l’est de la Syrie: l’objectif américain

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Créer une "principauté salafiste" à l’est de la Syrie: l’objectif américain

Ex: http://zejournal.mobi

Les deux récentes attaques contre l’Armée arabe syrienne dans l’est de la Syrie correspondent au projet américain d’éliminer toute présence du gouvernement syrien à l’est de Palmyre. Cela permettrait aux États-Unis et leurs alliés de créer une « entité sunnite » dans l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak, qui serait une épine permanente dans le pied de la Syrie et ses alliés.

Une analyse de 2012 de l’Agence du renseignement de la Défense (DIA) disait :

« Il y a la possibilité d’établir une principauté salafiste officielle ou non à l’est de la Syrie (Hasaka et Der Zor), et ceci est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien… »

Notez que le plan mentionne précisément deux villes – Hasakah et Deir Ezzor.

Le 18 août, des unités des YPK kurdes ont soudain attaqué les positions du gouvernement syrien dans le centre de Hasakah au nord-est de la Syrie. Avant cet incident les relations entre les deux camps étaient correctes malgré quelques légers affrontements. Les Kurdes qui attaquaient étaient conseillés par des soldats des forces spéciales américaines. Lorsque la force aérienne syrienne est intervenue, les États-Unis ont menacé d’abattre ses avions. Les forces syriennes ont dû finalement se retirer des zones peuplées de Hasakah et sont maintenant confinées sur un aéroport à proximité de la ville. Elles sont coupées de tout approvisionnement et vont sans doute bientôt devoir abandonner.

(Pour les Kurdes, ces attaques se sont avérées politiquement catastrophiques. Non seulement ils ont perdu le soutien du gouvernement syrien et des Russes, mais la Turquie a utilisé ces affrontements pour justifier son invasion de la Syrie. Cela a mis fin au rêve national kurde d’un territoire continu de l’Irak à la Méditerranée.)

Samedi, les avions américains ont attaqué la plus importante position du gouvernement syrien à Deir Ezzor. Près d’une centaine de soldats syriens ont été tués et la plupart des équipements lourds que la garnison Deir Ezzor avait laissés ont été détruits. Immédiatement après l’attaque aérienne, les combattants de l’État islamique ont occupé les positions dont le gouvernement avait été chassé. Ces combattants de l’État islamique tiennent maintenant les hauteurs qui surplombent l’aéroport de Deir Ezzor. Le lendemain, l’État islamique a abattu un avion du gouvernement syrien près de Deir Ezzor.

La ville et ses 150 000 habitants sont encerclés par État islamique. Ils avaient été approvisionnés depuis Damas par des vols de nuit vers l’aéroport. Maintenant que l’aéroport est sous le feu de l’État islamique, qui a aussi des armes anti-aériennes, ces vols d’approvisionnement ne sont plus possibles. L’attaque aérienne étasunienne ne laisse pratiquement aucune possibilité au gouvernement syrien d’approvisionner la ville. Si cette situation perdure la ville tombera aux mains de l’État islamique.

Le plan américain est de prendre ensuite Raqqa en utilisant des forces par procuration turques ou kurdes. Le plan prévoit également de laisser l’armée irakienne reprendre Mossoul en Irak. La seule grande ville en territoire d’État islamique qui reste entre les deux est Deir Ezzor. Si l’État islamique la prend à la garnison isolée de l’armée syrienne, il aura une bonne base pour survivre. (Et ça tombe bien, il y a aussi de riches puits de pétrole à proximité.) Personne, à part l’État syrien affaibli, n’aurait alors un intérêt immédiat à le chasser de là.

Au nord de cette entité, il y aurait une zone kurde, sans ambition de s’étendre au sud. Au nord-ouest de l’entité de Deir Ezzor il y aurait la conviviale « Zone de sécurité » contrôlée par la Turquie qu’Erdogan envisage de créer.

Les deux dernières opérations des forces américaines dans l’est de la Syrie correspondent au plan d’une « entité sunnite » ou d’une « principauté salafiste » exposé dans le document de la DIA de 2012. Une telle entité empêchera la continuité territoriale du « croissant chiite » qui relie l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban. Cela correspond à « l’isolement » de la Syrie prévu dans l’analyse de la DIA. Une « entité sunnite » dans l’est de la Syrie permettra également le passage d’un pipeline de gaz du Qatar vers l’Europe via la Turquie. Le gouvernement syrien avait rejeté la construction de ce pipeline qui allait à l’encontre des intérêts vitaux de son allié russe.

Au premier abord, cette politique américaine semble être à courte vue. On ne voit pas comment une telle « entité sunnite » pourrait se stabiliser. Elle continuerait, au contraire, d’être une source de terrorisme qui frapperait bien au-delà des frontières de la Syrie et des États voisins. Mais c’est précisément l’instabilité de cette création qui permettrait aux États-Unis de maintenir leur présence dans la région. Une source d’insécurité qu’ils pourraient stimuler ou réduire, à volonté.

Traduction : Dominique Muselet

Kashmir, The World’s Most Dangerous Border

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Kashmir, The World’s Most Dangerous Border

After the first India-Pakistan War in 1947, in which the British Indian Raj was divided into Hindu and Muslim-dominated states, India ended up with two-thirds of the formerly independent mountain state of Kashmir, and the new state of Pakistan with a scrubby, poor third known as Azad Kashmir.

Rebellion and attempts at secession have flared ever since in Indian-ruled  Kashmir which has a restive Muslim-majority, and minorities of Sikhs and Hindus.  In fact, the Kashmir conflict is now the world’s oldest major crisis. The UN’s calls for a plebiscite to determine Kashmir’s future have been ignored by India.

A week ago, Kashmiri militants attacked an Indian Army brigade base at Uri that sits near the 1948-49 cease-fire line known as the Line Of Control (LOC). Seventeen Indian regular soldiers died along with four militants. New Delhi rushed 10,000 soldiers to Kashmir, boosting Indian military strength in the mountain state to over 500,000 men.

It is a grave mistake for the world to ignore Kashmir. My first book, “War at the Top of the World,” explored the Kashmir crisis and Indian-Pakistani-Chinese-Tibetan rivalries in the Karakoram and Himalaya  mountain ranges ( a work inspired by my talks with the Dalai Lama).  A decade ago I called Kashmir the ‘world’s most dangerous crisis.’  It remains so today.

India and Pakistan, both nuclear-armed states with powerful armed forces and medium-ranged missiles, remain at scimitar’s drawn over Kashmir for which they’ve fought two big wars and innumerable clashes.

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I’ve been under fire twice along the Kashmir Line of Control and another time further north on the ill-demarcated border leading to the 5,000 meters high Siachen Glacier, the world’s highest war.

Most Azad Kashmiris want union with Pakistan (though a minority favor total independence of historic Kashmir, which is roughly the size of England. ) India insists Kashmir is an integral part of the Indian Union and not open to any  discussion. Making matters even more complex, Pakistan gave a strategic chunk of vertiginous northern Kashmir called Aksai Chin to neighboring China. India claims it back.  China claims Indian-ruled Ladakh, also known as ‘Little Tibet.’

India calls Kashmiri Muslim militants “terrorists” and accuses Pakistan of waging “cross-border terrorism.” Pakistan accuses India of savage oppression in Kashmir that includes extra-judicial killings, kidnapping, reprisals on civilians and widespread torture, charges supported by Indian human rights groups.

This dispute was not of international consequence until India, then Pakistan, developed nuclear weapons and the means to deliver them by missiles and aircraft.  Both states are estimated to have around 100 nuclear devices deployed.

Over the past 20 years, India’s growing economy has allowed it to greatly expand its large military forces, now the world’s third largest.  They now outnumber Pakistan by at least 2.5 to 1 in manpower, warplanes, artillery, and armor. Granted, a portion of India’s military forces are deployed to watch the long Himalayan border with China. In my book, I suggested that the two Asian superpowers would eventually go to war in the Himalayas and over control of Burma (Myanmar).

Even so, India could use its potent armored corps to cut narrow Pakistan in half within days.  As a result, Pakistan developed tactical and strategic weapons to offset India’s crushing conventional superiority. So far, Islamabad’s nuclear strategy  has worked.  India’s government has repeatedly rejected the army’s requests to charge into Azad Kashmir and northern Pakistan Punjab after brazen Pakistani border incursions.

However, another  border clash in Kashmir, such as last week’s attack at Uri, could ignite serious fighting between old enemies India and Pakistan, raising the risk of full-scale war and even intervention by China to rescue its old ally, Pakistan. This week, China conducted a small-scale training exercise in Pakistan, a clear warning to India.

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For the rest of the world, the most frightening aspect of this tinderbox border, the world’s most militarized along with the Korean DMZ, is that both sides have only three minutes warning time of enemy air and missile attack.

That’s at best.  Electronic systems in India and Pakistan are often unreliable and fault-ridden. A false alarm of incoming warplanes and missiles would force a ‘use it or lose it’ response. Risks of accidents are very high.

A nuclear exchange between Pakistan and India would kill or seriously injure tens of millions in South Asia, pollute its ground water for decades or longer, and release clouds of radioactive dust around the globe.

This is not some Hollywood apocalypse. Shooting is a daily event on the Line of Control. The fanatical hatred between India and Pakistan remains constant. Nuclear war is more likely to start between India and Pakistan than anywhere else. Preventing one should be a primary diplomatic goal for the world’s powers.

lundi, 26 septembre 2016

Geopolítica del Nilo: la guerra por el trono del faraón

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Geopolítica del Nilo: la guerra por el trono del faraón

Desde hace milenios, las más grandes civilizaciones se han originado alrededor de grandes ríos. El Yangtsé, el Ganges, el Indo, el Tigris y el Éufrates… Todos ellos han sido testigos del auge y caída de poderosos pueblos. Asimismo, en todos los rincones del planeta, el control de los ríos ha constituido causa constante de guerras y conflictos. Los ríos otorgan poder; el poder de saciar la sed y paliar el hambre. También el poder de transportar mercancías y personas de manera sencilla y veloz. Y en muchos casos, de todo ese poder depende la supervivencia misma de una nación. Por todo ello, por ese poder, la humanidad no ha cesado de empuñar las armas, ni de alzar y destruir imperios y civilizaciones alrededor de sus aguas. Y si antes se empuñaban espadas, ahora son los tanques y los fusiles los que aparecen tras los tambores de guerra. Las aguas del Nilo, desde tiempos de los faraones hasta la actualidad, han sido testigos de ello.

El Nilo se extiende a lo largo de unos 6700 kilómetros y, aunque no se ha establecido con total exactitud dónde se sitúa su origen, pueden identificarse dos ramales. Por un lado el denominado Nilo Blanco, que nace en Burundi y fluye la zona de los Grandes Lagos de África oriental. De aquí provienen el 14% de las aguas que recorren la cuenca del Nilo hasta el Mediterráneo. Paralela a esta rama del río corre el Nilo Azul, que nace en las tierras altas de Etiopía y que, junto al río etíope de Atbara, aporta el 86% de los recursos hídricos con los que los egipcios riegan sus campos.

Desde sus fuentes hasta el Mediterráneo el Nilo atraviesa once países africanos (Rwanda, Burundi, República Democrática del Congo, Tanzania, Kenia, Uganda, Eritrea, Etiopía, Sudán del Sur, Sudán y Egipto), a los cuales proporciona agua dulce y fértiles márgenes idóneos para la agricultura. Sin él, países como Egipto o Sudán no podrían sobrevivir, pues es el río el que hace posible la vida en el seno mismo de las ardientes arenas del desierto del Sáhara. De hecho, de los más de 450 millones de personas que habitan estos países –más de un tercio de la población total de África–, al menos la mitad depende de las aguas del río Nilo. Es la única fuente de agua potable en la que se puede confiar a largo plazo y una pieza imprescindible para asegurar la seguridad alimentaria en una zona caracterizada por un crecimiento exponencial e incesante de la población –se calcula que en los próximos 25 años dicha región doblará su población– y marcados contrastes entre sequías e inundaciones –que además están siendo intensificados por el cambio climático. Prueba de ello es que el 99% de la población egipcia habita en los márgenes del Nilo, concentrándose más del 80% de los más de 84 millones de habitantes egipcios en el triángulo que conforma su delta a orillas del Mediterráneo. En definitiva, la importancia del Nilo lo convierte en un factor determinante para la estabilidad de toda la zona.

carte_nil_png.jpgEl Nilo para Egipto

La historia de Egipto a lo largo de los últimos 6000 años ha estado marcada por el Nilo. Sin él las pirámides jamás habrían sido construidas ni tampoco habría sido tan ardiente el deseo de los pueblos sucesivos, desde los griegos hasta los mamelucos, de controlar su territorio. Herodoto lo formuló así: “Egipto es un regalo del Nilo”.

No obstante, el gran poder del Nilo necesita de las decisiones políticas adecuadas para poder ser aprovechado. Por un lado, se calcula que, al ritmo de crecimiento actual, la población egipcia podría pasar de los 85 millones de habitantes de ahora a 120 millones en 2025. Por otra parte, en un contexto climático marcado por ciclos de sequías e inundaciones, con una agricultura que absorbe el 80% de las reservas nacionales de agua y un sector industrial en expansión, la buena utilización del Nilo es vital para la supervivencia de la nación árabe. Especialmente teniendo en cuenta que actualmente la mitad de las necesidades de grano y cereales de los egipcios son suplidas por medio de importaciones, haciéndoles muy vulnerables a los cambios mundiales en el precio de los alimentos.

Más allá de la dependencia física de Egipto para con las aguas del Nilo, la historia colonial grabó a fuego en el imaginario de sus habitantes la concepción del rio como un derecho de nacimiento, como una propiedad nacional legítima. Así, con la configuración del Estado egipcio moderno ya en el siglo XIX, éste quedaría íntimamente vinculado a la idea de un país cuya revolución agrícola e industrial devendría del control total de El Cairo sobre las aguas del Nilo por medio de sistemas de regadío, canales y presas. Éstos convertirían a Egipto en un gran exportador de algodón y otros productos agrícolas al mercado mundial. Todo ello se consolidaría a raíz de una serie de tratados entre las potencias coloniales y los distintos territorios bajo su control que, siguiendo intereses principalmente británicos, negarían a Etiopía o Sudán la posibilidad de construir presas u otras obras de ingeniería que alteraran el curso o produjeran cambios en el caudal del Nilo.

De esta forma Egipto quedaría como el único actor capaz de modificar y manejar las dinámicas del río en función de sus necesidades hídricas, sin necesidad de consentimiento previo por parte del resto de naciones de la cuenca del Nilo, reservándose para él un uso anual de 48 billones de metros cúbicos de agua –4 billones serían posteriormente concedidos a Sudán– y pudiendo vetar construcciones que quisieran llevar a cabo dichos estados y que afectaran directa o indirectamente al curso del río. En un posterior tratado de 1959 las cantidades anuales de agua a las que tenían derecho Egipto y Sudán se ampliarían a 55 y 18 billones de metros cúbicos respectivamente, lo que suponía el 99% del agua que fluía cada año por el Nilo. Asimismo se establecía que, en el caso de que Egipto y Sudán aceptaran que un tercer país llevara a cabo un proyecto en el Nilo, ambos países establecerían una comisión permanente para monitorear la construcción. Además a Sudán se le permitiría construir dos presas, la de Roseires y la de Khashm al-Girba. Por otra parte, territorios de estados todavía no existentes como Rwanda, Burundi, Kenia o Tanzania, por los que fluye el Nilo, quedaron fuera de toda posibilidad de decisión sobre sus aguas.

Nuevos Faraones

Tras la crisis de Suez, los egipcios vendrían a ser los amos absolutos del río. Así, de la misma forma que los antiguos egipcios consideraban a sus faraones como los dioses terrenales que preservaban el Nilo y sus ciclos de sequías e inundaciones, el ejecutivo del Egipto contemporáneo controlaría a voluntad de qué formas podrían ser utilizadas las aguas fluviales, tanto dentro de sus fronteras estatales como fuera de ellas.

No obstante, el trono del faraón forjado en los tratados coloniales y embellecido después por Egipto y Sudán vendría a ser contestado por otros aspirantes. Y es que no sólo al ejecutivo cairota le preocupa aprovechar al máximo los recursos que el Nilo ofrece. Río arriba, problemas como el crecimiento poblacional acelerado, las hambrunas derivadas de sequías y la necesidad de suplir de energía eléctrica a los sectores económicos en crecimiento en los que depende el desarrollo económico, son también preocupaciones plasmadas en las agendas políticas de los distintos gobiernos.

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Por ello, los proyectos de presas o de sistemas de irrigación se suceden sin cesar. Ya en 1970 El Cairo amenazó con iniciar hostilidades contra Etiopía si no detenía su proyecto de la presa de Fincha y se aludió al tratado de 1902 entre Etiopía y Gran Bretaña para frenar el proyecto. En 2004 Tanzania sería también amenazada por Egipto por su propósito de construir un gasoducto en el Lago Victoria, haciéndose de nuevo referencia a los tratados coloniales de principios del siglo XX.

A pesar de todo, la presión conjunta de los países ribereños de las orillas altas del Nilo ha llevado a reducir progresivamente la hidro-hegemonía egipcia en los últimos 15 años. Asimismo, el desinterés de la administración de Hosni Mubarak por la política africana ha disminuido notablemente la influencia cairota sobre la cuenca del Nilo, especialmente en un momento en el que los países africanos están llevando a cabo grandes esfuerzos por consolidar unas relaciones exteriores, tanto a nivel regional como internacional, de alto nivel.

Por otra parte, no se debe infravalorar la entrada del poder financiero chino en la región, el cual ha abierto la posibilidad de llevar a cabo proyectos hasta ahora totalmente inasequibles. Así, los banqueros y las grandes empresas de construcción e ingeniería chinas, a quienes no amedrentan las amenazas de inestabilidad tradicionalmente utilizadas por los egipcios, no han cesado de financiar los ambiciosos proyectos de ingeniería hidroeléctrica de Sudán o Etiopía, que suman ya más de 25, siguiendo una tendencia que se reproduce en toda África.

El rival etíope

Entre los más fervientes pretendientes a participar en el gobierno del Nilo está Etiopía. Ya en 1964 realizarían un detallado informe en el que se estudiaban las posibilidades de construir presas para la obtención de energía a lo largo de toda la cuenca del Nilo Azul. Desde entonces los esfuerzos por desarrollar infraestructuras para la obtención de energía hidroeléctrica conjuntamente con los países vecinos no han cesado. Las sequías de los años 80, y las terribles hambrunas que generaron, que afectaron tanto a Egipto como a Etiopía, no hicieron sino elevar las tensiones respecto al codiciado río.

Y es que, frente a la insaciable sed de Egipto, Etiopía muestra un descomunal hambre de desarrollo. Todo ello ha llevado al gobierno de Addis Abeba a construir multitud de presas en los últimos 40 años, tomando en desconsideración las protestas que llegaban desde El Cairo. No obstante, dichas obras quedarían reducidas a la nada en comparación con el proyecto que se iniciaría en 2011: la presa conocida como “Grand Ethiopian Reinassance Dam” (GERD). Esta obra ha necesitado de una inversión total de 4.800 millones de dólares y cuando sea terminada, aproximadamente en 2017, se convertirá en la presa más grande de toda África, con una capacidad de almacenamiento de agua de hasta 74 billones de metros cúbicos y con una producción energética al máximo rendimiento de 6000 megavatios anuales, lo que supondría triplicar la actual capacidad etíope. Además, una vez finalizada no sólo permitirá abastecer de electricidad a Etiopía sino también a los países vecinos tales como Uganda, Djibuti, Kenia, Somalia y Sudán, e incluso a Egipto.

VÍDEO: Video de Stratfor explicando el impacto geopolítico del Nilo

Niloazul_m.jpgCon todo ello, Etiopía pasaría de ser un país donde tan sólo un tercio de la población tiene acceso a energía eléctrica a ser el mayor exportador de energía de África oriental. Al mismo tiempo, los problemas derivados de la sequía se verían enormemente reducidos y se experimentaría un notable estímulo del desarrollo económico. O desde luego así lo creen las autoridades etíopes, que consideran que un fracaso en la construcción de la presa constituiría un fracaso de Etiopía en su totalidad. Tal es la importancia de la GERD para ellos que han financiado las obras con recursos públicos propios.

A pesar de todo, el tradicional amo del Nilo no tardaría en responder ante semejante desafío arquitectónico. Así, las autoridades cairotas no tardarían en concebir la GERD como una amenaza para su seguridad nacional ante la posibilidad de que la presa reduzca el flujo de agua que llega hasta las orillas egipcias del Nilo. Sin duda alguna el ejemplo etíope se reproducirá en el resto de países ribereños en cuanto gocen de los recursos necesarios, con lo que la hegemonía hídrica de Egipto se hará añicos.

No obstante, Egipto no cesaría en sus esfuerzos por impedir que el proyecto se llevase a cabo. En 2010, en un correo filtrado por Wikileaks, aparecían declaraciones de altos cargos egipcios que, en colaboración con Sudán, planeaban un ataque militar sobre la presa en construcción. Posteriormente, ya con Morsi en el poder tras la primavera egipcia, el elevado tono de las discusiones tampoco desaparecería. En una conversación televisada por error, varios políticos egipcios proponían alimentar la inestabilidad interna en Etiopía mediante la financiación de grupos armados dentro de sus fronteras y el propio presidente llegó a asegurar que si la cantidad de agua que corría por la cuenca egipcia del Nilo se reducía una sola gota ésta sería sustituida con sangre egipcia.

Sin embargo, y aunque no debemos olvidar que Egipto consta con uno de los ejércitos más poderosos de África, la inestabilidad económica y política que impera en el país desde la caída de Mubarak –incluyendo focos de insurgencia islamista en el Sinaí–, junto con la pérdida de influencia por el aumento de fuerza geopolítica del resto de países ribereños subsaharianos –Rwanda, Tanzania, Uganda, Kenia Burundi y Sudán del Sur han dado ya su apoyo al proyecto–, y la distancia de más de 1000 kilómetros que separan la frontera sur de Egipto del enclave de la presa, hacen totalmente inviable una intervención armada, pues su precio económico, militar y político sería demasiado elevado.

Debemos considerar por otra parte la enorme influencia de Etiopía en el mantenimiento de la estabilidad regional. Es un aliado clave de Estados Unidos en su lucha contra el terrorismo islamista tanto en el Cuerno de África como en la península arábiga y fueron los esfuerzos diplomáticos etíopes los que evitaron que la independencia de Sudán del Sur en 2011 no derivara en una escalada de agresiones con el norte. Por otra parte, es algo notable que Etiopía se haya mostrado dispuesta a la participación de Egipto y Sudán en el proyecto, demostrando con ello el deseo de hacer de la operación un juego beneficioso para todos los implicados.

La Iniciativa de la Cuenca del Nilo

La pérdida de peso geopolítico de Egipto proviene, entre otras causas, por el mayor empuje ejercido por los países ribereños situados al sur del Sáhara. Frente a la influencia y poder del gigante egipcio, estos estados han llevado a cabo una estrategia clara de “la unión hace la fuerza”. El reflejo institucional de esta perturbación en el centro de gravedad en la región se ha materializado en la Iniciativa de la Cuenca del Nilo (NBI por sus siglas en inglés).

Se trata de una asociación regional intergubernamental que busca promover la integración regional y el desarrollo económico cooperativo, equitativo y sostenible del río Nilo, de tal forma que todos los participantes puedan compartir los beneficios socio-económicos de sus aguas, a la vez que se mantiene la paz, la estabilidad y la seguridad de la región. En definitiva, se trata de aunar las agendas políticas regionales acerca del Nilo en un proyecto común, cumpliendo así con los principios de la Convención de Naciones Unidas sobre los Cursos Fluviales.

Aunque la idea original surgió en 1997 no se hizo realidad hasta el 22 de febrero de 1999. En dicha fecha los ministros encargados del manejo de los recursos hídricos de Burundi, República democrática del Congo, Egipto, Etiopia, Kenia, Rwanda, Sudan del Sur, Sudan, Tanzania y Uganda –y Eritrea como Estado observador– se reunieron en Dar es-Salaam (Tanzania). En dicho encuentro se acordó que la NBI no buscaría otra cosa sino el desarrollo económico y social sostenible de la región de la cuenca del Nilo, a través de la utilización compartida de sus recursos, en base a los principios de equidad, sostenibilidad y buena voluntad, y gozó con el apoyo de instituciones y donantes como el Banco Mundial.

La iniciativa fue concebida como una institución transitoria hasta que fueran completadas las negociaciones acerca del Acuerdo sobre el Marco Cooperativo (Cooperative Framework Agreement o CFA), cuando la NBI se tornó, al fin, permanente en marzo de 2011, tras la firma del acuerdo de Entebe. Dicho acuerdo permite a todos los países ribereños construir presas y llevar a cabo proyectos en común. El acuerdo, catalogado como “una solución africana para un problema africano”, ha sido ya ratificado por Etiopía, Rwanda, Uganda, Kenia, Tanzania y Burundi, y parece que Sudán del Sur y la República Democrática del Congo serán los siguientes. Egipto y Sudán, en cambio, se han negado a firmarlo, alegando que uno de sus artículos vulnera los derechos de uso preexistentes. Si bien, tras su partición en 2011 y la crisis interna resultante –incluida la derivada de la necesidad de relocalizar sus recursos hídricos–, y tras varios informes que han demostrado que la construcción de presas en Etiopía no afectarían significativamente a sus reservas de agua, Sudán está comenzando a inclinarse hacia el bloque sur, una decisión que le reportaría un gran número de beneficios.

nil-g_8zORnwUc.jpgAsí, la NBI ha logrado que el eje gravitacional de la región se haya desplazado al sur. Con ello Egipto, a pesar de sus esfuerzos de mantener el statu quo con su participación de la iniciativa, tendrá que cambiar su estrategia, y aceptar la necesidad de tejer alianzas con las naciones meridionales de la cuenca; será ésta la única vía por la que podrá capear su inminente crisis hídrica sin provocar una escalada de tensiones armadas en la región, a la vez que se beneficia del desarrollo económico de la zona.

El futuro: la cooperación o la guerra

En definitiva, la urgencia que requieren los problemas hídricos regionales para ser resueltos va poco a poco forzando a los Estados a ceder en sus posturas hacia una posición de consenso y cooperación. Y es que retos como la reducción de la pobreza, frenar la degradación del medio ambiente o la generalización de los servicios públicos, son comunes a todos los Estados de la cuenca, algunos de ellos entre los más pobres del mundo, y su resolución depende en gran medida del buen uso y del aprovechamiento de los recursos que contiene el Nilo en sus meandros. Además, los cambios deberán realizarse tanto a nivel de las políticas públicas internas de cada Estado como en materia de cooperación internacional.

En el ámbito de las relaciones internacionales el cambio de rumbo ya está en marcha, aunque sin duda queda mucho camino por delante. El 23 de marzo de 2015 el presidente egipcio Abdel Fattah Al-Sisi, el primer ministro etíope Hailemariam Desalegn y el presidente sudanés Omar al-Bashir, firmarían un acuerdo en base a la buena voluntad, para que el proyecto de la GERD en Etiopía siga adelante sin que se produzcan más comportamientos hostiles. Además el ejecutivo de El Cairo ha procedido a estrechar sus relaciones con el resto de países africanos participantes de la NBI, poniendo fin, al menos de momento, a su postura defensiva para con los privilegios de la era colonial.

Por otra parte, será necesario evaluar de qué manera pueden desarrollarse los grandes proyectos arquitectónicos que demandan las distintas economías de la región sin que supongan un perjuicio para las poblaciones locales. Situaciones como la acaecida en 2009 en Sudán, cuando 15.000 familias fueron desplazadas hacia zonas desérticas tras la construcción de la presa de Morowe y la consiguiente inundación de sus tierras, no deberían volver a repetirse. Si se busca realmente la integración y el desarrollo económico de todos los pueblos de la región, las poblaciones más vulnerables deberán ser protegidas, promoviéndose la defensa de los derechos humanos. Asimismo, los gobiernos regionales tendrán que empezar a contar con la participación de los actores no estatales, ya sean ONGs o asociaciones de granjeros o pescadores. Esto permitirá, por un lado, que las demandas y necesidades de dichos grupos sean incluidas en la agenda, abordando las crisis y los conflictos de manera cooperativa y multidimensional, a la vez que se aprovechan sus conocimientos y experiencia sobre el terreno, algo de gran utilidad cuando los recursos logísticos y humanos son muy limitados.

En resumen, si se quiere evitar la conflictividad de la región, el Nilo deberá ser gestionado por medio de la cooperación entre todos los actores implicados, promoviendo la confianza entre los gobiernos, la transparencia en materia de política energética, agrícola y de gestión del agua, así como el desarrollo de proyectos e inversiones comunes que supongan beneficios colectivos.

dimanche, 25 septembre 2016

Machtkampf zwischen USA und EU

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Machtkampf zwischen USA und EU

Streit um Besteuerung von US-Unternehmen in Europa geht aufs Ganze

Norman Hanert
Ex: http://www.preussische-allegemeine.de

Im Schatten der schwierigen Verhandlungen zum TTIP-Abkommen hat sich zwischen Brüssel und Washington ein Konflikt  über die Besteuerung von US-Konzernen entzündet. Viele Großunternehmen aus Übersee haben mit Steuersparmodellen in Ländern wie Irland hohe Gewinnrück­lagen angehäuft, die nun Begehrlichkeiten wecken.


Gekämpft wird in dem Streit mit harten Bandagen. Nach den Ermittlungen der EU-Kommission wegen der Besteuerung für das Unternehmen Apple in Irland hat die US-Regierung eine Warnung an die EU-Kommission geschickt, die im Ton ungewöhnlich scharf ausgefallen ist. Washington wirft der EU-Wettbewerbsaufsicht vor, sie agiere wie eine übernationale Steuerbehörde und habe ganz speziell US-Firmen im Visier.


Die USA kündigen zudem an, man „prüfe weiterhin eventuelle Antworten, wenn die Kommission an ihrem aktuellen Kurs festhält“. Aus Sicht einiger linker Kritiker stellt die Reaktion aus Washington einen Beleg dafür dar, wie weit die US-Administration mittlerweile durch die Interessen amerikanischer Konzerne bestimmt sei.


Der Wahrheit näher kommen dürfte allerdings eine andere Deutung: Eine Reihe von US-Firmen wie eben Apple, aber auch Amazon, Google, Microsoft oder Facebook, haben in den vergangenen Jahren hohe Gewinnrücklagen gebildet, die nun ins Visier der Politik gerückt sind. Laut einer Untersuchung, die der US-Kongress bereits vor einigen Jahren vorgelegt hat,  haben  US-Firmen Reserven von insgesamt zwei Billionen Dollar angehäuft. Dabei hätten sie unter anderem die entgegenkommende Steuerpraxis in verschiedenen EU-Ländern genutzt.


Allein die Geldreserven von Apple schätzen Experten derzeit auf über 230 Milliarden Dollar. Aus Sicht der US-Regierung ärgerlich ist, dass Apple über 90 Prozent der Summe bislang außerhalb des Heimatlandes belässt. Der iPhone-Hersteller ist damit nicht allein. Auch andere Konzerne  haben die Steuergesetze verschiedener EU-Länder genutzt, um ihre Gewinne kleinzurechnen und den hohen Steuersätzen in den USA zu entkommen.


Üblicherweise will der US-Fis­kus 35 Prozent auf jene Gewinne,  die vom Ausland  in die USA transferiert werden – so zumindest die bisherige Regelung. Inzwischen hat nämlich in Washington eine Diskussion über eine Sonderregelung, einen sogenannten „tax holiday“, begonnen. Wie bereits im Jahr 2004 sollen Unternehmen von einer Sonderregelung profitieren, wenn sie Geld in die Vereinigten Staaten transferieren. Bei der Steueramnestie vor zwölf Jahren mussten sie lediglich 5,25 Prozent Steuern auf  Auslandsgewinne zahlen, wenn sie in die USA überwiesen wurden. Als Folge holten US-Firmen damals über 300 Milliarden Dollar in ihr Heimatland.


Ob sich ein derartiger Erfolg wiederholen lässt, hängt nicht zuletzt vom Agieren der EU ab. Werden die US-Firmen bereits von Brüssel zur Kasse gebeten, dann schmälert dies die zu erwartenden Einnahmen für die Steuerkasse der Vereinigten Staaten.


Dass sich Brüssel in der Angelegenheit überhaupt mit der US-Regierung anlegt, ist dem Zusammentreffen mehrerer Umstände geschuldet: Eine wichtige  Rolle spielt die personelle Besetzung der EU-Kommission.  So hat die dänische EU-Wettbewerbskommissarin Margrethe Vestager bereits mehrfach bewiesen, dass sie einen Konflikt mit großen Konzernen wie etwa Google nicht scheut. Dabei kann die Sozialliberale aus einer starken Position handeln: Vestagers Heimatland Dänemark gilt in Sachen Steuerdumping als unverdächtig.


Noch wichtiger aber: EU-Kommissionspräsident Jean-Claude Juncker ist gut beraten, Vestager speziell in der Angelegenheit  Konzernbesteuerung völlig freie Hand zu lassen und ihr nicht in die Quere zu kommen. Der Luxemburger gilt unter anderem deshalb bereits als politisch schwer angeschlagen, weil auch sein Heimatland Unternehmen mit „kreativen“ Steuerlösungen angelockt hat. Juncker war jahrelang Finanzminister, später Premierminister von Luxemburg.


Als geschwächt gilt auch die Position der  EU-Handelskommissarin Cecilia Malmström. Bereits in der Vergangenheit war ihr – unter anderem aus Frankreich – ganz offen vorgeworfen worden, sie setze  sich in Brüssel für die Interessen der US-Regierung ein.


Auch ihr bisheriges Vorgehen bei den Verhandlungen zum Freihandels- und Investitionsschutzabkommen (TTIP) mit den USA hat starke Kritik hervorgerufen. Mittlerweile erscheint sogar ein Scheitern des Abkommens und damit ein massiver Misserfolg Malmströms möglich: Nach dem, was nach außen dringt, sind die Verhandlungen der EU mit den Amerikanern festgefahren, während US-Präsident Obama  nur noch kurze Zeit im Amt ist.  Sollte in wenigen Wochen Donald Trump als  nächster US-Präsident ins Weiße Haus einziehen, kann TTIP in seiner bisherigen Form vermutlich als erledigt angesehen werden.      

Norman Hanert

TTIP – la forme juridique de l’arbitrage

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TTIP – la forme juridique de l’arbitrage

par Dario Rivolta*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Dans les accords entre des particuliers, on introduit souvent une clause indiquant la possibilité d’un arbitrage en cas de controverses entre les parties adverses portant sur l’interprétation ou le non-respect de l’accord par une des parties contractantes. Dans la plupart des cas, on remettra le jugement à un tiers, telle la Chambre de commerce du pays, où l’accord a été signé, ou celle de Genève ou de Stockholm ou une autre. Dans tous les cas, on indique explicitement que tout ce qui a été signé ou ce qui n’est pas prévu expressément par l’accord doit être conforme aux lois de l’Etat dans lequel le travail ou la livraison ont été effectués.


Dans le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI ou TTIP en anglais) négocié depuis 4 ans entre les délégués des Etats-Unis et les fonctionnaires de la Commission européenne, (si nécessaire à la demande du Conseil européen), on mentionne également la possibilité d’un arbitrage pour résoudre d’éventuels conflits entre diverses entreprises ou bien entre celles-ci et des Etats signataires. En aucun cas pourtant, on mentionne des lois existantes ou futures. En d’autres termes, cet aspect sera la raison pour l’engagement des tribunaux d’arbitrages et leurs sentences car l’objectif de ces accords est la protection des investissements. Un pourvoi en appel n’est pas prévu selon la proposition américaine et un tel tribunal sera doté de trois arbitres: un pour chaque partie et un troisième, élu par accord commun. Jusqu’à présent, la contre-proposition européenne se limite à la seule revendication que soit garanti le fait que les arbitres n’aient pas de conflits d’intérêts (Les donneurs d’ordre ne devront-ils pas les payer?) et qu’il y ait la possibilité de faire un recours.


De telles conditions ne sont pas nouvelles: déjà dans les années 1960, divers gouvernements allemands avaient conclu des accords similaires avec 130 autres Etats, afin de protéger les investissements privés (allemands!). Bien que tous n’étaient pas égaux, ils prévoyaient la possibilité, en cas de violation des intérêts d’une partie, de faire recours auprès d’un tribunal d’arbitrage et de soumettre le fauteur à des sanctions avec indemnisation des «victimes». Le sens et le but étaient de contrer l’insécurité du droit et le manque de fiabilité de quelques systèmes juridiques pour garantir les intérêts de ceux ayant investi des millions, voire des milliards, dans ce pays.


Dans les négociations actuellement en cours, il est clairement précisé qu’il sera possible d’intervenir contre des expropriations «directes ou indirectes» des investissements.
Là, il ne faut pas penser uniquement à des conflits entre des particuliers ou à des nationalisations explicites. Tout acte gouvernemental représentant un risque ou diminuant les gains prévus des investisseurs est traité comme une expropriation «indirecte».


Pour illustrer cela, voici quelques exemples:

  • En 2009, l’entreprise suédoise Vattenfall, demanda 1,4 milliards d’euros au gouvernement allemand pour des présumés dommages subis suite à des mesures exigées en faveur de l’environnement lors de la construction d’une centrale à charbon. La plainte fut abandonnée suite à l’adaptation des mesures prévues en faveur de l’environnement.
  • En 2011, Philip Morris accusa le gouvernement australien et demanda des dédommagements. La cause était une nouvelle loi votée par le Parlement, demandant à tous les producteurs des normes plus sévères pour l’emballage des cigarettes avec l’objectif de diminuer ainsi la consommation de tabac. Cela limiterait les gains de l’entreprise multinationale. En 2015, l’Australie gagna le litige uniquement grâce à une subtilité formelle, suite à quoi la plaignante annonça un recours aussitôt que le Partenariat transatlantique (TTIP) serait en vigueur.
  • En 2012, l’Equateur fut condamné à payer 1,7 milliards de dollars à l’Occidental Petroleum Corp. parce que le pays lui avait retiré la concession d’exploitation d’un champ de pétrole, après que la société américaine ait remis ses propres droits à une société canadienne, sans y être autorisée.
  • En 2012, Vattenfall demanda à nouveau à l’Allemagne 4 milliards d’euros de dédommagements parce que le gouvernement avait décidé la sortie du nucléaire.
  • En 2014, le groupe d’énergie allemand RWE recourut à l’arbitrage contre le gouvernement espagnol parce que celui-ci avait limité les subventions en faveur des énergies renouvelables.
  • L’accord panaméricain Nafta (un précurseur de ce que pourrait être TTIP) contient la même clause d’arbitrage (la clause dite ISDS). Sur la base de celle-ci, l’entreprise américaine Lone Pine Ressources demanda en 2013 250 millions de dollars au Canada parce que le Québec avait pris des précautions et interdit la fracturation hydraulique afin de protéger les eaux du fleuve Saint Laurent. En outre, le Canada perdit le procès contre Exxon Mobil et Murphy Oil. L’Etat canadien avait osé d’imposer que 16% des profits des extractions concessionnelles devaient être utilisées pour la recherche de nouveaux gisements. Toujours dans le contexte du traité Nafta, le Canada dut payer 13 milliards de dollars à l’entreprise américaine Ethil. L’Etat canadien avait interdit l’utilisation du MMT, un additif pour l’essence, produit par le géant chimique Ethil parce qu’il nuit à la santé humaine.

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Voilà quelques exemples pour prouver la facilité avec laquelle les grandes multinationales peuvent accuser les gouvernements en ayant recours à «la protection des investissements» ancrée dans les divers accords. Avant tout, il est évident que les intérêts commerciaux prévalent aux lois démocratiques et légitimes des gouvernements et des Parlements.


La clause de l’arbitrage en discussion (ISDS) existe, dans une première version, depuis 1959 mais jusqu’en 1995, elle ne fut appliquée qu’exceptionnellement. Depuis ce moment et notamment dès 2000, le recours à de tels arbitrages a augmenté de façon exponentielle. Cela revient pour le législateur à du chantage éveillant la méfiance envers les décisions ou les lois pouvant mettre à risque les intérêts des grandes multinationales. Seuls très peu de pays, dont le Brésil, ont refusé d’utiliser le modèle ISDS lors d’accords commerciaux et l’Afrique du Sud a même fait savoir qu’elle allait se retirer de tous les accords commerciaux prévoyant l’application de cette clause, y compris des accords déjà signés.


Dans la discussion sur le TTIP, la question des arbitrages n’est pas encore clarifiée. A Bruxelles, on pense encore pouvoir changer les clauses d’une manière ou d’autre. Malgré la pratique du secret gardé dans les négociations, il semble que les Américains insistent avec persévérance sur leur position de la NAFTA.


Il est évident que l’affaire des arbitrages est essentielle. Même les évêques américains, avec leurs collègues européens ont diffusé leur propre «recommandation» constatant que les méthodes proposées jusqu’à présent «pourraient apporter des avantages injustifiés pour les intérêts commerciaux utilisant les règles des tribunaux d’arbitrage ou des systèmes juridiques pour affaiblir d’importantes normes en matière d’environnement, du droit de travail et des droits de l’homme … Une attention disproportionnée pour l’harmonisation ou la simplification de la régulation ne doit pas constituer la base pour mettre en danger des normes appropriées de la sécurité, du travail, de la santé et de l’environnement appliquées localement par des organismes étatiques, fédéraux ou régionaux …».


Nous ne savons pas comment cette confrontation se terminera et quel pourrait être un éventuel compromis, s’il y en a. Ce qui est certain, c’est que l’obsession d’éviter les tribunaux publics et l’ignorance de lois locales ou étatiques, restreint objectivement la liberté de tout Etat de droit. De plus en plus souvent, la volonté citoyenne est contournée et les législations nationales sont soumises aux intérêts et décisions commerciaux.    •
(Traduction Horizons et débats)

*    Dario Rivolta est chroniqueur pour les informations politiques internationales et conseiller en commerce extérieur. Il est spécialiste des sciences politiques, spécialisé dans le domaine de la psychologie sociale. De 2001 à 2008, il a été député au Parlement italien et vice-président de la Commission des Affaires étrangères. Il a représenté le Parlement italien au Conseil de l’Europe et à l’Assemblée de l’Union de l’Europe occidentale. Puis, il était également responsable des relations internationales de son parti.

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Lorsque le «libre-échange» prime sur le droit étatique…

Un tribunal international a ordonné au gouvernement canadien de payer 17 millions de dollars de dédommagements à deux entreprises pétrolières, suite à une violation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA, NAFTA en anglais).
Une porte-parole de «Natural Resources Canada» a précisé dans un courriel que la décision juridique du 20 février 2015 avait octroyé à Exxon Mobil 13,9 millions de dollars avec intérêts en sus, et à Murphy Oil 3,4 millions avec intérêts en sus.
Michelle Aron a déclaré qu’Ottawa analyserait cette décision et les possibles réactions après en avoir délibéré avec les gouvernements de la Terre-Neuve et du Labrador.
Le comité de la NAFTA avait statué que les obligations concernant les dépenses de recherches imposées par le gouvernement aux deux entreprises pétrolières, violaient l’art. 1106 de l’accord de libre-échange.
Cet article défend aux gouvernements d’exiger des prestations spécifiques comme conditions préalables à des investissements.
Exxon Mobil n’a pas voulu se prononcer et Murphy Oil n’a pas pu être atteint.

Source: The Canadian Press du 6/3/15

Critiques croissantes envers TTIP

Les désaccords proviennent-ils aussi de la sphère du politique?

km. A l‘intérieur de l‘UE, l’acceptation du prétendu Traité du libre-échange transatlantique (TTIP) diminue constamment. Si l‘on analyse les résultats du dernier sondage de l‘Eurobaromètre du printemps 2016, le soutien au sein de l‘UE a continué à baisser et se trouve en moyenne à 51% des personnes interrogées. Dans huit pays, il est inférieur à 50%: en France, en Italie, en Croatie, en Slovaquie, en Slovénie, au Luxembourg, en Allemagne et en Autriche. Les deux derniers pays ont les taux d‘approbation les plus bas: 25% pour l‘Allemagne et 20% pour l‘Autriche.
Peut-être est-ce aussi en raison des élections à venir que des hommes politiques renommés des Etats de l‘UE critiquent TTIP en haut lieu. Le secrétaire d‘Etat français Matthias Fekl, responsable du commerce, a annoncé le 30 août qu‘il voulait proposer la rupture des négociations concernant TTIP à la réunion des ministres du commerce de l‘UE le 23 septembre à Bratislava. Le président français François Hollande avait déclaré quelques jours auparavant que les négociations avec les Etats-Unis étaient sclérosées et déséquilibrées. Le ministre allemand de l‘économie Sigmar Gabriel a déclaré, lui aussi, que TTIP avait «en fait échoué». Le 31 août, le chancelier autrichien Christian Kern a critiqué et remis en question non seulement TTIP, mais également l’Accord économique et commercial global (AECG, CETA en anglais), signé en 2014 entre le Canada et l’UE.
Le chancelier autrichien a demandé un sondage sur Internet parmi les membres de son parti qui durera jusqu‘au 18 septembre, et auquel des citoyens non-membres du parti peuvent également participer.
Les questions montrent clairement que les critiques avancées concernant ce traité sont également intégrées:

  • «L‘Autriche doit-elle accepter l‘application provisoire de CETA au niveau de l‘UE?
  • CETA doit-il être mis en vigueur s’il contient la possibilité de procédures d‘arbitrage contre des Etats?
  • CETA doit-il être mis en vigueur s‘il permet d‘abaisser les normes qualitatives européennes?
  • Les traités de libre-échange futurs devront-ils être construits de manière à ce que les normes qualitatives européennes (p.ex. pour la sécurité des produits, la protection des données, des consommateurs, de la santé, de l‘environnement et des animaux) puissent être maintenues?
  •  Les négociations futures sur TTIP ou d‘autres traités du libre-échange doivent-ils être liées à l’obligation de garantir la plus grande transparence possible?» Et le chancelier d’ajouter: «Nous nous sentirons naturellement obligés de respecter les résultats de ce sondage.»

Il faudra attendre pour voir. Dans ce contexte, il est intéressant de voir que les participants du Sommet du G20 à Hangzhou en Chine, semblent être «nerveux». La «Neue Zürcher Zeitung» se permet d‘écrire dans son éditorial du 6 septembre que les chefs d‘Etat et de gouvernement étaient inquiets suite au fait que les «perdants» de la mondialisation «expriment de plus en plus souvent leur mauvaise humeur lors des élections». Et le journal d‘ajouter: «La couche des dirigeants politiques est en soucis, car suite à ce développement, ils se sentent remis en question.»
Les chefs d‘Etat et de gouvernement du G20 devraient cependant comprendre – tout comme les politiciens de l‘UE s‘exprimant actuellement – que les critiques face à la mondialisation et ses projets, tels TTIP et CETA, ne sont pas primairement basées sur des mobiles utilitaristes, donc avancées par les «perdants» du système. De très nombreuses personnalités du monde entier se font de réels soucis au sujet de l’actuel système mondial financier et économique, ses méthodes et ses effets secondaires – par exemple les injustices criantes et les guerres dévastatrices – qui pourraient précipiter toute l’humanité dans un gouffre sans fond.

vendredi, 23 septembre 2016

A propos des élections législatives russes

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Victoire de Putinus Augustus

A propos des élections législatives russes

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Le dépouillement s’étant arrêté à 99,5% des suffrages, mon analyse reposera sur ces chiffres provisoires, mais les chiffres définitifs ne devraient de toute façon différer que de manière extrêmement marginale. Le nombre d’élus de chaque parti est également connu.

united-russia.jpgAvec 54,2% des voix environ, le parti Russie Unie de Poutine et Medvedev s’impose largement, bien davantage que ce que prévoyaient les sondages, y compris ceux sortis des urnes, où le mouvement était plutôt annoncé aux alentours de 43% environ, alors qu’il est de dix points supérieurs au final. Cela alimentera toutes les spéculations, non sans raison, mais n’oublions pas qu’à l’époque d’Eltsine, les USA ne s’offusquaient pas de méthodes démocratiquement « particulières » lorsqu’il s’agissait de s’opposer aux communistes. Russie Unie obtient également 72% de la douma et 343 sièges, écrasant de tout son poids les trois formations politiques qui ont réussi à passer la barre fatidique nécessaire pour obtenir un groupe parlementaire.

Avec 13,4% et 13,2%, communistes du KPFR (Ziouganov) et nationalistes du LPDR (Jirinovski), deux formations qui existent au moins depuis 1993, les partis de l’opposition légale sont largement marginalisés. Les premiers obtiennent 42 sièges et les seconds 39 sièges. Ils auront chacun leur groupe parlementaire mais dont le poids ne sera pas déterminant pour influencer les grandes orientations décidées par Poutine. Enfin « Russie Juste », une sorte de sociale-démocratie à la russe, obtient 6,2% des voix et 23 sièges. Ces trois partis perdent en tout 108 sièges, diminuant en conséquence leurs moyens.

Les autres mouvements politiques sont très modestes. Yabloko, « La Pomme », un mouvement de centre-droit, n’obtient que 2% des voix, de même que le mouvement Parnas (0,73%), les Verts (0,76%), le Parti de la Croissance (1,29%) ou encore le Parti des Retraités pour la Justice (1,74%). L’extrême-gauche (« Communistes de Russie ») résiste mieux avec 2,3% des voix.

L’opposition modérée, patriote et/ou nationaliste, est également très affaiblie. Rodina, qui a perdu toutes ses figures marquantes, dont Rogozine et Glaziev, n’obtient qu’1,5% des voix, et encore faut-il préciser que ce mouvement est « poutinien » de fait. Patriotes de Russie obtiennent 0,59%.

Vladimir Poutine a donc largement gagné ces élections, une fois de plus, comme depuis 2000, et a même renforcé sa puissance politique, réduisant l’opposition modérée à une portion congrue, même si les communistes résistent encore, alors que certains sondages les annonçaient à 8% des voix.

La démocratie autoritaire mise en place par Poutine après l’effondrement du pays sous Eltsine ne se cache plus. Physiquement Poutine ressemble de plus en plus à Octavien, plus connu sous son nom d’Auguste. Tout comme Octavien paraissait bien timide lorsqu’il hérita de César, ce qui abusa Antoine, Poutine était un inconnu lorsqu’Eltsine le nomma premier ministre puis le choisit comme héritier politique après avoir décidé de démissionner. Il s’est révélé petit à petit à la tête du pays comme une personnalité hors norme, qui suscite à la fois crainte et respect. Son nom même peut lui paraître prédestiné.

En effet son prénom Vladimir signifie « maître du monde » ou « garant de la paix » et son nom Poutine signifie « l’homme du chemin », donc « celui qui indique le chemin ». En outre Vladimir Ier le Soleil Rouge fut le fondateur de la Rus’ de Kiev, dont la Russie est héritière au même titre que l’Ukraine, et le premier prince chrétien des Slaves de l’Est, converti en 988. Poutine dirige la Russie depuis plus de quinze ans sans discontinuité, ayant simplement laissé à son poulain Medvedev, un « homme-ours » là encore prédestiné par son nom même, un mandat présidentiel de transition.

Tout comme Octavien/Auguste, il œuvre sans relâche à la renaissance de la Russie et à son retour sur la scène internationale, à tout prix, même s’il subit des sanctions économiques de l’Occident en raison de son action supposée en Ukraine et notamment de l’annexion de la Crimée. Poutine a neutralisé les véléités séparatistes des Tchétchènes au prix d’une alliance avec Ramzan Kadyrov, qui tient cette région d’une main de fer et d’une bien insupportable main verte, qui plus est. Il a neutralisé le rapprochement de la Géorgie, de l’Ukraine et de la Moldavie en faveur de l’OTAN, et aussi en conséquence vis-à-vis de l’Union Européenne. C’est aussi pour cela que Poutine reste si populaire dans une Russie gardant la tête haute.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Retour sur une élection pas comme les autres à Berlin

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Retour sur une élection pas comme les autres à Berlin

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les résultats définitifs de l’élection pour le parlement du Land de Berlin accentuent les tendances constatées au moment du sondage sorti des urnes. Avec 21.6%, la SPD perd 6.7 points alors qu’elle était au pouvoir en coalition au niveau de la capitale. Elle paie là son alliance au niveau national avec la CDU dans le cadre de la « grande coalition ». La CDU paie la politique migratoire suicidaire d’Angela Merkel, les électeurs de son camp lui répondant « wir schaffen nicht das » (« nous n’y arriverons pas »). Avec 17.6% des voix et 5.7 points de perte, elle connaît un résultat désastreux, à peine remise de son effondrement dans le Mecklembourg-Poméranie. A eux deux réunis, la grande coalition SPD/CDU n’atteint pas 40% des voix. Cette contre-performance va certainement accentuer la crise entre la CDU et son alliée bavaroise la CSU.

Die Linke (« La gauche ») avec 15.6% des voix progresse de 3.9 points aux dépens de la SPD et en partie de la liste Piraten. Les Verts (Die Grüne) en revanche avec seulement 15.2%, bien que n’étant pas associés au gouvernement, régressent de 2.4 points. Leur laxisme migratoire légendaire a pu les pénaliser légèrement dans cette élection.

C’est l’AFD de Frauke Petry qui avec 14.2% des voix réussit une progression spectaculaire. Annoncée seulement aux alentours de 11.5% en début de soirée, elle atteint au final presque 15%, soit la tendance haute annoncée par les sondages. Berlin-Est notamment a donné à l’AFD des scores plus que significatifs alors que Berlin-Ouest reste davantage « conformiste ». L’AFD sèche tout ce qui est à sa droite, que ce soit la scission ALFA (de Bernd Lucke) qui n’obtient que 0.4% des voix ou l’extrême-droite historique, la NPD obtenant péniblement 0.6%, ayant souffert d’un fort vote utile en faveur de l’AFD, tout comme Pro Deutschland qui tombe à 0,4% des voix (-0,8).

La formation de protection du monde animal Die Partei (« Le Parti ») obtient enfin 2% et les Pirates 1.7% soit une perte sèche de 7.2 points. Après un exploit à l’élection précédente, la formation pirate retourne à son noyau d’origine. Elle a été largement marginalisée par les enjeux locaux et par la montée de l’AFD contre laquelle la gauche radicale semble s’être davantage mobilisée.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

GEOPOLITICA DELL’ORTODOSSIA

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GEOPOLITICA DELL’ORTODOSSIA

di Claudio Mutti*

Ex: http://www.eurasia-rivista.org

claudio mutti,géopolitique,russie,orthodoxie,religion,politique internationale,europe,affaires eruopéennesIl titolo di questo numero di “Eurasia” è stato palesemente suggerito da quello di un’omonima opera di François Thual1 che, prendendo in esame il caso esemplare del cristianesimo ortodosso, mostra come il fattore religioso, lungi dal ridursi a dato secondario o sovrastrutturale, possa fornire ad un soggetto politico un patrimonio di miti e di simboli, fino a costituire un motore determinante delle sue azioni e delle sue scelte. Certo, agli studiosi di geopolitica si offre la possibilità di sottoporre ad un’indagine analoga anche altre grandi religioni che, dopo aver occupato spazi diversi del continente eurasiatico, hanno fondato ciascuna una propria civiltà, ciascuna ispirando le dinamiche del proprio spazio rispettivo; e in effetti non mancano, nella letteratura di settore, gli studi concernenti le implicazioni geopolitiche delle varie forme religiose2.

Per quanto riguarda in modo specifico l’Ortodossia, è stato detto che a renderla particolarmente idonea all’approccio geopolitico è il suo caratteristico rapporto con la terra. “In nessun’altra area come in quella di tradizione ortodossa – scrive uno studioso – il problema della terra intesa come imperskaja zemljà (‘terra imperiale’), sacra per definizione, riveste tanta importanza. (…) il pensiero imperiale-territoriale, di matrice religiosa, è centrale nella concezione ortodossa (…) nella cultura politica di stampo bizantino-ortodosso la terra assume un carattere sacrale, che ne determina non solo l’inviolabilità, ma anche la santità dell’espansione: la Svjataja Russkaja Zemljà (‘Santa Terra Russa’) è per esempio speculare alla Srpska Sveta Zemlja (‘Santa Terra Serba’)”3.

La geopolitica dell’Ortodossia è quindi intimamente collegata ad una concezione che, formatasi in epoca bizantina, è stata trasmessa alle entità statuali che hanno ricevuto l’eredità di Bisanzio.

Tra gli elementi costitutivi di tale concezione, risulta centrale l’idea della translatio imperii, ossia del trasferimento della funzione imperiale da Roma a Bisanzio e da Bisanzio a Mosca. Tale translatio ebbe il suo inizio storico nel 324, quando Costantino fondò una seconda capitale nella parte orientale dello Stato romano, cosicché nel 381 il patriarca bizantino poteva affermare di essere secondo soltanto a Roma, dal momento che “Costantinopoli è la nuova Roma”4. Mille anni dopo, nel 1393, quando l’“eresia latina” si era ormai definitivamente installata a Roma e Bisanzio veniva minacciata da ogni parte, il patriarca costantinopolitano Antonio IV rivolse le sue aspettative verso la Russia, ricordando al “gran principe” moscovita Vasilij I che i cristiani dovevano avere una sola Chiesa e un solo basileus ton Romaion. Ancora un secolo e, nel 1492, quarant’anni dopo la conquista ottomana di Costantinopoli, il metropolita Zosimo presentò la candidatura di Mosca: “Costantino il Grande fondò la nuova Roma, san Vladimiro battezzò la Russia, ora Ivan III è il nuovo Costantino della nuova Costantinopoli, Mosca”5. Una ventina d’anni più tardi, il monaco Filoteo di Pskov formulò in una lettera allo zar Ivan III la teoria di Mosca quale terza Roma: “Tutti gl’imperi cristiani arrivarono alla loro fine e sono stati riuniti nell’unico impero del nostro sovrano, secondo i libri profetici, cioè nell’impero russo. Due Rome sono cadute, ma la terza è già in piedi e non ci sarà una quarta”6.

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A tradurre in termini geopolitici l’ideale della Santa Russia ortodossa e bizantina saranno, paradossalmente, i rappresentanti del dispotismo illuminato russo. Pietro il Grande (1682-1721) e Caterina II (1762-1796), per i quali il richiamo ai valori religiosi e alla difesa dei cristiani ortodossi costituivano una fonte di legittimazione delle loro conquiste, assoggettarono sì la Chiesa, ma ne recuperarono il messaggio ideologico. “A partire dall’inizio del XVIII secolo – scrive Thual – la geopolitica estera russa è in una fase di espansione continua; la gestione quotidiana di questo spazio imperiale e la diplomazia russa si ispireranno a due principi: la difesa dell’Ortodossia, una specie di panortodossismo che avrà un ruolo più importante del panslavismo per quanto concerne la politica estera russa. Se la nascita dei temi ideologici risale al periodo precedente a quello dei Romanov, sarà proprio questa dinastia a riattualizzarli ed a farli passare dallo stadio di mito, di suggestione collettiva, allo stadio di schema d’azione e di canovaccio per il comportamento politico”7. Caterina II, in particolare, concepì l’idea di far sorgere nella penisola balcanica una sorta di nuovo impero bizantino, alla testa del quale si sarebbe insediato un membro della famiglia imperiale russa. Tale disegno non si realizzò, ma col trattato di Küçük Kaynarca del 1774 Caterina ottenne che da quel momento in poi lo Zar di Russia parlasse a nome di tutti gli ortodossi sudditi della Sublime Porta. Da allora la fede ortodossa continuò a nutrire gli obiettivi specifici della geopolitica russa: la riconquista di Costantinopoli e delle vie di comunicazione tra il Mar Nero e il Mediterraneo, la trasformazione dei paesi ortodossi dei Balcani in Stati satelliti della Russia, il recupero dell’Armenia e dei Luoghi Santi in Palestina.

A questa visione geopolitica, incentrata sul rapporto conflittuale tra Russia e Turchia, Konstantin Leont’ev (1831-1891), il “Nietzsche russo”8, contrappone una tesi ben diversa: le due potenze eurasiatiche, in quanto espressioni di due civiltà minacciate entrambe dalla sovversione liberale e democratica proveniente da Occidente, dovrebbero trovare i termini di un’intesa e costituire una barriera di spirito tradizionale9.

Leont’ev rimase vox clamantis in deserto; ma in un certo modo  la sua tesi è stata confermata, sia pure da un punto di vista diametralmente opposto, dal teorico dello “scontro delle civiltà”, il quale fissa la frontiera della civiltà occidentale “là dove finisce il cristianesimo occidentale e iniziano l’islamismo e l’ortodossia”10. Il simbolismo geografico è eloquente: alla Mezzaluna islamica, che dai Balcani giunge al Caucaso attraverso l’Anatolia, si unisce la Croce ortodossa, l’asse della quale, radicato in Palestina, attraversa l’isola di Cipro e giunge a Costantinopoli, per dirigersi poi verso la Romania, dove si congiungono i due bracci: quello serbo e quello russo11.

* Direttore di “Eurasia”.

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  1. F. Thual, Géopolitique de l’Orthodoxie, Institut de Relations Internationales et Stratégiques, Paris 1993; ed. it. Geopolitica dell’Ortodossia, Saggio introduttivo di A. Vitale, Società Editrice Barbarossa, Milano 1995. Dello stesso autore, in italiano: Il mondo fatto a pezzi, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2008.
  2. Per limitarci all’attività di François Thual, possiamo citare Géopolitique du chiisme, Arléa, Paris 1995 e Géopolitique du Bouddhisme, Editions des Syrtes, Brest 2002.
  3. A. Vitale, Saggio introduttivo a: F. Thual, Geopolitica dell’Ortodossia, cit., pp. 8-9.
  4. R. Lee Wolff, The Three Romes: The Migration of an Ideology and the Making of an Autocrat, in “Daedalus”, primavera 1959, p. 294.
  5. In Pamjatniki drevnerusskogo kanoničeskago prava, I, St-Peterburg 1908, pp. 795 ss.
  6. V. Malinin, Starec Eleazarova monastyria Filofei i ego poslanija, Kiev 1901, suppl. pp. 54.
  7. F. Thual, Geopolitica dell’Ortodossia, cit., p. 49.
  8. N. Berdjaev, Konstantin Leont’ev. Očerk iz istorii russkoj religioznoj mysli, YMCA Press, Paris 1926, pp. 37-39.
  9. K. Leont’ev, Bizantinismo e mondo slavo, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 1987. Per una presentazione del pensiero di Leont’ev si veda A. Ferrari, La terza Roma, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 1986.
  10. S. P. Huntington, Lo scontro delle civiltà e il nuovo ordine mondiale, Garzanti, Milano 2000, p. 230.
  11. 11. Cfr. O. Clément, La Chiesa ortodossa, in: Storia delle religioni a cura di Henri-Charles Puech, 10. Il cristianesimo medievale, Universale Laterza, Bari 1977, p. 165.

jeudi, 22 septembre 2016

Afflux migratoire et délitement de l’Etat

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Afflux migratoire et délitement de l’Etat – aspects juridiques, politiques et culturels de la question des réfugiés

Par Hans Köchler, professeur de philosophie politique*

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

«En ce qui concerne l’actuelle problématique des réfugiés ou des flux migratoires, je ne me souviens d’aucune situation dans laquelle la presse et l’opinion publique aient été aussi diamétralement opposées. Dans les divergences entre l’opinion publique et les medias, je vois un problème tout à fait fondamental pour notre communauté démocratique.»

Je diviserai mon intervention en trois parties.

Tout d’abord, je me pencherai sur la configuration du Moyen-Orient et j’esquisserai une brève rétro­spective historique allant jusqu’à l’actuel délitement des Etats en présence.

Dans un deuxième temps, j’examinerai les événements que je décris comme le délitement des Etats et la déstabilisation de l’Europe.

Enfin, je m’interrogerai sur les buts et les intentions dissimulés derrière ces développements. «Un nouvel ordre mondial?» (avec point d’interrogation), pourrait être l’intitulé abrégé pour cette dernière section de mon intervention.
Avant d’examiner les problèmes plus en détail, donc, je voudrais faire certaines remarques préalables:
En ce qui concerne l’actuelle problématique des réfugiés ou des flux migratoires, je ne me souviens d’aucune situation dans laquelle la presse et l’opinion publique aient été aussi diamétralement opposées. Dans les divergences entre l’opinion publique et les medias, je vois un problème tout à fait fondamental pour notre communauté démocratique.

Je ne vais pas présenter une fois encore les faits déjà connus dans le détail; on n’emmène pas une chouette à Athènes. Bien au contraire, il s’agit pour moi de traiter des raisons pour lesquelles nous sommes, ici et maintenant, confrontés – non seulement au Proche- et au Moyen-Orient, mais de plus en plus aussi en Europe, et cela aussi bien sur le plan intérieur qu’à l’international ou, comme on le dit souvent, au niveau «supranational» – à un délitement de l’Etat dont la conséquence est l’actuel soi-disant afflux de populations migratoires ici en Europe.

J’aimerais aussi aborder ici la dimension géopolitique des événements et en particulier, la question des conséquences voulues ou plutôt non-voulues de cette évolution. Les questions à ce propos se posent à peu près sous cette forme: l’afflux migratoire vers l’Europe est-il vraiment une conséquence imprévue – et donc non voulue – des interventions militaires de l’Occident dans cette région du Moyen-Orient, y compris en Afrique du Nord, et qui seraient dans ce cas et selon l’expression convenue, celles de la «juste rétribution d’une mauvaise action»? Ou – et là se pose le second raisonnement possible – y aurait-il des hasards ou plutôt des liens qui indiqueraient un plus vaste concept géostratégique?
L’analyse des trois rubriques suivantes m’amène – en particulier en ce qui concerne l’Union européenne – à poser également la question suivante: cette invasion effective – avec abrogation de pratiquement toutes les barrières légales et sécuritaires – est-elle voulue, et si oui, dans quelle mesure, ou est-ce simplement symptomatique d’une société de la prospérité et du plaisir qui aurait perdu toute volonté d’affirmation identitaire?

En tant qu’Autrichien, par rapport à ce qui s’est déroulé à grande échelle pendant des mois l’an dernier au vu et au su de tous, je dois avant tout poser cette question: Pourquoi, au cours de ces longs mois, la République a-t-elle capitulé devant la loi de la jungle? Sans entrer dans des détails suffisamment connus, je renvoie seulement à ce fait: l’Etat a fait entrer sur le territoire des centaines de milliers de personnes sans savoir, dans la plupart des cas, de qui il s’agissait et a ensuite transféré ces gens – agissant quasiment comme un passeur de migrants au niveau national – en majeure partie à la frontière allemande.

Au préalable, je voudrais également établir encore une clarification terminologique: en Europe, les migrants ne sont pas au sens strict des réfugiés de guerre, mais très concrètement des migrants économiques – puisqu’ils proviennent soit de pays présentant toutes les conditions de sécurité, soit même directement de pays-tiers sûrs. C’est pratiquement sans exception toujours le cas. En outre, je me prononcerai plus tard sur l’aspect juridique de ce fait.

1. Configuration du Moyen-Orient et brève rétrospective historique

«Que ce soit en bien ou en mal – en fonction de votre manière de voir – les guerres d’agression camouflées au nom du droit international ou de l’humanitaire, avec ou sans l’aval des Nations Unies – en Afghanistan, en Irak, en Libye, et au jour d’aujourd’hui

«Que ce soit en bien ou en mal – en fonction de votre manière de voir – les guerres d’agression camouflées au nom du droit international ou de l’humanitaire, avec ou sans l’aval des Nations Unies – en Afghanistan, en Irak, en Libye, et au jour d’aujourd’hui aussi en Syrie – ont non seulement détruit efficacement l’ordre politique dans les pays concernés et créé les soi-disant ‹Etats faillis›, mais aussi déclenché une réaction en chaîne, en fin (provisoire) de laquelle on trouve l’immigration massive incontrôlée en Europe.»

J’en viens ainsi à la première partie de mon intervention: la discussion de la configuration du Moyen-Orient avec une brève rétrospective historique.
A titre personnel, je voudrais ajouter que j’ai visité en permanence depuis les années 70 les pays ou plutôt la région dont il s’agit ici, et que je cherche ainsi à formuler ici un jugement qui se base non seulement sur la lecture de la presse, mais aussi sur des observations personnelles et la collaboration avec des intellectuels, hommes politiques et organisations dans les pays du Moyen-Orient.

Ecroulement de l’ordre artificiel établi par les vainqueurs

Ce que nous voyons à présent est l’écroulement consécutif à la Première Guerre mondiale de l’ordre ayant résulté de la fin de l’empire ottoman, instauré de par la volonté des vainqueurs, soit les puissances coloniales de l’époque. Dans les débats actuels, ce n’est pas uniquement le soi-disant Etat islamique (IS) de nos jours qui constate la «fin des Accords Sykes-Picot». (Ceci implique le traité secret conclu en 1916 entre les ministres des Affaires étrangères de France et de Grande-Bretagne sur la répartition des zones d’intérêts dans la région du Moyen-Orient).
On doit aussi retenir la chose suivante: en comparaison avec le nouvel ordre instauré, la géographie politique en quelque sorte harmonieuse – et ceci est dit avec peut-être un peu de nostalgie – de l’empire ottoman, soit des régions développées sur une base historique et organisées en unités administratives – a été remplacée par des territoires artificiels, souvent ethniquement hétérogènes, sur le modèle des Etats nationaux européens, ce qui signifiait souvent, concrètement, qu’on découpait arbitrairement les zones d’habitat de tout un peuple – cf. le destin des Kurdes – ou qu’on soustrayait d’unités territoriales développées sur des bases historiques, des mini-Etats qui devenaient pour ainsi dire «Domaines réservés» des intérêts respectifs des grandes puissances. Le fait est – comme on peut s’en rendre compte – que, par exemple, l’Etat pétrolier du Koweït a été en son temps prélevé sur la Vilayet de Bassora. (Une Vilayet est un arrondissement administratif datant de l’empire ottoman.) Le Koweït et la région de l’actuelle ville de Bassora en Irak étaient une seule et même unité administrative fondée sur des bases historiques.
Je ne voudrais pas non plus revenir sur les conséquences de la Déclaration Balfour de 1917, par laquelle la Grande-Bretagne a de fait créé le conflit – de nos jours encore sans solution – du Proche-Orient en disposant, sans considération pour la population arabe, de la région de Palestine (pour laquelle l’Angle­terre avait reçu un mandat pour la création d’une fédération de peuples après l’écroulement de l’empire ottoman) – une région déjà secrètement promise – voir la mission secrète de «Lawrence d’Arabie», faussement idéalisée en Europe – aux Arabes.

Affirmation identitaire dans le cadre de la rivalité Est-Ouest

Les Etats nationaux hétérogènes dans la région – comme par exemple l’Irak avec sa complexe composition multiethnique et multi-religieuse (Kurdes, Arabes, Musulmans, à leur tour divisés en Sunnites et Chiites, Chrétiens d’Orient, Yézides) – ne pouvaient ou plutôt ne peuvent être rassemblés et dirigés que par un pouvoir central fort. Tout autre point de vue serait une illusion. Il serait malhonnête d’espérer pouvoir comparer un Etat créé par les vainqueurs, pour ainsi dire sur décision extérieure, avec un Etat européen, établi au cours des siècles par des méthodes politiques éprouvées.
Dans l’ère de l’après-Seconde Guerre mondiale, il était aussi décisif pour le maintien de l’ordre étatique dans ces pays qu’un équilibre de pouvoir – bien que précaire – existe entre les deux superpuissances de l’époque. Cela procurait au gouvernement concerné – ou plutôt à l’homme au pouvoir – du Moyen-Orient une sorte de marge de manœuvre entre l’Est et l’Ouest. En essayant de manœuvrer entre deux pouvoirs rivalisant ensemble, au besoin aussi en jouant l’un contre l’autre, il était possible d’affirmer dans une certaine mesure les intérêts de son propre Etat.

Réveil du sentiment national arabe

A cette époque, le réveil de la conscience nationale panarabe a aussi été un facteur stabilisant. Il s’agissait par là de souligner le lien commun entre tous ces Etats. La langue et la culture arabe étaient le ciment entre les membres de la communauté extrêmement diversifiée idéologiquement ou plutôt religieusement. C’est justement l’accent mis sur la nation arabe commune (au sens de la nation culturelle) qui a permis de surmonter les antagonismes religieux. Dans ce cadre, il faut aussi considérer le rôle politique alors très influent dans toute la région du parti Baas (parti laïc), lequel avait d’ailleurs été fondé par un chrétien syrien. Le slogan de l’époque – dans les années soixante, soixante-dix, quatre-vingts, non seulement en Irak, mais encore en Syrie et dans l’Egypte de Nasser – était celui d’une grande nation arabe existant sous la forme de plusieurs Etats – en tout plus de 20. (Cependant, dans un pays comme l’Irak qui n’était pas ethniquement homogène, cette idéologie était contestable sur le plan de la politique intérieure, comme le montrait aussi le conflit dans les régions kurdes.)

L’ère de la puissance mondiale unique

Avec la fin de la guerre froide – c’est-à-dire avec l’écroulement du communisme – donc, à partir de 1989, le monde s’est soudain trouvé livré à une unique puissance mondiale. D’ailleurs dans les jours et les mois qui ont suivi le délabrement du bloc de l’Est et la fin de l’Union soviétique, le président irakien de l’époque, Saddam Hussein, avait clairement reconnu le dilemme sur le point de surgir, lorsqu’il réunit en 1990 une conférence arabe au sommet sur la réévaluation de la situation géopolitique. Bien qu’il ait pris conscience dès le début de cette problématique, il n’en a pas tiré les conclusions correctes – ce qu’on constate rétrospectivement – et cela, au préjudice de son propre pays. Il ne faut pas non plus oublier que le nationalisme arabe, donc l’accentuation de l’héritage commun rappelant que tous font partie d’une seule nation, se retrouve éclaté en plusieurs pays différents suite aux circonstances historiques. Cela fut accompli dans l’esprit dominant l’ère de la décolonisation découlant de la Seconde Guerre mondiale.

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Vers le délitement de l’Etat au Proche- et Moyen-Orient

Cela m’amène à l’autre aspect que je décris par «délitement de l’Etat au Proche- et Moyen-Orient». Les Américains ont introduit par ailleurs la notion de «failed state» (Etat en déliquescence) – principalement toutefois pour justifier leurs propres interventions d’après le modèle suivant: on constate tout d’abord l’existence quelque part d’un «failed state», ce qui fait qu’on est bientôt tout simplement obligé d’intervenir. Cependant le fait est, comme l’histoire l’a montré dernièrement, que très souvent des Etats jusque-là relativement stables se transformaient en Etats en déliquescence, les soi-disant «failed states», suite aux actions et interventions militaires.

Réveil de l’Islam en réaction au monopole idéologique de l’Occident

Comme on l’a déjà expliqué, les différents systèmes nationaux n’ont plus, après la fin de la guerre froide, réussi à s’affirmer face à la pression politico-idéologique des Etats-Unis, soudain devenus l’unique puissance mondiale, en fait, la puissance hégémonique mondiale. En conséquence cela impliquait également une délégitimation des systèmes de chacun de ces Etats à l’égard de leur propre population. Une sorte de vide idéologique s’est alors mis en place – j’ai encore le vif souvenir d’entretiens, en particulier à Bagdad au début des années quatre-vingt-dix, avec des personnalités provenant de l’ensemble du monde arabe, et pas seulement d’Irak – qui a lui-même été comblé, de façon relativement rapide mais totale, par l’Islam. En Irak également, le président élu, jusqu’alors strictement laïc, s’est soudain découvert la fibre religieuse. (En ce qui concerne le réveil religieux et son importance politique, ce processus avait auparavant débuté en Iran – donc en milieu chiite. Un mouvement populaire, plus ou moins en opposition aux tentatives obsessionnelles du shah d’Iran de «changer totalement de cap» en engageant à fond son peuple dans le mode de vie et les valeurs occidentales, s’y était formé sur la base de l’Islam devenu facteur identitaire, ce qui a mené au renversement du régime de 1979.)

«La conséquence directe de telles interventions est, comme l’opinion mondiale a pu entre temps s’en apercevoir, la guerre civile et l’afflux de réfugiés. Dans tous les cas mentionnés, nous avons affaire à une détérioration de l’Etat planifiée et directement provoquée. L’instrument idéologique dont on s’est servi pour justifier ces interventions déstabilisantes, est celui de la prétendue ‹intervention humanitaire› ou – comme on l’a dit dans la dernière version parce que cela parait moins compromettant – de la prétendue ‹responsabilité de protéger› (‹responsibility to protect›).»

Destruction des Etats stables par les interventions militaires

Enfin, l’événement traumatisant scellant la fin du panarabisme a été l’invasion du Koweït par l’Irak à l’été 1990. Cela a signifié en conséquence l’élimination effective de l’Irak en tant qu’acteur régional, durant la guerre du Golfe de l’année suivante. Le processus de «neutralisation» politique et de marginalisation de l’Irak s’est alors poursuivi pendant plus d’une décennie en conséquence des sanctions économiques au niveau mondial imposées à l’Irak officiellement par les Nations Unies, mais en réalité par les Etats-Unis et leurs alliés. C’étaient, à ma connaissance, les mesures de contrainte les plus complètes et les plus meurtrières qui aient jamais été appliquées par l’organisation des Nations Unies – dont il est résulté un million de morts, sinon plus. Bien que je n’entre pas ici dans les détails, il faut le garder présent à l’esprit, si l’on veut comprendre ce qui se passe aujourd’hui en Irak et dans toute la zone alentour – tout comme en Syrie. Le fait est qu’historiquement ces sanctions étaient exceptionnelles, un crime commis envers tout un peuple au nom de la communauté internationale. En effet, après les événements pas encore complètement investigués survenus une décennie plus tard, le 11 septembre 2001, la volonté de puissance des Etats-Unis n’a plus connu de frein et a peu à peu porté le coup mortel à l’ordre ancien établi dans la région. Que ce soit en bien ou en mal – en fonction de votre manière de voir – les guerres d’agression camouflées au nom du droit international ou de l’humanitaire, avec ou sans l’aval des Nations Unies – en Afghanistan, en Irak, en Libye, et au jour d’aujourd’hui aussi en Syrie – ont non seulement détruit efficacement l’ordre politique dans les pays concernés et créé les soi-disant «Etats faillis», mais aussi déclenché une réaction en chaîne, en fin (provisoire) de laquelle on trouve l’immigration massive incontrôlée en Europe. J’en arrive maintenant au sujet principal de l’intervention d’aujourd’hui.

Aspects du délitement de l’Etat dans la région

Je voudrais distinguer ici deux aspects des effets de ce délitement de l’Etat dans la région. D’une part donc, l’aspect numéro un: les gens fuient parce que l’Etat s’enfonce dans la guerre. C’est par exemple la situation en Irak, en Libye, mais aussi en Syrie et, ce qui a encore échappé à l’Occident, au Yémen (où – comme en Syrie – une guerre civile extrêmement violente fait rage, soutenue par l’étranger). Le deuxième aspect, à clairement distinguer du premier est: l’Etat qui s’enfonce dans le chaos devient la zone de concentration ou plutôt la base logistique de migrants issus d’une autre région en direction de l’Europe. L’exemple classique en est la Libye. Le pays est devenu de fait la zone de concentration et le point de communication logistique pour l’organisation d’une immigration massive en provenance des pays africains situés au sud du Sahara, ce qu’on appelle la «zone sub-saharienne». Nous avons ici affaire à un «Etat» qui n’existe plus en tant qu’unité souveraine efficace, où on trouve deux gouvernements, deux parlements et quantité de milices rivales et d’autorités régionales – sur un territoire immense qui s’appelait auparavant «la grande Jamahiriya socialiste arabo-libyenne».
Si l’on passe ces éléments en revue, on doit aussi être attentif au fait qu’il n’existe pas d’organisation panarabe efficace pouvant recréer l’ordre – et que, finalement, il n’y en a jamais eu. La Ligue des Etats arabes, s’étant réunie fin juillet en Mauritanie pour débattre de la situation, peut tout au plus émettre des déclarations qui ne l’engagent en rien en réalpolitique. Bien qu’en ayant le statut d’organisation régionale, elle a donc le devoir de stabiliser la situation, en exerçant seulement un rôle d’observateur passif. Le fait est que cette organisation a plutôt encouragé des guerres d’agression, par son action dans l’histoire récente, comme le montre l’exemple de l’Irak.

«Rétrospectivement, on peut dire aujourd’hui que les Etats-Unis cherchaient à profiter du moment propice, suite à l’effondrement de l’empire communiste, pour garantir leur position hégémonique une fois pour toutes – un objectif proclamé dans la doctrine de sécurité nationale par Bush junior une décennie plus tard comme la volonté des USA de ne plus jamais accepter une situation de parité stratégique avec un autre Etat. Cela reflète bien, comme on pourrait le dire dans une rétrospective historique mondiale, l’abus et l’illusion du pouvoir.»

«L’Union [européenne ] se révèle de plus en plus clairement être une formation dysfonctionnelle dont les fonctionnaires et les juristes mettent en œuvre des règlements contradictoires qu’ils exécutent selon le bon vouloir du politique. Ceci est valable tout autant pour la problématique migratoire, pour celle des réfugiés, que pour l’échec de la politique monétaire.»

2. Délitement de l’Etat et déstabilisation en Europe

J’en viens avec cela – dans la chronologie des événements – au délitement de l’Etat et à la déstabilisation politique et sociale en Europe. Ici non plus je ne tiens pas à présenter en détail des faits largement connus. Il s’agit pour moi avant tout d’une analyse politique, juridique et sociale de la problématique à laquelle nous sommes confrontés en Europe.

L’UE se révèle être une construction politique défectueuse

En ce qui concerne l’aspect politique, il faut malheureusement se rendre compte du fait que l’Union européenne s’est révélée être une construction totalement défectueuse. Je constate ici un délitement de l’Etat dans le domaine international. Dans la gestion de la «crise des réfugiés» (je reviendrai plus précisément sur cette terminologie), l’Union européenne s’est révélée être un Moloch prétendant être un Etat, mais embrouillé dans un ensemble de règles contradictoires, et pour ainsi dire inefficaces, de compétences nationales et super-étatiques. L’Union se révèle de plus en plus clairement être une formation dysfonctionnelle dont les fonctionnaires et les juristes mettent en œuvre des règlements contradictoires qu’ils exécutent selon le bon vouloir du politique. Ceci est valable tout autant pour la problématique migratoire, pour celle des réfugiés, que pour l’échec de la politique monétaire.

Politique malhonnête et perte de confiance

En rapport avec la soi-disant politique des réfugiés, l’échec de l’Union apparaît concrètement dans le fait suivant: avant tout par une politique de porte grande ouverte, c’est-à-dire incluant la continuation du Traité de Schengen (libre circulation des personnes entre les Etats signataires du Traité de Schengen) et le refus total et simultané de protection des frontières extérieures. Malgré les diverses explications et promesses des politiciens et de la bureaucratie, au jour d’aujourd’hui rien n’en a été modifié. Il n’existe jusqu’à présent aucune protection efficace des frontières extérieures, et sans elle, le Traité de Schengen tout entier n’a plus aucun sens. On trompe les citoyens en réaffirmant par des envolées quasiment lyriques l’importance de la libre circulation des personnes et en déclarant sujet tabou l’exécution de contrôles aux frontières intérieures à l’espace Schengen, alors que les frontières extérieures ne sont pas sécurisées. Un pays comme la Hongrie qui, l’an passé déjà, a essayé d’observer fidèlement les dispositions en vigueur, a vu – comme nous-mêmes l’avons vu – ses efforts sabotés et a été dénigrée au niveau européen. Dans ces circonstances, il n’y a rien d’étonnant à ce que les citoyens perdent de plus en plus confiance dans des instances européennes agissant de façon aussi malhonnête.
Pour compléter, il faut toutefois ajouter que la République autrichienne, à l’initiative du plus jeune membre de gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, s’est peu à peu appropriée le point de vue de la Hongrie et a réglé la politique de migration avec les pays des Balkans de l’Ouest et les Etats du Traité de Višegrad (Pologne, Slovaquie, Hongrie, République tchèque) ce qui a également signifié que la Macédoine a été soutenue et encouragée à exercer un contrôle efficace de sa frontière avec la Grèce.

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Le second point concernant l’échec de l’UE et le déficit de crédibilité du système européen est pour moi la manipulation malhonnête du Traité de Dublin – selon les conditions duquel, rien, mais alors vraiment rien du tout, n’est entrepris pour une protection commune des frontières extérieures. Par suite de cette continuelle négligence, ce décret est devenu depuis longtemps obsolète. La rétention, et un premier enregistrement des réfugiés dans un pays comme la Grèce – en grande difficulté financière – se sont révélées tout simplement illusoires.
Ce qui a apporté un certain soulagement sur ce front dans la situation actuelle (juillet 2016), n’est pas lié à une protection effective des frontières extérieures et à l’application du Traité de Dublin, mais uniquement à d’autres accords convenus ad hoc. Il s’agit là, d’une part de la coordination au sujet de la politique de migration auquel est parvenue la République d’Autriche avec les pays balkaniques de l’Ouest, d’autre part de la position de la Turquie qui – pour des raisons que je ne peux présenter ici en détail – est à présent tout à fait compétente et prête à exercer de meilleurs contrôles sur la sortie des gens stationnés sur son territoire national.

«Le critère essentiel de la reconnaissance d’un Etat en tant que membre souverain de la communauté internationale est et reste le contrôle de son propre territoire dans une perspective de long terme. C’est également la définition en droit international classique pour la reconnaissance d’une communauté en tant qu’Etat.»

Dissolution de la souveraineté suite au manque de contrôles aux frontières

Cela m’amène à un autre aspect du délitement de l’Etat et de la déstabilisation de l’Europe, notamment l’échec de la politique sociale. Sur le papier, donc aux termes de la loi, les Etats souverains, tous sans exception, n’ont démontré depuis le début de l’année ni la volonté, ni la capacité d’exercer réellement leur souveraineté. (Par rapport à l’Autriche, il y a, comme déjà mentionné, depuis le début de l’année un certain changement parce que maintenant le ministre des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de la Défense coopèrent et osent soudainement parler ouvertement de sécuriser les frontières du pays. Jusqu’à il y a peu, on avait peur d’être catalogué de fasciste ou de raciste lorsqu’on voulait souligner l’importance de l’exercice de la souveraineté sur le territoire national). Le critère essentiel de la reconnaissance d’un Etat en tant que membre souverain de la communauté internationale est et reste le contrôle de son propre territoire dans une perspective de long terme.

C’est également la définition en droit international classique pour la reconnaissance d’une communauté en tant qu’Etat. La notion d’Etat implique l’existence d’une autorité contrôlant un territoire déterminé, clairement défini et exerçant ce contrôle non seulement du jour au lendemain ou jusqu’au jour prochain, mais dans une perspective de long terme. Se reposer sur une politique d’«ouverture des frontières» est à cet égard une illusion et en réalité, un stupide euphémisme. L’Etat, cela signifie toutefois une communauté capable d’entreprendre une délimitation entre son propre territoire et une autre zone. Cette condition, notamment, le contrôle efficace du territoire, n’a actuellement plus cours dans de nombreux Etats d’Europe.

Concernant l’Autriche, il y a eu, tout au moins de la part des ministres de la Défense et des Affaires étrangères, l’aveu qu’on devait entreprendre quelque chose. Cependant, s’il se produit un afflux migratoire à la frontière sud, le pays n’aura alors pas les ressources pour protéger sa frontière de manière efficace. Le fait est qu’au cours de l’année dernière – jusqu’au vote avec les pays des Balkans – les migrants pouvaient entrer dans le pays comme ils le désiraient tout en empêchant leur identification par les autorités – et donc par là, leur enregistrement réglementaire. Ceux qui pénétraient illégalement en Autriche pouvaient décider d’eux-mêmes – cela leur a été noblement accordé –, s’ils restaient ou s’ils voulaient continuer leur voyage. Le pouvoir exécutif et l’armée se limitaient au rôle d’observateurs impuissants, et à l’aide humanitaire.

Délégitimation de l’Etat à l’intérieur et à l’extérieur des frontières

Je voudrais encore insister sur deux autres aspects d’un point de vue juridique et politique, c’est-à-dire, sur la délégitimation et la déstabilisation.

Premièrement: Nous avons affaire ici à une double délégitimation de la chose publique – à l’intérieur et à l’extérieur de l’Etat. En ce qui concerne la délégitimation à l’extérieur du pays, on la constate dans l’abandon effectif de la souveraineté.

Un Etat qui renonce à l’exercice de sa souveraineté dans un domaine essentiel n’est pas pris au sérieux par la communauté internationale et perd son statut de partenaire digne de confiance.

En ce qui concerne la délégitimation de l’Etat à l’intérieur du pays, la meilleure manière de l’illustrer est de poser la question suivante: pourquoi le citoyen justiciable doit-il s’incliner devant la violence exercée par l’Etat dans lequel il vit, si cet Etat contrevient aux lois cent fois par jour selon son bon plaisir, visiblement politique, et nie en conséquence simultanément le droit fondamental de ses citoyens à la sécurité? L’Etat et ses institutions démontrent ainsi un parfait mépris vis-à-vis de leur responsabilité à l’égard des citoyens soumis au système judiciaire.

«En ce qui concerne la délégitimation de l’Etat à l’intérieur du pays, la meilleure manière de l’illustrer est de poser la question suivante: pourquoi le citoyen justiciable doit-il s’incliner devant la violence exercée par l’Etat dans lequel il vit, si cet Etat contrevient aux lois cent fois par jour selon son bon plaisir, visiblement politique, et nie en conséquence simultanément le droit fondamental de ses citoyens à la sécurité? L’Etat et ses institutions démontrent ainsi un parfait mépris vis-à-vis de leur responsabilité à l’égard des citoyens soumis au système judiciaire.»

Le système «deux poids, deux mesures» détruit les fondements de l’ordre juridique

Enfin, ces processus mènent – et c’est l’autre aspect mentionné plus haut – à la déstabilisation de l’ordre national, et ceci à divers égards. Je voudrais le décrire tout à fait brièvement.
Premièrement: en appliquant le système «deux poids, deux mesures», l’Etat supprime peu à peu les fondements du système judiciaire. Si dans un cas, des milliers de gens passent la frontière et entrent sans problème, mais que dans l’autre cas, le citoyen lambda tout à fait respectable atterrissant par exemple dans un aéroport, est, lui, minutieusement contrôlé, cela signifie que des normes différentes sont appliquées à chaque fois au passage des frontières. On voit un autre exemple de cette duplicité lorsque l’Etat, tout en punissant les passeurs à titre individuel, agit lui-même en tant que passeur à grande échelle. Je n’ai pas besoin de spécifier les détails concernant le transfert de migrants illégaux, par exemple de la frontière sud de l’Autriche à la frontière allemande.

Délabrement de la société civile

Deuxième aspect de la déstabilisation: la présence d’un nombre croissant de migrants issus de cultures totalement diverses et dont la notion de société et d’Etat est complètement différente amène non seulement des tensions sociales et des conflits, mais encore entraine une désintégration de la société civile, pourtant elle-même indispensable à la démocratie – avec tous les problèmes pour la sécurité intérieure qui résultent de la perte du contrôle de l’immigration. C’est ce que je désignerais, indiscutablement, comme la perte du consensus social.

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Déclin du consensus au niveau interétatique

Le troisième aspect de la déstabilisation se situe au niveau européen, donc interétatique. Ici nous avons également affaire à un déclin du consensus, dans ce cas entre les Etats-membres. Celui-ci se montre dans la divergence totale entre les positions des «nouveaux» et des «anciens» Etats-membres sur la question des migrations – un processus qui peut aller jusqu’à l’échec complet de la construction super-étatique de l’Union européenne.
Il s’agit là plus ou moins d’une discussion «tous contre tous» et il n’est pas étonnant que de plus en plus d’Etats reviennent aux solutions nationales ou plutôt adoptent des conventions en dehors du cadre de l’UE selon leurs intérêts spécifiques. On en a vu un exemple dans les accords conclus lors de la Conférence de Vienne entre l’Autriche et les pays balkaniques de l’Ouest ou plutôt les Etats de Višegrad – pour ainsi dire sans l’aval de Bruxelles ou de Berlin.

Le fait est qu’on revient peu à peu au contexte national parce qu’on s’aperçoit que c’est là que se trouve la seule solution effective aux problèmes concrets touchant directement à l’intérêt national, même s’il est possible – après des décennies d’érosion de l’autorité de l’Etat – que cela se produise en quelque sorte à un niveau inférieur, en partie parce que les Etats eux-mêmes n’ont plus les ressources nécessaires à la défense de leurs frontières.

Fragilité de l’Etat sur la base de concepts juridiques inexacts – quelques mises au point conceptuelles

Cela m’amène aux implications juridiques de la déstabilisation. Il me semble que dans le débat actuel, les concepts sont devenus complètement imprécis sur le plan juridique, ce qui est une raison essentielle pour la surcharge effective des structures de l’Etat et la fragilité croissante de l’Etat. Il faudrait développer en urgence une mise au point conceptuelle sur le plan politique.

Convention de Genève sur les réfugiés

Premièrement: la Convention de Genève de 1951 concernant les réfugiés et qui est juridiquement contraignante pour tous les Etats de l’UE ne traite absolument pas des réfugiés de guerre. Cette situation n’est absolument pas communiquée aux populations. Selon cette convention, la guerre n’est en aucun cas un motif justifiant l’asile. Selon son article 2, les réfugiés sont définis comme des individus craignant d’être persécutés pour des motifs raciaux, religieux, nationaux, idéologiques ou à cause de leur appartenance sociale à des groupes définis, et qui, à cause de ces persécutions, se retrouvent en exil et sont dans l’incapacité, ou ne sont pas disposés, à demander leur protection par leur propre pays.

Cela signifie que lorsque la guerre éclate dans un pays, sa population n’obtient pas automatiquement le droit d’asile, ou plutôt le droit de déposer une demande d’asile. On différencie le citoyen persécuté, comme décrit plus haut, de celui dont le pays est impliqué dans une guerre – si cette guerre est menée entre Etats, c’est-à-dire qu’un pays est attaqué en tant que tel sans que ce soit pour une raison de religion, d’appartenance nationale ou encore d’idéologie. En outre, la situation de discrimination ou de persécution, telle que la conçoit la Convention, n’est pas clairement décrite. Les cas de discrimination et de persécution recensés dans la Convention pourraient concerner de nombreuses personnes impliquées dans des guerres civiles, ils ne correspondent pas nécessairement à une situation de guerre subie par un pays victime d’une agression extérieure.

Deuxièmement, il faut maintenir le statut juridique qui, en vertu de l’article 31 de la Convention de Genève, veut que les réfugiés ainsi définis, parvenus illégalement sur le territoire d’un pays, n’obtiennent l’immunité par rapport à cette entrée illégale que s’ils proviennent (1) directement d’une zone dans laquelle leur vie et leur liberté sont compromises selon l’article 2 cité plus haut, et (2) s’ils s’inscrivent dès leur entrée illégale auprès des services publics du pays en question, c’est-à-dire, qu’ils se laissent enregistrer.

C’est le texte de la Convention. Cela signifie toutefois qu’en fait tous ceux arrivant dans les pays de l’Union européenne par voie maritime ou terrestre ne jouissent d’aucune immunité, et ne peuvent donc revendiquer le droit de solliciter l’asile, puisque ils proviennent déjà de pays dans lesquels ils n’étaient pas poursuivis. Cela signifie légalement qu’aucun pays de l’UE n’a, selon la Convention, l’obligation de laisser entrer les gens – en lieu de quoi, bien sûr, une organisation internationale comme l’UE ou un Etat souverain sont libres d’opter pour une autre solution plus généreuse. Un pays peut déclarer, comme bon lui semble, que tous les réfugiés provenant de tous les pays du monde sont bienvenus en tout temps et qu’il n’y a aucune «limite supérieure». Il doit cependant supporter lui-même les conséquences de cette politique et ne peut en imputer la charge à d’autres Etats. En réalité, chaque pays a également le droit de prendre des mesures contre l’entrée irrégulière des étrangers. Inversement, il existe bien sûr aussi le droit pour chaque Etat d’expulser ces gens. Cela ressort aussi, à l’inverse, dans la formulation de l’article 32, paragraphe 1, de la Convention de Genève sur les réfugiés.

La guerre froide comme arrière-plan historique de la Convention

Pour comprendre, juste une très brève indication sur le contexte historique: la Convention s’appliquait primitivement à des personnes qui, avant une date butoir bien précise – le 1er janvier 1951 – étaient devenus des réfugiés. Avec le protocole d’accord de 1966, cette restriction temporelle a été levée. A ce propos, un fait particulier – généralement passé sous silence – présente dans ces circonstances un intérêt certain: en fait, un Etat peut, selon ce protocole, en limiter la portée territoriale, sur simple déclaration, lors de son adhésion à la Convention. La Turquie, par exemple, a fait usage de cette disposition. Dans la situation actuelle, on atteint tout simplement le comble de l’ironie justement dans le cas de ce pays dont la coopération est si importante dans la question des réfugiés. En raison de la clause formulée selon le statut juridique de la Convention de Genève sur les réfugiés, la Turquie est en droit d’accepter uniquement des réfugiés en provenance d’Europe mais pas du Moyen-Orient ou d’Asie. Par ailleurs, la Turquie a également formulé une autre réserve, selon laquelle on ne peut attribuer à toute personne acceptée dans le pays en tant que réfugié des avantages pécuniaires plus importants que l’assistance sociale ou les aides versées aux citoyens du pays lui-même.

Sur le plan historique, il est aussi intéressant que la Convention – ainsi qu’elle a été fixée à la date butoir du 1er janvier 1951 – ne concernait avant tout que les réfugiés qui fuyaient vers l’Ouest les persécutions dans les pays communistes suite aux bouleversements politiques en Europe après la Seconde Guerre mondiale. A l’époque (pendant la guerre froide), le soutien aux réfugiés politiques était une cause tout à fait essentielle pour la création de la Convention.

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Par ailleurs, il existait déjà, depuis les années vingt et l’après-Première Guerre mondiale, une pré-convention qui concernait surtout les réfugiés en provenance de Russie et d’Arménie, puis, (dans les années trente, après l’arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes) ceux qui venaient d’Allemagne. C’est donc seulement à partir des années soixante qu’on a élargi la protection des réfugiés. Cependant, et quelle qu’en soit la configuration historique concrète, le fait est que, au regard de la situation juridique d’après la Convention en vigueur, un réfugié perd sa qualité de réfugié à partir du moment où il quitte volontairement un pays-tiers sûr et doit alors être considéré comme migrant. En Europe, dans la configuration actuelle, les personnes considérées comme des «réfugiés» selon la Convention de Genève, sont, dans le plus grand nombre des cas, des migrants économiques. (Le terme de «réfugié économique» est juste une expression trompeuse.) Les migrants économiques sont des gens passant d’un pays à l’autre à la recherche de meilleures conditions de vie.

En général, on dissimule également aux citoyens le troisième aspect, concernant le plan juridique: les Etats signataires de la Convention de Genève sur les réfugiés peuvent dénoncer cette même Convention en tout temps selon l’article 44, paragraphe 1. La résiliation entre en vigueur un an après la date de réception de la lettre de résiliation par le secrétaire général de l’ONU. Le droit d’asile n’est donc pas un principe pour ainsi dire éternel ou immuable du droit international, ni une norme mentionnée en théorie juridique comme Jus cogens (norme impérative de droit international). En conséquence de quoi, il faut aussi préciser que dans un cadre légal, la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948 n’est pas juridiquement contraignante pour ce qui touche aux réfugiés et au droit sur l’asile. L’article 14, paragraphe 1 de la Déclaration établit seulement de manière générale le droit de chaque individu à l’asile: «En cas de persécution, tout individu a le droit de rechercher et de profiter de l’asile dans d’autres pays.»

La concrétisation de ce principe n’est pas spécifiée. Comme le précise déjà son titre – «Déclaration» – il ne s’agit pas ici d’un contrat aux normes impératives, mais d’un document par lequel les Etats proclament ce qui est important à eux. Il s’agit ici finalement bien plus d’un principe moral ou d’une ligne de conduite, pour ainsi dire d’une anticipation de la communauté internationale qui avait adopté la Convention à l’époque. Il est quand même intéressant de noter que dans les deux alliances globales (décidées en 1966 et entrées en vigueur en 1976) par lesquelles la Déclaration des Droits de l’homme a été en quelque sorte rendue opérationnelle et juridiquement obligatoire – d’une part concernant les droits civils et politiques et d’autre part les droits économiques, sociaux et culturels – on ne trouve aucune définition du statut de réfugié ni de celui d’asile.

«Evidemment, il existe l’espoir d’un renversement de tendances géopolitiques mais seulement si à moyen terme se forme au plan global un nouvel équilibre de pouvoir – multipolaire en l’occurrence – représentant une alternative viable à l’actuelle configuration de pouvoir hégémonique.»

3. Questions géopolitiques

Cela m’amène au final à poser, sur le sujet d’aujourd’hui, la question géopolitique suivante: avons-nous affaire, avec l’afflux des réfugiés, ou plus exactement, avec l’afflux migratoire en Europe, à une déstabilisation opérée au nom d’un «nouvel ordre mondial»?

En raison de l’aggravation de la situation au cours des derniers mois, on ne peut esquiver cette question. On ne doit pas non plus se laisser intimider par tous ceux qui parlent immédiatement de «théories du complot», etc. Le fait est que chaque tribunal rendant un jugement dans le cadre d’une procédure pénale doit développer ex definitione une théorie du complot, dès lors qu’il s’agit de plus d’un seul responsable. En tant que citoyen à part entière et qui se fait son opinion par lui-même, il n’est pas possible de céder sur quoi que ce soit.

«Nouvel ordre mondial et théories du complot»

En ce qui concerne la notion de «nouvel ordre mondial», j’ai déjà essayé au début des années quatre-vingt-dix d’analyser l’idéologie la soutenant. Juste avant la seconde guerre du Golfe (après l’occupation du Koweït par l’Irak), le président Bush (père) dans son «Discours sur l’Etat de l’Union» du 16 janvier 1991 avait exposé le début d’un soi-disant «nouvel ordre mondial» («New World Order»). Il a annoncé, à la lettre, dans cette déclaration que «l’Etat de droit, et non pas la loi de la jungle» devrait s’appliquer immédiatement au gouvernement des Etats. Cela serait la nature même du «nouvel ordre mondial».

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Rétrospectivement, on peut dire aujourd’hui que les Etats-Unis cherchaient à profiter du moment propice, suite à l’effondrement de l’empire communiste, pour garantir leur position hégémonique une fois pour toutes – un objectif proclamé dans la doctrine de sécurité nationale par Bush junior une décennie plus tard comme la volonté des USA de ne plus jamais accepter une situation de parité stratégique avec un autre Etat. Cela reflète bien, comme on pourrait le dire dans une rétrospective historique mondiale, l’abus et l’illusion du pouvoir. L’évolution de la politique mondiale au cours des dernières deux décennies doit être considérée dans cette perspective. La pièce maîtresse de cette stratégie était le droit des Etats-Unis de remodeler tout le Moyen-Orient selon leurs propres intérêts, pour ainsi dire «nomine novi ordinis saeculorum» (au nom d’un nouvel ordre mondial). Ceci a ensuite été établi par le concept idéologique d’un soi-disant «New Middle East» avec les mots d’ordre de la démocratie et des droits de l’homme. Les faits que j’ai rapidement esquissés ici à propos de la crise des réfugiés – historiquement, politiquement, légalement – doivent être interprétés dans un contexte général géostratégique et historique; les coïncidences et l’ordre chronologique doivent être examinés avec soin. Je voudrais illustrer brièvement la signification de tout cela au moyen de cinq exemples.

Premièrement, je renvoie à la destruction du système politique par la force armée – en violation de la Charte des Nations Unies – en Afghanistan (2001), en Irak (2003), en Libye (2011) et en Syrie (un processus qui est en marche depuis 2011 et qui est en relation avec le soutien plus ou moins direct aux groupes islamiques armés dans ce pays). La conséquence directe de telles interventions est, comme l’opinion mondiale a pu entretemps s’en apercevoir, la guerre civile et l’afflux de réfugiés. Dans tous les cas mentionnés, nous avons affaire à un délitement de l’Etat planifiée et directement provoquée. L’instrument idéologique dont on s’est servi pour justifier ces interventions déstabilisantes, est celui de la prétendue «intervention humanitaire» ou – comme on l’a dit dans la dernière version parce que cela parait moins compromettant – de la prétendue «responsabilité de protéger» («responsibility to protect»).

Utilisation des «nouveaux medias sociaux» par les services de renseignements

Deuxièmement, on est ici renvoyé de façon exemplaire à la gestion des services secrets ou plutôt à l’utilisation des nouveaux médias sociaux («New Social Media») pendant le printemps arabe en 2011. Là aussi la conséquence en a été – voir également les événements en Egypte – le chaos sous forme de guerre civile. Le déclenchement de la révolte et de la guerre civile en Syrie a également été réalisé essentiellement à l’aide de ces techniques d’information. Pour être correct, il faut bien sûr préciser que ce n’est qu’un facteur parmi plusieurs.

L’«Etat islamique»

Le troisième exemple est l’apparition de l’«Etat islamique», sous la dénomination officielle daula al islamia fi al iraku wa al scham, donc l’Etat islamique en Irak et dans la région de l’Al-scham. (C’est la région historique qui comprend aussi la Palestine et le Liban.) Cet «Etat» réclame non seulement ces territoires, mais encore des régions appartenant à d’autres pays, comme par exemple l’Egypte, la Libye, le Mali, le Nigeria, les Philippines (la région de Mindanao), l’Afghanistan, et les Etats d’Asie centrale comme par exemple l’Ouzbékistan, etc.

Il ne faut pas non plus sous-estimer l’influence idéologique de l’Etat islamique en Europe – non seulement au vu du danger de l’infiltration dans l’afflux de réfugiés non-contrôlés, mais encore par la radicalisation et le recrutement des musulmans vivant en Europe pour la cause de l’Etat islamique. Je mets en garde sur le danger qu’il y a à sous-estimer le potentiel émotionnel du réveil de la tradition islamique, en particulier sur la jeunesse. Il est naïf et impardonnable de croire qu’on peut amener des gens, en leur faisant signer une liste de grands principes – comme le font ceux qui enregistrent l’accueil des réfugiés – à reconnaître un gouvernement laïc, c’est-à-dire neutre sur le plan religieux, et de pour ainsi dire rayer d’un trait de plume et mettre au rancart ce qui est pour eux primordial, leurs convictions religieuses. Pendant qu’on se présente en donneur de leçons devant les gens et qu’on joue les «stagiaires» pour quelques heures, quelques jours tout au plus, on s’achète une tranquillité mais en réalité on ne résout rien.

Le quatrième aspect que je voudrais encore mentionner porte sur les effets de ce que j’ai décrit dans les premiers trois aspects, en fait, le déclenchement d’une immigration massive vers l’Europe. Cela me semble être un doux euphémisme de parler – comme l’a fait précédemment la ministre autrichienne des Affaires intérieures – d’une «tempête sur la forteresse Europe». Il s’agit au contraire et pour le dire précisément, bien plus d’une tempête sur une zone frontalière extérieure laissée sans protection, – par principe ou par négligence. Ce n’est pas une «forteresse» qui est attaquée ici, mais une entité n’ayant évidemment plus du tout la volonté de se protéger et qui montre déjà plus ou moins les signes de la déliquescence.

Coïncidences ou programmations?

A ce propos, deux coïncidences attirent l’œil: d’une part la coïncidence temporelle – presque comme si l’on appuyait sur un bouton – entre la réduction drastique des moyens alloués aux camps de réfugiés dans les pays voisins de la Syrie (approximativement à l’été 2015) et la dilatation soudaine de l’afflux des réfugiés. (Je pense ici aux camps gérés par le HCR dans les pays voisins, en particulier la Jordanie. Là-dessus on a une quantité d’informations détaillées fournies par les fonctionnaires jordaniens.) Il faut également mentionner la coïncidence résidant en la situation insupportable pour la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Slovénie mais également pour l’Autriche et la Hongrie, engendrée par l’invitation de facto de la cheffe du gouvernement allemand. En outre, tout cela a fait directement suite, chronologiquement, à la réduction drastique des moyens alloués aux camps de réfugiés régis par l’ONU.

Conflits intérieurs

En ce qui concerne les conséquences à moyen et à long terme, un cinquième aspect est aussi à considérer. Il s’agit là d’une part d’un modèle de société multiculturelle devenu impraticable et dont la chancelière allemande a d’ailleurs constaté l’échec des années avant l’immigration de masse (en octobre 2010) dans un discours devant la «Junge Union» – une évolution qu’elle suscite à présent encore plus avec sa politique en renforçant massivement l’afflux de réfugiés en Europe par ses déclarations répétées. Une autre conséquence de cette immigration incontrôlée est que les conflits culturels-religieux sont importés en Europe. Le danger existe désormais de voir le «conflit des civilisations» (Le «Clash of civilizations» de Huntington) devenir une réalité locale. Une autre conséquence de cette évolution est la décomposition des sociétés autochtones européennes en camps idéologiquement irréconciliables. Nous sommes confrontés à une énorme polarisation politico-sociale, d’une intensité n’ayant plus été observée depuis les dernières décennies et se transformant entre temps en une réalité de politique intérieure dans de nombreux Etats membres de l’Union européenne. Comme conséquences de la manipulation que j’ai déjà décrite – ou de la non-manipulation – du caractère problématique des réfugiés par les instances européennes, il faut maintenant constater une délégitimation croissante et le délabrement progressif de l’Union européenne, constatable par chacun. Un signe tout à fait clair en est la récente décision de la population anglaise, découlant en grande partie de la politique des réfugiés, et dont devra répondre la Chancelière allemande.

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Réflexions finales

Menace de marginalisation politique et économique de l’Europe

Cela m’amène à mes réflexions finales. Tout cela se traduit en géopolitique de la façon suivante: premièrement, l’Europe va devenir un acteur mondial de plus en plus marginalisé. Deuxièmement, les protagonistes nationaux vont pour longtemps s’occuper d’abord d’eux-mêmes. On ne peut même plus balayer d’un simple revers de main le danger de désordres intérieurs et du déclenchement d’une guerre civile. Simultanément, cela renvoie à la menace de baisse de la capacité concurrentielle économique en raison des changements démographiques et de l’augmentation du manque de viabilité financière liée en cela à l’Etat social. Dans ce cas, l’affirmation des grands principes sous forme de mantra n’est d’aucune utilité, pas plus qu’il ne sert à rien de répéter cent fois aux gens qu’il n’existe, en matière de réfugiés «aucune limite supérieure de nombre»– ce qui est d’ailleurs parfaitement faux.

«Les Etats européens […] déstabilisés s’ils laissent les considérations humanitaires – par ailleurs dénuées de tout fondement juridique – prendre le dessus sur la raison d’Etat et générer une situation dans laquelle le Bonum commune Europaeum – le bien de tous les citoyens – et la paix continentale sont mis en jeu. Ils pourraient ainsi, cela est à craindre, provoquer leur propre chute au nom d’une humanité mal comprise, si des citoyens engagés et conscients des responsabilités, des partis, des mouvements politiques ne s’y opposent efficacement.»

Le mélange des aspects normatifs et effectifs détruit la crédibilité du principe lui-même

On doit distinguer, en effet, entre une limite supérieure dans le légal-normatif et une limite supérieure au sens effectif. Naturellement le droit d’asile est valable selon la Convention de 1951, aux conditions formulées dans cette convention, pour tous ceux qui remplissent ces conditions; ici on ne peut ni séparer, ni exclure. Cependant, il est de fait également clair que, par exemple, la République autrichienne ne peut recevoir chez elle – disons – deux ou trois milliards de personnes de la population mondiale.

Ou encore, pour formuler un autre exemple: celui qui voudrait de son propre chef aider les réfugiés parce qu’il le voit comme une obligation morale, doit aussi se dire que son dévouement – ainsi que le commandement de l’amour envers son prochain – est fondamentalement valable à l’égard de tous. Le même, cependant, doit également être assez honnête pour reconnaître qu’il ne pourrait, même s’il le voulait, accueillir dans son propre appartement des milliers de personnes, qui peut-être revendiqueraient tous son aide. Si l’on mélange le normatif et l’effectif, on détruit finalement la crédibilité du principe lui-même.

«Unintended consequences» ou conséquences volontaires?

L’identification des profiteurs de cette chaîne d’événements, comme je l’ai indiqué ici, peut éventuellement nous donner des indications, dans la mesure où il s’agit des célèbres, comme disent les Américains, «unintended consequences», donc de conséquences imprévues, ou plutôt de développements intentionnellement provoqués. Puisque ceux qui profitent d’un tel développement craignent naturellement de se retrouver au centre de l’attention générale, ils peuvent donc tout aussi facilement, comme je l’ai déjà expliqué plus haut, jouer de l’habituel argument massue de la théorie du complot. L’observateur critique des évènements, je l’espère, ne se laissera pas si facilement intimider.

Un équilibre des pouvoirs multipolaires comme alternative viable

Evidemment, il existe l’espoir d’un renversement de tendances géopolitiques mais seulement si à moyen terme se forme au plan global un nouvel équilibre de pouvoir – multipolaire en l’occurrence – représentant une alternative viable à l’actuelle configuration de pouvoir hégémonique. Toutefois, ainsi que je le crains, dans l’Etat où elle se trouve actuellement, l’Union européenne n’aura aucune part dans la formation de cette multipolarité. On ne peut se laisser aller à aucune illusion. La situation au Moyen-Orient ne se stabilisera pas avant des décennies. En ce qui concerne peut-être la confrontation des Chiites et des Sunnites, nous nous trouvons face à une situation similaire à celle de la guerre de Trente ans. Les interventions occidentales ont engendré, en ce qui concerne cette guerre de religion, une configuration absolument comparable à cette tragédie européenne du XVIIe siècle. Pour ce qui est du flux migratoire résultant des interventions militaires, je crains qu’il n’ait déjà atteint le «point de non retour». Les mesures prises dans la région pour défendre l’afflux des réfugiés sont à peine plus prometteuses. Bien qu’on ait toujours dit qu’il fallait combattre le problème à la racine, c’est-à-dire qu’il fallait – après avoir durablement détruit leur ordre politique – rétablir des Etats stables et viables, je ne vois donc pas comment on pourrait encore le réaliser de façon crédible – malgré tout le pouvoir et la puissance économique possédés par l’Occident – dans les décennies prochaines. Parce qu’aussi regrettable que cela puisse être, il est peut-être déjà trop tard pour s’attaquer aux causes et qu’il s’agit donc avant tout de prendre des mesures efficaces, et on parle là de mesures physiquement efficaces, pour la protection des frontières de l’Europe.

Protéger les frontières pour protéger la paix du continent

Les Européens, et je veux dire ici avant tout les politiciens européens, seraient bien avisés de ne pas importer les conflits dont j’ai traité ici et de pratiquer une politique de la raison au lieu d’une politique des sentiments (qui par moments menace de dégénérer en hystérie collective humanitaire) basée sur une analyse rationnelle des conséquences géopolitiques des développements. Le monde arabe a sombré dans le chaos – en toute hypocrisie au nom de la démocratie et des Droits de l’homme.

Les Etats européens qui sont maintenant directement concernés – d’une façon bien différente de celle du responsable, de l’autre côté de l’Atlantique – par les conséquences de cette évolution, vont eux-mêmes être déstabilisés s’ils laissent les considérations humanitaires – par ailleurs dénuées de tout fondement juridique – prendre le dessus sur la raison d’Etat et générer une situation dans laquelle le Bonum commune Europaeum – le bien de tous les citoyens – et la paix continentale sont mis en jeu. Ils pourraient ainsi, cela est à craindre, provoquer leur propre chute au nom d’une humanité mal comprise, si des citoyens engagés et conscients des responsabilités, des partis, des mouvements politiques ne s’y opposent efficacement.    •

Hans Köchler

(Traduction Horizons et débats)

Hans Köchler a fait partie de 1990 à 2008 du comité directeur de l’Institut de philosophie de l’université d’Innsbruck. Aujourd’hui, il est président du groupe de travail autrichien pour la science et la politique, co-président de l’Académie internationale de philosophie et président de l’International Progress Organization qu’il a fondée en 1972. On ne peut ici rappeler que quelques-uns des points marquants de l’activité débordante de Hans Köchler: Les axes de recherche de Köchler sont, entre autres, la philosophie juridique, la philosophie politique et l’anthropologie philosophique, dans lesquelles ses résultats de recherche scientifique convergent sur de nombreux points avec les vues du cardinal polonais Karol Wojtyla, devenu plus tard le pape Jean Paul II. Hans Köchler s’est fait connaître dès le début des années soixante-dix par de nombreuses publications, des voyages, des rapports, et par sa participation au sein de diverses organisations internationales à un dialogue des cultures, en particulier le dialogue entre le monde occidental et le monde islamique. En 1987, le professeur Köchler a lancé, en collaboration avec le lauréat du prix Nobel Sean McBride l’«Appel des juristes contre la guerre nucléaire» et a en conséquence contribué à une expertise, selon laquelle la Cour de justice internationale a établi que l’éventuelle utilisation d’armes nucléaires était incompatible avec le droit international public. Hans Köchler a toujours pris position sur la question de la réforme des Nations Unies et a exigé leur démocratisation. Il a, en particulier, également pris position sur la question de la concrétisation du droit international, et s’est en cela opposé à une instrumentalisation politique des normes du droit international. Faisant partie des observateurs envoyés au procès de Lockerbie par Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations Unies, il a rédigé un rapport critique, paru en 2003 sous le titre «Global Justice or Global Revenge? International Justice at the Crossroads». Son impression était que le procès de Lockerbie s’était déroulé sous influence politique, et il en retirait l’exigence d’une séparation des pouvoirs ainsi qu’une totale indépendance de la juridiction pénale internationale. Le texte que nous reproduisons ici reprend une intervention d’Hans Köchler à l’invitation de la «Coopérative Zeit-Fragen» le 25 juillet 2016 à Sirnach (CH).

Source: Zeit-fragen.ch/

 

mercredi, 21 septembre 2016

Le Djihad asiatique en pleine prolifération

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Le Djihad asiatique en pleine prolifération

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Depuis plusieurs mois, de plus en plus de djihadistes combattant en Syrie n'étaient pas syriens, ni même arabes. Ils provenaient d'Asie, Asie centrale, Chine, Russie et principalement d'Ouzbékistan. Connus comme les Ouzbeck d'Alep, différents groupes tels la Katibat al Taqhid wal Jihad (KTJ), l'Imam Bukhari Jamaat (IBJ) et la Jaish al-Muhajireen wal Ansar,se sont alignés sur Al Nusra. Début 2016, on estimait qu'ils étaient 5.000 en Syrie dont 1500 à Alep, principalement Chechens, Ouzbeck et Tajiks. S'y ajoutent des combattants chinois Ouighours au nombre de plus de 1000 à Idlib. Les effectifs des uns et des autres ne cessent d'augmenter.
 
Cette situation explique la volonté de la Russie, qui se sent menacée directement, à combattre les groupes terroristes en Syrie et principalement à Alep, conjointement avec les forces de Bashar al Assad. Les Américains n'ont évidemment pas le même souci. Comme nous l'avons rappelé dans un éditorial précédent (http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2293...?, ils continuent à vouloir faire remplacer Bashar par un gouvernement sous contrôle. Aussi bien pour les Russes, comme ils viennent de l'expliquer au Conseil de Sécurité, l'erreur américaine ayant conduit le 17 septembre à bombarder des positions loyalistes, entrainant plus de 50 morts, n'était peut-être pas une simple erreur.
 
L'Indonésie et l'Inde

L'emprise djihadiste en Asie ne se limite pas à l'Ouzbekistan et pays voisins. En janvier 2016, il y eu l'attentat meurtrier à Djakarta en Indonésie. Même si l'Inde paraît moins immédiatement menacée, les autorités s'inquiètent du pullulement de groupes Wahhabites soutenu par l'Arabie saoudite et en liaison avec des djihadistes syriens. Dès 2011, le major général (er) Afsir Garim avait mis en garde contre les menaces des fondamentalistes (voir http://www.indiandefencereview.com/interviews/the-new-fun... ) Le danger n'a fait que s'aggraver depuis. Il en est de même en Malaisie où le diplomate (er) Dennis Ignatius ne cesse de dénoncer la « saoudisation » de l'Asie du sud-est. Ceci a été exploité par Daesh qui a créé une unité combattante de langue malaise, la Katibah Nusantara Lid Daulah Islamiyyah ila.

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Il faudrait se demander par ailleurs pourquoi les Etats asiatiques menacés par un terrorisme largement financé et instruit par l'Arabie saoudite ne s'unissent pas enfin pour obliger, si besoin par les armes, le Royaume à cesser de nuire. La même question se pose à l'égard des pays européens. La réponse sera toujours la même. Ryad est inattaquable, compte tenu des ressources pétrolières qu'il détient et dont profitent tous ces Etats, notamment sous la forme de commandes à leur industrie civile ou militaire. Comme par ailleurs, s'en prendre directement à l'Arabie saoudite serait s'en prendre directement au lobby militaro-pétrolier américain, on comprend que les volontaires ne se précipitent pas.

Note. Pour plus de détails, voir atimes.com daté du 9 février 2016 mais encore utile

http://atimes.com/2016/02/asian-rebels-in-aleppo-western-blind-spot/

 

mardi, 20 septembre 2016

Elections régionales de Berlin: la chute de la maison CDU

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Elections régionales de Berlin: la chute de la maison CDU

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Selon les données de 19h46 (en France), les élections régionales de Berlin confirment les craintes de la chancelière Angela Merkel même si l’AFD n’a pas obtenu le résultat espéré.

Avec 23,2% des voix, la SPD recule de près de cinq points et paie ainsi le prix de sa grande coalition nationale avec la CDU. Même si elle reste le premier parti du Land, elle est sévèrement remise à sa place. La CDU avec 17,9% des voix perd aussi plus de cinq points (-5.4) et n’est pas en meilleure situation. Les deux partis fondamentaux du système allemand à Berlin sont donc seulement aux alentours de 40%. La sanction est dure.

Avec 16,7% des voix, les Verts (Grünen) sont troisième avec 16,7% des voix. Ils ne perdent qu’un point environ. Ce n’est pas un grand succès pour eux, même s’ils évitent de perdre des voix, dans un contexte migratoire où leur laxisme légendaire aurait pu leur jouer des tours. Die Linke avec 16,2% progresse de 4,5 points ce qui est considérable. Les voix perdues par la SPD se sont massivement reportés en faveur du mouvement issu de l’ancien SED d’Allemagne de l’Est.

Les libéraux (FDP) avec 6,5% des voix auront également des élus, progressant de 4,7 points au détriment de la CDU. Ils remontent péniblement la pente.

L’AFD de Frauke Petry, avec 11,8% des voix, réussit une belle performance et s’impose au moins comme la 5ème force de la capitale. Quand on compare le vote AFD à Berlin avec le vote FN à Paris intra muros, on peut considérer le résultat de l’AFD, qui avait été victime ces dernières semaines d’une campagne diabolisatrice très dure, comme un succès majeur. Les autres formations politiques sont réduites aux Pirates (1,7% , -7,2) qui s’effondrent littéralement, notamment en faveur de l’AFD, et aux autres listes autour de 6% des voix.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

PS: à 20:57, les résultats provisoires sont un peu différents. 21,5% pour la SPD, 17,6% pour la CDU, 15,7% pour Die Linke, 15,2% pour les Verts, 14,1% pour l'AFD (ce qui est un bien meilleur score), 6,7% pour le FDP et sans doute 0,8% pour la NPD (non confirmé).

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lundi, 19 septembre 2016

Washington va-t-il renoncer à faire tomber Bashar al Assad?

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Washington va-t-il renoncer à faire tomber Bashar al Assad?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La trève négociée entre rebelles « modérés » et forces du régime, sous la tutelle de John Kerry et Serguei Lavrov, va-t-elle tenir? Officiellement, celle-ci à pour objectif de venir au secours des habitants d'Alep mais surtout d'unir toutes les parties dans un objectif commun: combattre et éradiquer Daesh dans la région. Mais il été stipulé aussi qu'elle devrait permettre d'entreprendre des négociations pour obtenir de Bashar el Assad d'accepter la mise en place d'un « gouvernement de transition ».
 
Ceci pourrait entrainer le maintien de Bashar al Assad pendant un certain temps et l'impossibilité de le voir remplacer par un gouvernement syrien aux ordres de Washington (puppet). Il en résulterait aussi une légitimité russe renforcée à se maintenir dans la région.

Or il faut rappeler que la chute de Bashar el Assad, allié des Russes, a toujours été la volonté des Etats-Unis, relayés par leurs amis de l'axe oléo-sunnite, Arabie saoudite et Qatar notamment. Il ne date pas d'hier. Pour le lobby militaro-pétrolier américain, qui définit la politique des Etats-Unis, la mise en place à Damas d'un gouvernement servile a été depuis 2009 un objectif constant.

Pour ce lobby militaro-pétrolier, l'objectif était d'installer à Damas des couloirs sécurisés à travers lesquels pourraient circuler les produits pétroliers du Qatar, à destination de l'Europe. Il fallait surtout que ceci se fasse en pétro-dollars recyclés en bons du trésor américains au service des politiques expansionniste et militaires des Etats-Unis.

Les 1.500 km de tuyaux, au coût de $10.000 milliards, devait joindre directement le Qatar au marché énergétique européen à travers l'Arabie saoudite, la Jordanie, la Syrie et la Turquie. L'Arabie saoudite en aurait profité pour assurer sa domination sur les Etats sunnites du Golfe, conjointement avec le Qatar, principal alliée des Etats-Unis dans la région.

Ceci venait directement en contradiction avec l'objectif de Bashar al Assad visant à mettre en place un « pipeline islamique », approuvé par les Russes, qui aurait relié les champs de pétrole iraniens à travers la Syrie jusqu'aux ports du Liban. L'influence de l'Iran chiite en aurait été considérablement augmentée.

Il n'y avait pas de moyens légaux pour contrer ce projet. La seule perspective était de provoquer la chute de Bashar, fut-ce au prix de la destruction d'une civilisation syrienne qui avait plus de 5000 ans d'ancienneté.

Aussi bien, comme le révèle Robert Kennedy Jr dans son article de  Politico Why the Arabs don't want us in Syria, dès 2009, des agents de la CIA sont entrés en action pour le renverser. L'objectif était, en suscitant et armant une opposition intérieure, de provoquer un des nombreux « regime change » par lesquels l'Amérique avait affirmé son pouvoir dans une grande partie du monde et, récemment, en Irak et en Libye.

Ce n'était pas la première fois que les Etats-Unis intervenaient ainsi en Syrie. En 1949, ils avait provoqué le chute du gouvernement démocratique d'un certain président Shukri-al-Kuwaiti qui hésitait à approuver un projet américain de pipeline dit Trans Arabian Pipeline, destiné à relier les champs pétroliers de l'Arabie saoudite aux ports du Liban via la Syrie.

Malheureusement, en Syrie aujourd'hui, les choses ne se sont pas passées aussi facilement. En entrainant et finançant les extrémistes islamistes, les Américains et leurs alliés saoudiens ont provoqué des guerres qui ont tué 500.000 personnes et provoqué la fuite de 7 millions d'autres.

Sachant tout ceci, les Russes et les Iraniens ne peuvent espérer que les Etats-Unis renonceront à leurs projets traditionnels. Le départ de Bashar etl Assad en demeure la condition indispensable. Ils le poursuivront par tous les moyens à leur disposition, par la diplomatie, les services secrets et l'aide au terrorisme, à travers une opposition « modérée » armée et financée par eux.

Même si la trêve tient et réussit à soulager les populations d'Alep, la guerre civile en Syrie ne cessera pas pour autant, visant à renverser voire tuer Bashar al Assad. Le soutien militaire et diplomatique de la Russie et de l'Iran à ce dernier ne cessera donc pas non plus. Il faut le savoir.

 

Une Europe de la Défense indépendante des Etats-Unis, rêve ou possible réalité?

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Une Europe de la Défense indépendante des Etats-Unis, rêve ou possible réalité?

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Dans une déclaration commune, faite en perspective du Sommet européen de Bratislava le 16 septembre, Jean Marc Ayrault, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international et Frank-Walter Steinmeier, Ministre des Affaires étrangères de la République fédérale d'Allemagne ont appelé à différentes actions destinées à garantir le sécurité intérieure et extérieure des Etats-européens 1). Parmi celles-ci se trouve un appel à la reprise de la Coopération Structurée Permanente, autrement à la mise en place d'une Europe de la défense, disposition prévue à l'article 42-6 du Traité de Lisbonne et jusqu'à présent non mise en oeuvre.
 
Certains milieux de défense en France militent depuis des années pour que ce dispositif voit enfin le jour. D'une part il permettrait de relayer les opérations de défense à finalité européenne dont seule la France assume jusqu'à présent la charge. D'autre part il pourrait intéresser à ce thème européen majeur les grands Etats européens qui jusqu'ici s'en désintéressaient complètement, le premier d'entre eux étant l'Allemagne. Le Royaume Uni était jusqu'au Brexit, seul sensible avec la France à la nécessité d'une défense commune. Mais il avait tardé à passer des déclarations aux actes. Avec son départ de l'Union, on peut craindre que sa participation à une éventuelle défense européenne ne disparaisse complètement.

Pour beaucoup d'Européens, il n'est nul besoin d'une défense commune, s'ajoutant aux coopérations qui se sont établies depuis des années au sein de l'Otan. Mais qui dit Otan dit Etats-Unis et Pentagone. Il suffit d'examiner les évènements récents, en Ukraine et au Moyen-Orient, pour se rendre compte que les contributions européennes à l'Otan ne sont conçues par le département d'Etat et de Département de la Défense américains que comme des compléments aux objectifs militaires des Etats-Unis. Or ceux-ci engagent de plus en plus les membres de l'Otan dans une confrontation militaire avec la Russie. Certains de ceux-ci, comme la France et l'Allemagne, ont dit avec il est vrai une certaine mollesse, qu'ils ne la souhaitaient pas.

En principe, une Europe de la défense devrait reposer sur les seules contributions des Etats européens, servir les finalités de sécurité et de défense propres de ceux-ci, et se rendre indépendante des objectifs diplomatiques et militaires des Etats-Unis.

Il est donc intéressant de voir enfin l'Allemagne et la France s'entendre sur la nécessité de mettre en place une Coopération Structurée Permanente concernant en priorité l'élaboration d'une future Europe de la Défense indépendante des Etats-Unis et servant les intérêts stratégiques européens, non seulement à l'Est, mais dans le monde entier.

Concrètement, le document signé par les deux ministres de la défense Ursula Van der Leyen et Jean-Yves Le Drian propose la mise en place d'un Quartier général permanent européen et d'un commandement médical conjoint, le partage d'un centre logistique pour les équipements stratégiques, de même que le partage du renseignement et de la surveillance satellitaires.

L'Eurocorps, à Strasbourg, pourrait contribuer à la planification d'opérations. La capacité de déploiement des «groupements tactiques» (jusqu'ici jamais utilisés) serait facilitée. Et un budget européen unique serait consacré à la recherche militaire commune, ainsi qu'au développement de matériels communs (satellites, drones, cyberdéfense...).

Ceci dit, ces intentions ont-elles la moindre chance de se concrétiser?

Les dépenses communes qu'il faudra consentir, non seulement en termes d'effectifs mais pour la mise au point, notamment au sein de l'Agence européenne de défense, de systèmes d'armes nouveaux indépendants de ceux que veut imposer l'Amérique, nécessiteront d'importants crédits supplémentaires. L'austérité actuelle, imposée par l'Union européenne, rendra la chose difficile.2)

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Mais il y a plus grave. Il s'avère que le projet franco-allemand a été mis au point en marge du sommet de l'Otan tenu à Varsovie en juillet 2016. A propos de ce projet, Mme Van der Leyen a indiqué à Reuters : «c'est ce que les Américains attendent de nous». Quant à la volonté éventuelle du gouvernement allemand actuel de se dégager de l'emprise américaine, on peut en douter. La vingtaine de bases militaires américaines existant en Allemagne ne disparaitront pas pour autant. La chancelière Merkel a toujours pris le parti des Etats-Unis dans les domaines diplomatiques et de défense. On ne voit pas pourquoi elle changerait, ni pourquoi d'éventuels successeurs adopteraient des points de vue différents.

Seule la France, à supposer que de nouvelles majorités ne décident pas de faire complètement le jeu de l'Amérique, pourrait conserver la volonté d'établir une Europe de la Défense relativement indépendante de Washington. Mais lorsque l'on est seul on peut difficilement prétendre à la coopération fut-elle structurée et permanente.

1) Voir « Une Europe forte dans un monde incertain »

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/royaume-un...


2) Voyez cer article dont les auteurs demandent avec raison l'augmentation du budget français de la défense jusqu'à 3% du PIB. Mais il y a suffisamment de raisons justifiant cette augmentation sans mentionner une menace russe qui, vis-à-vis de la France, est totalement inventée par les Etats-Unis.

https://theconversation.com/defense-nationale-3-du-pib-un...

dimanche, 18 septembre 2016

Obama voert voorstel Donald Trump uit en geeft Syrië over aan Rusland en Turkije

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Obama voert voorstel Donald Trump uit en geeft Syrië over aan Rusland en Turkije

Geen verrassing: Amerikaanse regering laat voorheen gesteunde moslimrebellen in de steek, en levert de Koerden uit aan Erdogan

Turken mogen van Rusland 4000 km2 stuk Syrië bezetten


De Russische minister Sergei Lavrov en zijn Amerikaanse collega John Kerry. Op aandringen van de Amerikanen werden de details van de Syriëdeal niet bekend gemaakt. Dat is met duidelijke reden, want dan zou blijken dat de VS een feitelijke nederlaag heeft moeten slikken.

De media berichten met grote koppen dat Rusland en de VS akkoord zijn over een wapenstilstand in Syrië. Lezen we de artikelen, dan blijken die verbijsterend weinig details te bevatten en blijft het bij algemene termen zoals het mogelijk maken van het geven van humanitaire hulp in de belegerde gebieden, waaronder Aleppo. Dat president Obama niets loslaat over de inhoud van de deal is begrijpelijk als bedacht wordt dat hij met zijn 180 graden ommekeer niet de lijn van zijn gedroomde opvolger Hillary Clinton volgt, maar exact de voorstellen van de door hem zo gehate Republikeinse kandidaat Donald Trump heeft overgenomen.

Trump zei maanden geleden al dat het de Russische president Vladimir Putin zou moeten worden mogelijk gemaakt de oorlog in Syrië te beëindigen. Hij wees terecht op de harde feiten dat de Russen in veel kortere tijd vele malen effectiever bleken te zijn in hun strijd tegen ISIS dan de Amerikanen, die in werkelijkheid niet de jihadisten, maar de Syrische president Assad probeerden te verslaan.

Obama laat rebellen in de steek

De doorgaans goed ingelichte inlichtingen- en defensiespecialisten van het Israëlische DEBKAfile schrijven dat het geen wonder is dat de details van de Syriëdeal niet naar buiten worden gebracht, omdat daaruit zou blijken dat de moslimrebellen in het gebied rond Aleppo en misschien zelfs wel in heel Syrië, door Obama in de steek zijn gelaten. ‘De Syrische rebellen zitten nu in de val tussen zowel de Russisch-Turkse overeenkomst als de Russisch-Amerikaanse overeenkomst, waarbij de strop om hun nek schijnbaar wordt aangetrokken.’

Turken mogen van Russen groot stuk van Syrië bezetten

De eerstgenoemde Russische deal met de Turken werd beklonken in de gangen van de G20 top in het Chinese Hangzhou, waar Putin en zijn Turkse collega Erdogan besloten om gezamenlijk de Amerikanen feitelijk uit Syrië te stoten. Putin gaf Erdogan het groene licht om een circa 4000 vierkante kilometer groot stuk van het noorden van Syrië te bezetten, zogenaamd als een ‘veiligheidszone’ die onder totale controle van het Turkse leger zal komen te staan. Putin beloofde Erdogan dat de Russen daar niet langer militair zullen optreden.

In ruil daarvoor beloofde Erdogan zijn steun aan de pro-Amerikaanse en pro-Saudische rebellengroepen, die tegen het leger van Assad en diens bondgenoten vechten, op te geven. Met deze Turkse concessie in de hand kon Putin de deal aan zijn bondgenoot Assad verkopen, die zelf moest beloven om in het afgesproken gebied geen bombardementen meer uit te voeren (2). Erdogan hield het immer naïeve Europa vervolgens voor het lapje door te beweren dat de bezette zone bedoeld is als veilige haven voor Syrische vluchtelingen, waardoor de migrantenstroom naar Europa zou kunnen verminderen.

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Koerden overgegeven aan Erdogan

Misschien wel de grootste slachtoffers naast de Syrische bevolking zijn de Koerden, want die worden nu ook officieel aan hun lot overgelaten door Obama, en uitgeleverd aan de Turkse dictator. De seinen stonden al op rood voor de Koerden nadat vicepresident Joe Biden de Koerden vorige maand beval om zich ten oosten van de Eufraat terug te trekken. De Koerden zijn de afgelopen jaren juist één van de meest effectieve krachten in de strijd tegen ISIS geweest. Nu worden deze bondgenoten ook door de Amerikanen plotseling ‘terroristen’ genoemd, precies waar Erdogan op uit was.

Putin behaalt successen op Obama

Dat de Russen geen Amerikaanse bemoeienis meer dulden bleek uit een niet gerapporteerd incident boven de Zwarte Zee, waar een Russisch SU-25 gevechtsvliegtuig een Amerikaanse P8, ontwikkeld voor elektronische oorlogsvoering tegen grond- en zeedoelen, dwong om zijn koers te wijzigen.

Putin behaalde nog een succes op Obama, namelijk door de Israëlische premier Netanyahu en Palestijnse leider Abbas zover te krijgen om onder Russische supervisie opnieuw te gaan praten over een eventueel vredesverdrag.

‘Zolang ze het met elkaar uithouden’

De conclusie van de Israëlische specialisten is overigens veelzeggend: ‘Alle spelers in de regio zullen zonder twijfel nauwlettend volgen hoe het ‘Russische pad’ van Turkije zich zal ontvouwen, en hoe lang de verstokte opportunisten het met elkaar uithouden.’ (1)

Dat brengt ons bij een herhaling van wat we al vaker schreven, namelijk dat de samenwerking tussen Rusland en Turkije –al eeuwen gezworen vijanden- er hoogstwaarschijnlijk enkel is gekomen omdat beide partijen zoveel mogelijk gebruik van elkaar willen maken om de eigen doelstellingen te verwezenlijken. Vooral Erdogan is in vrijwel al zijn internationale afspraken een uitermate onbetrouwbare partner gebleken. Hij zal de deal met Putin dan ook net zo makkelijk weer lozen als dat hij deze nu gesloten heeft.

Staakt-het-vuren maakt weinig kans

De overeenkomst moet op maandag ingaan. Dit weekend blijkt door de strijdende partijen in Aleppo te worden gebruikt om er nog eens een schepje bovenop te doen, en te proberen om een zo goed mogelijke positie te behalen zodra het staakt-het-vuren in werking treedt. Omdat diverse groepen al hebben laten weten geen enkel vertrouwen in de afspraken te hebben, vermoeden we dat er al vanaf maandag continu schendingen zullen zijn, en de burgeroorlog feitelijk gewoon doorgaat.

Xander

(1) DEBKA
(2) Zero Hedge

Zie ook o.a.:

29-08: Invasie Syrië: Turkije voert met Amerikaanse steun totale oorlog tegen de Koerden (/ Koerdische Peshmerga en YPG slaan na Amerikaans verraad handen ineen tegen Turken – Stilzwijgende instemming Europa met Turkse invasie doet denken aan Hitlers onbestrafte verovering van Sudetenland, de militaire aanloop naar WO-2)
25-08: Exact 500 jaar na eerste Turkse veroveringsoorlog is nu de tweede begonnen
09-08: Onrust in Israël over toenadering Turkije, Rusland en Iran

vendredi, 16 septembre 2016

USA, l'hyperdésordre du pouvoir à ciel ouvert

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USA, l'hyperdésordre du pouvoir à ciel ouvert

Ex: http://www.dedefensa.org

Le rapport de Bill Van Auken de WSWS.org du 16 septembre (15 septembre en version originale anglaise) (*) sur les tensions entre le Pentagone et le département d’État pour ce qui concerne l’accord de cessez-le-feu en Syrie, élaboré par les USA (Kerry) et la Russie (Lavrov), est particulièrement intéressant en ce qu’il rassemble d’une façon significative les signes publics de cette tension. Il s’agit essentiellement de ce qu’on pourrait qualifier de “révolte ouverte” (publique, donc) du Pentagone contre l’accord élaboré par Kerry-Lavrov et accepté par Obama du côté US ; “révolte ouverte”, de communication essentiellement, avec l’attente d’un effet important. Le texte de WSWS.org rassemble toutes les déclarations de chefs militaires et civils du Pentagone, avec notamment une part très importante prise par les militaires dont il s’avère de plus en plus évident que le terne Ashton Carter (le secrétaire à la défense) n’est que le porte-parole extrêmement obéissant.

Il est incontestable que les déclarations des chefs militaires sont extrêmement tranchantes et remarquables par leurs conséquences politiques. Littéralement, ces chefs, qui ont la charge opérationnelle de la région, parlent comme s’ils se réservaient le droit de décider s’ils collaboreront ou non avec les Russes ; c’est-à-dire qu’ils se réserveraient le droit de décider d’appliquer ou non un des points essentiels d’un accord négocié et signé avec les Russes par le Secrétaire d’État, et approuvé par le président lui-même. Kerry a réagi avec modération et le grand sens du compromis qu’on lui connaît à ce raidissement public des chefs militaires qui a un aspect sensationnel malgré le faible écho rencontré (mais notre attention est tant sollicitée par ailleurs...) ; qui a fort peu de précédent, sinon aucun, dans l’expression publique de ce qui ne peut être considéré dans sa logique extrême que comme un refus pur et simple d’obéissance. Vipérin, Bill Van Auken note que « [l]es remarques de Kerry expriment les relations réelles au sein de l’appareil d’État américain, l’influence prépondérante de l’immense appareil militaire et de renseignement et sa capacité à exercer de fait un droit de veto sur les responsables civils élus du pays ».

Effectivement, nous serions conduits à considérer de façon beaucoup plus dramatique l’attitude des militaires US, surtout en raison de leur expression publique dans des cadres hors du circuit militaire. Il s’agit d’une véritable volonté de s’affirmer sur la scène publique washingtonienne comme pouvoir et puissance autonomes, se jugeant eux-mêmes plus aptes que le secrétaire d’État et même que le président lui-même à déterminer ce qui représente la meilleure défense des intérêts stratégiques des USA. Le Pentagone considère depuis un certain temps, avec une irritation croissante, que Kerry manœuvre pour obtenir un accord à tout prix avec les Russes ; que le président est totalement engagé dans la politique partisane d’une campagne présidentielle en pleine crise d’une part, qu’il est surtout préoccupé d’autre part de laisser l’image d’un “président de paix” et qu’il est ainsi favorable à un accord également “à tout prix” avec les Russes sans réellement s’intéresser à son contenu. Ce point de vue du Pentagone implique également que les militaires jugent, dans la situation présente et le contexte qu’on connaît, à la fois Kerry et Obama en position de faiblesse.

En fonction de cette situation, les militaires font une sorte d’OPA publique sur le pouvoir de décision en matière stratégique, et ils le disent sans la moindre vergogne, s’adressant directement au “parti de la guerre” pour obtenir son soutien. Ils l’auront ou l’auraient sans aucun doute si besoin est/était, avec des personnages tels que McCain et Lindsay Graham au Sénat, qui exercent une influence énorme en cette matière et qui sont évidemment des maximalistes en toutes les matières possibles, y compris la psalmodie habituelle du “Assad Must Go” lorsqu’il s’agit de la Syrie, avec haine antirusse comme refrain. De ce point de vue, l’“absence de vergogne” des militaires pour intervenir de façon voyante et en publique n’est ni un défi gratuit, ni une maladresse, etc., mais bien une manœuvre tactique inhabituelle mais rendue nécessaire et assez peu risquée dans la situation actuelle pour affirmer leur position, l’expliciter, et obtenir le soutien public (du “parti de la guerre”) qu’ils recherchent.

Par conséquent et comme le montre cette analyse, nous aurions une vision assez nettement différente de celle de WSWS.org, qui tend à classer cette réaction des militaires comme une sorte d’attitude “normale”, “réglementaire” si l’on veut, en raison de la répartition des pouvoirs (l’idée d’un “droit de veto” des militaires sur la politique de sécurité nationale du pays) à l’intérieur de la machinerie du “pouvoir impérialiste” de Washington. Cela implique un rangement et un classement extrêmement précis et sérieux des différents pouvoirs, les uns par rapport aux autres, avec bien entendu une prédominance indiscutable du “pouvoir militaire”. (Cette façon de juger est très caractéristique des trotskistes, et donc de WSWS.org qui s’affirme si complètement dépositaire de la pensée et des méthodes originales et originelles du courant en question conservé dans sa vertu fondamentale. Nul doute que si les trotskistes venaient au pouvoir, nous aurions droit à un rangement également on ne peut plus sérieux et tiré à quatre épingles, avec réglementation intraitable, notamment de la liberté en première place.)

Au contraire, nous pensons que le pouvoir, d’habitude en grand désordre à Washington avec effectivement ces différents centres de pouvoir exerçant leur influence à différents degrés et avec un succès variable selon les circonstances mais toujours avec une discrétion de bon aloi, “entre copains et coquins”, est désormais plongé dans un hyperdésordre, de la sorte qui se voit sur la place publique, et même qui s’y montre sinon qui s’y pavane. La période se prête évidemment à cette sorte de démarche avec une fin de mandat extraordinairement agitée, une campagne présidentielle d’une intensité et également d’un désordre sans précédent, où le président lui-même est partie prenante simplement parce qu’il entend que “la suite” aille aux démocrates, pour poursuivre sa politique si couronnée de succès juge-t-il, et ainsi assurer son héritage aux yeux de l’histoire. La conséquence est évidemment une position présidentielle extrêmement affaiblie (le président, officier suprême, ou “juge” suprême des politiques à suivre, devenu complètement “partisan” est perçu comme ayant cédé au niveau de la fonction car l’on ne peut être “juge et partie”). Le Pentagone et les militaires jouent donc leur jeu, sans la moindre hésitation, en affichant publiquement une position qui n’est pas loin du simple refus d’obéissance sans trop de risque.

De son côté, Kerry a suffisamment montré de signes de faiblesse à diverses occasions, d’absence complet de caractère, vis-à-vis d’autres départements aussi bien que de certains de ses services (notamment les extrémistes type-Nuland), pour qu’on ne s’étonne pas de le voir lâcher du lest face aux militaires. Reste à voir jusqu’où il est prêt à reculer, soutenu par une planche pourrie nommée Obama qui n’hésiterait pas à le désavouer au profit des militaires si tel était son intérêt. Le point d’interrogation sur cette évolution en-écrevisse concerne le fait que les deux hommes (Kerry comme Obama) ont tout de même certains intérêts, ne serait-ce qu’au niveau de la satisfaction de certains traits de caractère comme la vanité ou l’autoglorification, alors que le revers de leur faiblesse (pour les militaires) est que cette faiblesse, conditionnée par un calendrier de fin de règne, signifie également qu’ils n’ont plus grand’chose à perdre dans cette aventure du strict point de vue de la politique elle-même.

Bref, le spectacle est évidemment pitoyable, exactement dans cette mesure où l’on sait, dans l ‘état des choses et la situation courante, qu’il ne peut être que pitoyable après tout. Les militaires sont très durs et presqu’anticonstitutionnels parce qu’ils ont en face d’eux une mollesse et une dissolution en pleine activité. Les Kerry-Obama reculent parce que c’est dans leurs habitudes et qu’ils n’ont plus rien à gagner du fait que le temps leur est compté ; ils seront prêts à reculer sans doute jusqu’à ce qu’ils réalisent que le “ils n’ont plus rien à gagner” peut également se décliner comme “ils n’ont plus rien à perdre”... Pour notre compte, nous estimons qu’il n’y a pas grand’chose à attendre de cette bataille d’aveugles dans un tunnel, ce qui est une façon comme une autre de décrire le pouvoir aujourd’hui à Washington. Le désordre est total, jusqu’à l’hyperdésordre, donc partout règnent l’impuissance et la paralysie.

Quant aux supputations de WSWS.org sur les réticences des militaires US à partager leurs innombrables petits secrets de procédure avec les Russes, il s’agit là d’une évidence qui ne prouve pas nécessairement la préparation d’une attaque imminente. Les militaires US procèdent de même avec leurs plus fidèles alliés, y compris les Britanniques dans les campagnes militaires, qui en sont réduits au rang d’exécutants aveugles. (Nous rappellerons l’anecdote plaisante venue d’une haute autorité militaire française à propos d’une rencontre des trois chefs du renseignement militaire d’Allemagne, de France et de UK lors de la guerre du Kosovo de 1999, avec le Britannique paradant avantageusement en affirmant qu’il en savait beaucoup grâce à ses liens “privilégiés” avec les USA, mais qu’il ne pouvait rien dire ; jusqu’à ce que les Français, qui jouait alors en indépendant, – temps heureux où la France existait encore, – s’aperçoive dans la discussion, selon ce qu’il en savait grâce à ses propres moyens nationaux, que le Britannique, bien au contraire, n’était au courant de rien au nom de ses liens “privilégiés” avec les USA et que lui, le Français, en savait beaucoup plus, notamment sur les activités des forces US, et particulièrement les vols ultrasecrets des B-2 dont les Britanniques ignoraient tout.)

... Bref et pour couper court, nous dirions que l'on n'attend plus, à Washington, que la venue d'un Trump président, lui qui entend faire valser les généraux.

dedefensa.org

Note

(*) Il est à noter que le texte de WSWS.org, que nous reprenons ci-dessous dans sa version française, a été repris intégralement par Russia Insider le 15 septembre, naturellement dans sa version anglaise. Nous signalons la chose parce que WSWS.org a une attitude bien connue, austère et extrêmement caparaçonnée dans son idéologie trotskiste, et donc ce site plus que méfiant, sinon hostile à établir des liens même de simple manipulation courante dans le monde des réseaux, avec d’autres sites, notamment ceux qui sont à haute visibilité et en anglais bien entendu, qui sont nettement de tendances politiques très différentes même s’ils sont objectivement antiSystème, – cas de Russia Insider, bien entendu. Il s’agit donc d’une entorse à une tradition bien établie qui est peut-être un signe du renforcement ponctuel des collaborations antiSystème, – à moins que RI ait agi sans aucune consultation de WSWS.org, ce qui laisse alors ouvertes toutes les possibilités de réactions et d’interprétations. Quant à dedefensa.org, qui a déjà repris des textes de WSWS.org, évoluant en français avec au cœur un penchant pour une vision suprahumaine des choses, il a jusqu’ici échappé à la vindicte possible de WSWS.org, si WSWS.org s’est aperçu de quelque chose...

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Le Pentagone défie ouvertement le cessez-le-feu USA-Russie en Syrie

Pendant que Washington et Moscou convenaient mercredi de prolonger un accord de cessez-le-feu durant encore 48 heures, les déclarations des [dirigeants] civiles et [militaires] du Pentagone ont soulevé des [réserves] sérieuses quant à savoir si les haut-gradés de l’armée américaine sont prêts à se conformer à l’accord. Derrière ces divisions il y a non seulement des préférences tactiques divergentes pour la poursuite des intérêts impérialistes américains en Syrie, mais aussi des [préoccupations] beaucoup plus graves au sujet des tensions militaires croissantes entre les États-Unis et la Russie elle-même.

L’accord de trêve, qui est entré en vigueur lundi, fut négocié entre le ministre américain des affaires étrangères John Kerry et le russe Sergueï Lavrov lors de pourparlers prolongés à Genève à la fin de la semaine dernière. Il appelle à un cessez-le-feu de sept jours, à être renouvelé toutes les 48 heures dans la mesure où il y a une cessation des violences. Après cela, les forces américaines et russes commenceraient à coordonner leurs opérations en Syrie, mettant en place un “centre conjoint de mise en œuvre” et le partage des renseignements de ciblage pour les frappes contre à la fois l’État islamique (ÉI) et le Front al-Nusra, affilié d’Al-Qaïda en Syrie, qui s’est récemment rebaptisé Jabhat Fatah al-Sham, ou Front pour la Conquête de la Syrie.

L’accord a ravivé les vives tensions au sein du gouvernement Obama au sujet de la guerre par procuration de l’impérialisme américain pour le changement de régime en Syrie. Ces divisions [avaient] violemment fait surface précédemment [lorsque] le président Barack Obama n’a[vait] pas utilisé une plus grande puissance militaire pour faire respecter sa demande que le président Bachar al-Assad quitte le pouvoir et, en particulier, en septembre 2013, après que les États-Unis avaient reculé après leur menace de mener un assaut Shock-and-Awe” (choc et effroi) sur Damas avec comme prétexte la fausse accusation selon laquelle le gouvernement Assad aurait utilisé des armes chimiques contre des civils. Washington préféra accepter un accord négocié par la Russie pour le désarmement chimique de la Syrie.

Plus récemment, quelque 50 fonctionnaires du ministère des affaires étrangères ont [diffusé] une note de dissidence interne en juin, demandant que les États-Unis lancent des frappes aériennes contre le gouvernement syrien, prétendument comme moyen de mettre un terme à l’effusion de sang des cinq ans de guerre que Washington lui-même a provoqués pour obtenir un changement de régime. Les désaccords actuels sont beaucoup plus inquiétants, cependant, [parce qu’ils] opposent les commandants militaires d’active américains à la politique du gouvernement, ce qui pose implicitement un défi au principe constitutionnel du contrôle civil de l’armée.

Selon un rapport publié mercredi dans le New York Times, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a été le premier à exprimer l’opposition de l’armée la semaine dernière lors d’une conférence téléphonique dans laquelle Kerry préconisait l’acceptation de l’accord avec la Russie. Kerry « s’est [senti] de plus en plus frustré » au fur et mesure que le débat se prolongeait pendant des heures avant qu’Obama n’approuve finalement l’accord, a rapporté le Times. Même après que l’administration ait décidé de cette politique, les commandants supérieurs en uniforme ont ouvertement exprimé des réserves, sinon une opposition catégorique.

Interrogé dans une téléconférence de presse [sur le fait de savoir] si les militaires se conformeraient aux termes de l’accord et partageraient des renseignements avec les Russes après la fin de la trêve de sept jours, le lieutenant général Jeffrey Harrigian, le commandant du Commandement central des forces aériennes des États-Unis, qui dirige la campagne de bombardements en Irak et en Syrie, a répondu : « Je pense que… il serait prématuré de dire que nous allons sauter en plein dedans. Et je ne dis pas oui ou non. La décision de l’armée va dépendre de ce que le plan sera finalement », a-t-il indiqué. Harrigian a dit des Russes, « Je ne vais pas dire que je leur fais confiance ».

Cette position a été soutenue par le général Philip Breedlove, qui a quitté le poste de Commandant suprême des forces alliées de l’OTAN en mars dernier seulement. « Je reste sceptique sur quoi que ce soit à voir avec les Russes », a-t-il déclaré au Times dans un entretien. « Il y a beaucoup de préoccupations au sujet de ce que nous ferons là où nos gens se trouvent ».

Par “nos gens”, Breedlove faisait apparemment référence aux diverses milices islamistes que Washington, en collaboration avec ses alliés régionaux, l’Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar, a payées et armées. L’une des principales pierres d’achoppement de l’accord de cessez-le-feu est que les États-Unis sont censés faire en sorte que leurs forces par procuration se séparent des forces d’Al-Qaïda avec lesquelles elles sont alliées et desquelles, dans de nombreux cas, elles sont indiscernables.

Le ministère russe des Affaires étrangères a rapporté que dans une conversation téléphonique avec Kerry mercredi, Lavrov « a souligné que Washington devrait tenir sa promesse d’écarter les groupes de ‘l’opposition modérés’ des groupes de l’ancien Front al Nosra et d’autres qui ont littéralement fusionné avec celui-ci ». Ces forces par procuration ont exprimé leur opposition à une telle séparation et il est loin d’être [assuré] qu’[elles] puissent survivre sans être intégrées aux milices d’al-Qaïda, qui constituent l’épine dorsale des soi-disant “rebelles”.

Ces déclarations ont été suivies mercredi d’un discours prononcé à l’Institut pour l’étude de la guerre à Washington par un général de l’US Army, Joseph Votel, le commandant du Commandement central des États-Unis, qui a exprimé des réserves similaires au sujet de l’accord de cessez-le-feu syrien. « Nous devons voir comment cela va se présenter d’abord […] voir la direction que ça va prendre […] si oui ou non cela se matérialisera effectivement, je ne sais pas », a-t-il déclaré. Votel a ajouté : « Il y a un déficit de confiance avec les Russes. Leurs objectifs ne sont pas clairs pour nous. Ils disent une chose et puis ils ne s’y conforment pas forcément. »

Des sentiments similaires ont été exprimés la veille dans un discours prononcé devant le Conseil de l’Atlantique par le sous-secrétaire de la Défense pour le renseignement Marcel Lettre, qui a [pastiché] la traduction anglaise du proverbe russe répété sans cesse par Ronald Reagan au cours des négociations avec l’Union soviétique dans les années 1980 sur les traités d’armes nucléaires. « Méfiance mais vérification, a déclaré Lettre, cela peut s’appliquer un petit peu dans ce cas ». Il a convenu que les « services de renseignement et le ministère de la Défense soutiennent fortement le nouvel accord » tant que « les étapes se déroulent selon notre façon de voir les choses ».

En réponse à ce roulement des tambours d’opposition militaire, Kerry a prononcé une modeste défense de l’accord qu’il a négocié dans un entretien avec la National Public Radio mercredi insistant pour dire qu’Obama soutient l’accord et est prêt à le mettre en œuvre. « Eh bien, le président des États-Unis est prêt et je pense que l’armée sera donc prête », a-t-il dit. « Personne ne demande aux gens [de transgresser] nos principes, mais il est important pour nous de respecter notre engagement dans l’accord ». Le [secrétaire d’État] « pense » que le Pentagone est prêt à se conformer à un accord approuvé par le président américain, tout en soulignant qu’il ne demande pas aux [chefs] militaires d’« abandonner leurs normes ». Les remarques de Kerry expriment les relations réelles au sein de l’appareil d’État américain, l’influence prépondérante de l’immense appareil militaire et de renseignement et sa capacité à exercer de fait un droit de veto sur les responsables civils élus du pays.

[L’opposition] entre Kerry et les militaires est lié[e] aux priorités contradictoires dans la poursuite par les États-Unis de leur politique impérialiste à l’échelle mondiale. Le soutien de Kerry et d’autres pour le cessez-le-feu n’est motivé par aucun souci humanitaire pour l’effusion de sang en Syrie, mais par leur désir d’utiliser la collaboration avec la Russie comme un moyen de sauver au moins une partie des forces par procuration qu’ils ont soutenues, lesquelles sont au bord d’une déroute complète [face] aux forces gouvernementales soutenues par la Russie. [Kerry & Cie] espèrent pouvoir employer une combinaison de diplomatie et de menaces militaires pour faire pression sur Moscou de sorte qu[e la Russie] se résigne à quelque chose qui ressemblerait au changement de régime que Washington a recherché avec son intervention sanglante en Syrie au cours des cinq dernières années.

Pour leur part, les [orientations centrales] du commandement militaire américain se concentrent de plus en plus sur les préparatifs d’un conflit militaire direct avec la Russie. Des réserves concrètes ont été soulevées quant aux partage des informations permettant de viser des cibles de l’État islamique et du Front al Nosra – en dehors du fait que ce sont les principaux combattants soutenus par les États-Unis pour renverser le régime – car cela pourrait fournir à la Russie des renseignements sur les protocoles militaires des États-Unis que Moscou pourrait utiliser pour se défendre contre des frappes aériennes en Russie ou dans son voisinage proche.

Dans des conditions où les États-Unis renforcent leurs forces depuis l’Europe orientale et les anciens États baltes jusqu’à la mer Noire dans un encerclement de la Russie de plus en plus agressif, [cette tendance] est devenue une préoccupation majeure. L’hystérie antirusse générée par les médias capitalistes américains – avec en tête le New York Times – au sujet d’une implication supposée du Kremlin dans le piratage du Parti démocrate et d’allégations que Donald Trump serait manipulé par Poutine est entièrement liée à ces préparatifs de guerre.

L’émergence de divisions entre l’armée et le gouvernement Obama sur l’accord convenu avec Moscou sur la Syrie constitue un avertissement urgent que le risque de guerres encore plus sanglantes, et même d’une conflagration nucléaire, ne cesse de croître.

Bill Van Auken, WSWS.org

mercredi, 14 septembre 2016

Les trois hégémonies et l’impuissance dramatique des Européens

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Les trois hégémonies et l’impuissance dramatique des Européens

par Gérard Dussouy, professeur émérite à l’université de Bordeaux

Ex: http://metamag.fr

Le monde postmoderne, celui d’après la modernité occidentale finissante, entérine l’achèvement du cycle de l’État-nation européen (forme politique canonique de la dite modernité) commencé avec les traités de Westphalie (1648). En effet, avec la globalisation, à l’œuvre depuis la fin des années 1980, il apparaît de plus en plus clairement que la planète est entrée dans un nouveau cycle politique, identifié par Robert Gilpin comme étant celui État-continent efficacement structuré, met en présence, aujourd’hui, trois types d’hégémonies (en fonction des facteurs dominants respectifs) : l’hégémonie occidentale/américaine, l’hégémonie chinoise et l’hégémonisme musulman.

Les deux grandes hégémonies concurrentes

Dans la définition de l’hégémonie que retient Gilpin, la puissance étatique qui en est à l’origine est un agrégat cumulatif dans lequel le facteur économique voit sa contribution augmenter irrésistiblement (notamment au travers de ses groupes transnationaux). A partir de lui, elle étend son influence dans le monde entier et elle s’ingénie à créer des institutions internationales grâce auxquelles la force du plus fort, c’est-à-dire la sienne, se transforme en droit (Cf. le FMI, l’OMC, et une kyrielle d’institutions régionales relais).

C’est ainsi que depuis 1945, et plus encore depuis l’effacement de l’Union soviétique, l’État-continent US, sûr de sa suprématie militaire, a imposé ses normes tant en ce qui concerne l’organisation et les règles de l’agir économique, qu’en ce qu’il en va de la vie sociale et des changements sociétaux. Mais depuis quelques décennies, cette hégémonie occidentale, qui recouvre toute l’Europe, jusqu’aux portes de la Russie, doit compter avec la prétention à l’hégémonie d’un autre État-continent, la Chine. De fait, celle-ci inonde le monde de toutes ses productions, jusqu’à saturer tous les marchés, se répand dans tous les continents (et ce n’est pas qu’une image quand on considère la géographie des diasporas chinoises), de l’Asie à l’Europe, et de l’Amérique à l’Afrique (où elle met la main sur tout ce qu’elle peut), joue un rôle de plus en plus important dans les institutions internationales, accumule les devises et entend accueillir bientôt le nouveau marché de l’or ! Dans la mesure où on ne sait pas encore de quel côté la balance va pencher, on est bien dans une phase de « transition hégémonique » qui se joue, de part et d’autre du Pacifique, nouveau centre de l’arène mondiale, entre les États-Unis et la Chine. Les Européens, eux, sont au balcon ! Mais ils sont également les jouets de la compétition en cours. Ils subissent, sans réagir, les offensives commerciales et patrimoniales chinoises, et les étouffantes et très intéressées attentions d’une puissance américaine sur la défensive.

Á ces deux acteurs hégémoniques, tout compte fait classiques parce qu’ils mobilisent en priorité les moyens économiques et les ressources militaires, bien qu’ils soient les premiers dans l’histoire, et la Chine autrement plus que les Etats-Unis, à s’appuyer sur un potentiel démographique considérable, s’agrège maintenant l’aspiration à l’hégémonie de l’Islam.

L’hégémonisme musulman

L’hégémonisme musulman repose sur l’expansionnisme démographique et le prosélytisme religieux avant tout, et sur la puissance financière de manière auxiliaire. Néanmoins, il n’a pas de puissance chef de file, de centre directeur et émetteur de la dimension des deux autres. Il est polycentrique et démotique. La croissance démographique élevée de la plupart des pays musulmans conforte la religion du Livre dans un rôle international inattendu par son ampleur pour un phénomène culturel. Elle alimente des flux migratoires qui ne cessent de renforcer les diasporas installées, assez récemment, à la périphérie des espaces d’origine de l’Islam, comme en Europe où son influence augmente. Tant et si bien que la conjonction de la dynamique démographique et de l’irréductibilité religieuse des nouveaux habitants (démontrée tous les jours dans les actes civils) disloque et transforme les sociétés européennes investies. Et cela avec d’autant plus de résultats que les systèmes juridiques européens en place, et les valeurs qui les sous-tendent, sont dépassés et contre-productifs (puisqu’ils permettent à l’Islam d’imposer ses croyances) dans un contexte nouveau qui est celui d’une quasi guerre culturelle. Cette transformation est de type démotique, parce qu’elle agit par imprégnation à l’occasion d’une substitution progressive des populations immigrées à des populations autochtones qui vieillissent et qui sont frappées par la crise de la dénatalité. Elle est la conséquence du nombre qui stimule la résistance aux valeurs et aux traditions des pays d’accueil.

Enfin, ce processus spontané d’islamisation, au moins partielle, de l’Europe, présente une dimension stratégique parce qu’il est aussi encouragé par plusieurs États musulmans, au potentiel politico-militaire généralement limité, sauf la Turquie, mais qui disposent de ressources financières impressionnantes qui autorisent des acquisitions patrimoniales considérables et des soutiens généreux aux acteurs musulmans en mission.

La voie de salut de l’État européen

Toujours sous l’emprise d’une vision occidentalo-universaliste du monde qui se retourne contre eux, et sous la tutelle politique et stratégique des États-Unis, mais en même temps déstabilisés, au plan économique et donc social, par les offensives multiples et répétées de la Chine, les Européens sont confrontés aux vagues migratoires venues du sud et porteuses d’une croyance religieuse le plus souvent intolérante et parfois totalitaire.

Incapables de répondre à ce triple défi hégémonique tant qu’ils ne seront pas politiquement unis, parce que leurs États respectifs sont devenus trop faibles, ils sont directement affectés dans leurs conditions de vie, dans leurs coutumes et leurs rapports au monde, dans leurs identités. Le drame est que sans être parvenus à se débarrasser de l’hégémonie américaine, les Européens subissent déjà les deux autres, et que leur situation va empirer.


Leur seule réponse appropriée à un tel contexte est celle de l’Etat européen parce qu’il est l’unique outil politique de combat adapté aux immenses épreuves que, tous azimuts, les Européens commencent, tout juste, à entrevoir. En effet, l’Etat supranational est le seul en mesure de réunir les ressources humaines, matérielles et immatérielles, de disposer de budgets conséquents, et de fixer des stratégies à long terme, choses indispensables pour éviter le pire.

Dans ce but, les Européens actifs, et conscients de ce qui vient, doivent s’emparer de l’Union européenne et la transformer dans l’optique qui précède. La dispersion et le repli national seraient mortels. Les Anglais regrettent déjà, sans l’avouer, leur référendum (qui, il faut le souligner, parce que cela est d’importance pour la suite, ne comporte aucune obligation constitutionnelle). On peut parier qu’ils feront tout pour que le Brexit ne soit pas effectif, même s’il devait être officialisé. Les solutions de raccroc ne manquent pas.

En tout état de cause, il est clair qu’il ne faut pas fuir l’Europe, parce qu’elle est la voie de salut. Il faut comprendre que si un État est fondé sur des éléments physiques (territoire, population et organisation bureaucratique), il est aussi, et c’est essentiel, l’idée que l’on s’en fait. C’est donc aux Européens eux-mêmes de faire de l’Union (qui, telle qu’elle est, sert de prétexte à tous ceux qui rejettent l’Europe sous quelque forme que ce soit) l’État qui leur convient, qui les défend, qui porte leurs aspirations.

Les raisons d’y croire

Pour y parvenir, deux types d’acteurs existent et qui sont compatibles parce qu’ils peuvent converger dans leurs actions : les États existant et les mouvements citoyens. En effet, parmi les États, certains peuvent, ou pourraient compter bientôt, des gouvernants qui ont pris acte de toutes les dérives de l’Union européenne, de toutes ses orientations politiques nocives pour les peuples européens, de l’insignifiance ou de l’indifférence à la cause européenne de ceux qui la dirigent, et qui ont décidé de changer le cours des choses.

Ces États, bien qu’ils puissent être de dimension moyenne, pourraient alors se constituer en bloc, au sein de l’Union, pour arrêter les politiques actuelles et en exiger d’autres conformes aux intérêts des Européens (les États du groupe dit de Višegrad se concertent, ces derniers temps, pour essayer de poser les bases d’une armée européenne), aussi bien qu’ils pourraient obtenir des réformes profondes en faveur de la représentation des peuples et de leur participation au processus de décision communautaire. Agissant ainsi, ces États seraient en mesure d’en entraîner d’autres, et des plus puissants, par le biais des opinions publiques.

Cela n’est pas là qu’une hypothèse d’école, quand on pense à ce qui pourrait se passer en Europe centrale et de l’est si des États comme la Hongrie, l’Autriche et quelques autres, conscients de l’impasse que représente le repli national, s’entendaient pour changer, de l’intérieur, l’Union européenne. Il n’est peut-être pas anodin qu’à la suite de son premier échec, le candidat nationaliste à l’élection présidentielle autrichienne, Norbert Hofer, ait déclaré qu’il entendait améliorer et changer l’Union européenne, et surtout ne pas la quitter (« Ich möchte eine bessere EU und keine Austrittswelle »), sauf en cas d’une adhésion imposée de la Turquie. La prise de conscience qu’il existe un intérêt européen susceptible de transcender les égoïsmes nationaux et de trouver des règlements aux vieux différents, territoriaux ou autres, semble se dessiner, et elle devrait se confirmer compte tenu de la montée certaine du stress extérieur (invasions continues à travers les Balkans et l’Italie) et de l’imminence de la crise financière.

L’action de ces États rédempteurs, ceux à l’origine du renouveau européen, s’avèrera d’autant plus efficace qu’elle entrera en phase avec les mouvements citoyens qui commencent à émerger, ici et là, en Europe, et à constituer des fronts communs sur des résistances et des revendications variées. A partir de ceux-ci, pourra se former une opinion publique européenne, avec en son sein, la conviction selon laquelle, plus que jamais, l’Europe est le destin commun de tous ses peuples originaires, et l’État européen l’instrument de leur survie et de leur liberté. Au plan pratique, cela pourrait conduire des forces politiques à s’organiser à l’échelon supranational avec l’objectif, parmi d’autres, de faire en sorte qu’un jour le Parlement européen porte, enfin, et si l’on peut rêver dès 2019, la voix de la souveraineté populaire.

Á ce compte là, tout n’est pas perdu !

Note. Cet article paraîtra prochainement dans la revue EurHope, en langue anglaise.

Gérard Dussouy a publié un Traité des relations internationales, en trois tomes aux Éditions l’Harmattan (2009) et Contre l’Europe de Bruxelles, Fonder un État européen , aux Éditions Tatamis (2013). Une édition italienne, mise à jour et adaptée, est sortie il y a quelques mois aux Éditions Controcorrente.

mardi, 13 septembre 2016

The Empire of Mediocrity and the End of the World

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Author: Phil Butler
The Empire of Mediocrity and the End of the World
 
Ex: http://journal-neo.org

Vladimir Putin has harmed no American. Russia has not stood in the way of any American’s dream. As for the billionaires though, those American and British money bags, the Russians are posing an insurmountable hurdle for their investments. And we all know nothing can stand in the way of their progress. Unfortunately for the human race, mediocrity cannot rule either. Here is a prophesy as real as any newsreel you will view today, the “end all” conclusion for American “exceptionalism”.

Do you know where Crimea is? Seriously now, a gaff by presidential hopeful Gary Johnson the other day proved once and for all, not even educated Americans have a very big “mental map” of our world. I was a geography student first and teacher second, and I can tell you categorically that very few of America’s leaders know US history and geography, let alone world names and places. If Johnson had known where Aleppo, a city in northwest Syria was, I would have been amazed. 99% of Americans could not point to Syria on a map if their lives depended on it. Not even college students I once polled, would be able to reliably find Moscow, or even St. Louis in Missouri for that matter. Get this, if a geography bee were slated to solve world crises, the United States would end up a third world banana republic. Don’t take my word, read this study published by National Geographic, or this 2014 one from the US Government’s Accountability Office, or this Telegraph report that shows one quarter of Americans do not even know Earth revolves around the sun. Some of you will perceive my path to proving a “Putin point” later on. Others should take heed, the complacent billionaires need chastising:

“Men of age object too much, consult too long, adventure too little, repent too soon, and seldom drive business home to the full period, but content themselves with a mediocrity of success.”  Dale Carnegie

Now, on Crimea and Russian aggression is the American people are totally ignorant participants in a game of worldwide domination. Putin sending “little green men” into Crimea, his rescuing a Russian speaking population from certain denigration and torment by the Obama administration Nazi-Kiev junta, the situation did not, does not even register on my countrymen. What’s worse, even if Americans are informed and if they understand what removing language and ethnic cleansing signify, caring what happens overseas is just not something on US citizens’ “to do” list. We are “Ameri-centric” to the bone, trained, fed, and leashed to a way of thinking that is detrimental to the whole wide world. Even when Americans are “busted” being dumb on important matters, the insanity is hammered home by memes and Twitter trends making comedy of our pitiful society. Take the moment the 2007 Miss Teen USA Pageant contestant, Miss South Carolina Caitlin Upton stumbled and fell off her high heels blaming bad geography on the US having “no maps”. It was just funny, a joke, 300 million Americans guffawed over Ms. Upton’s ignorance…. But the joke was on us all.

Barack Obama is quoted as saying “I’ve now been in 57 states, I believe.” 57. Former Vice President Dick Cheney transplanted Venezuelan leader Hugo Chavez in Peru once. Ukraine civil war incendiary Senator John McCain went on national TV to proclaim Iraq borders Pakistan. Former President Gerald Ford lost an election when he proclaimed the USSR would never dominate Eastern Europe on his watch. Presidential candidate Mitt Romney figured Iran was Syria’s ally only so the former could get to the sea! (Neither nation is land locked) George Bush thought Africa was a country, Obama thinks the Atlantic Ocean is the Gulf of Mexico, and Vladimir Putin is about to invade??? Ignorance, no child left behind, Americans are truly the “sheeple”.

“There is always a heavy demand for fresh mediocrity. In every generation the least cultivated taste has the largest appetite.” Paul Gauguin

mediocrity.jpegAnd America’s appetite can no longer be quenched, enter Hillary Clinton and Donald Trump. Bred mediocrity is notion first called to my attention by my brother Tony Joyce, a self made engineer who worked his way to the top hurdling every obstacle a human can. Bred mediocrity is the natural laziness of a successful society, intersecting with a resentence of intellect. It is also a topic experts like Dr. Joe A. Mann, and others have addressed. The most notable case I found being this Harvard Business Review report characterizes Americans as being overcome by Reality Deficit Disorder. Make no mistake, there are boat loads of proof America has become the land of the incurably stupid and hapless, but the stunning writings of author Umair Haque smack us in the face. “America excels at mediocrity”, this is the undeniable truth we must come to grips with. His reportage snaps the fingers of cool reality in our faces; “What exactly is America still best in the world at?” Don’t guess, don’t wish, take time to discover exactly what we excel at these days – then evaluate the value, consider the long term, understand the pitiful fate or our nation.

But I need to tell you why, rather than pound the reality into your head. Google “mediocre America” and read up yourself – yes READ, be part of the solution. The reason “why” the whole world needs to understand America’s decline is simple.

If we go down, we’re taking a few billion with us

This Town Hall article during Barack Obama’s bout for a second term as president encapsulates all that is horrifically wrong with our system. The reasons we are going to intimately fail are in this, if one reads carefully and considers, that is. Barack Obama is the most mediocre leader in the history of the world, given the United States’ position when he took office – no empire or nation had more potential to effect positive change. But the only changes we have seen boil down to a far left wing takeover of colleges, the media, and Hollywood. The “story” force fed Americans runs so far foul of the truth, it’s inconceivable to the sentient soul. Hard news and truth are no longer appealing, Geography and even history are open to new interpretations – America is drugged into submission – and hardly anyone can escape. Brain candy, the “gravy” that coats the American psyche, it is the most deadly substance the Universe has ever known. Quoting author John Hawkins:

“The New York Times, the Washington Post, ABC, NBC, CBS, CNN, MSNBC, etc., etc., etc. act as press flacks for the Democratic Party. Whatever story the Democrats want out there, they push it. Stories that are bad for the Left are either completely ignored or treated as insignificant. When conservative state legislators help fund public colleges that teach kids to hate them and conservatives watch TV shows, movies, and cable news networks that smear their beliefs over a morning paper that mocks God and looks down its nose at people with traditional values, it’s no surprise the Left has a huge advantage. Vladimir Lenin once said,”The Capitalists will sell us the rope with which we will hang them,” and today, conservatives are funding the very people who are hanging our country by the neck until it dies.”

The aforementioned author stands a staunch right wing opinion scribe, but America needs to come back to the center. Remember what I said; “America will not go down alone?” Well, the humanity cannot afford another total collapse, we cannot survive another “Fall of Rome” – for these Romans will scorch the Earth for good. The state is set. Refugees of color in the shooting gallery, they take the place of the Jewish people for a new holocaust. Islam is the enemy, so are Russia and Vladimir Putin, and the Chinese are a colorful enemy too. American “exceptionalism” is a reality, only not a positive descriptive. We are exceptionally stupid, exceptionally callous, exceptionally selfish and greedy, a nation with one intention – to eat it up, wear it out, and use it all – we might as well go on and admit it.

“The coming years will prove increasingly cynical and cruel. People will definitely not slip into oblivion while hugging each other. The final stages in the life of humanity will be marked by the monstrous war of all against all: the amount of suffering will be maximal.” Pentti LinkolaCan Life Prevail?

When the bubble finally bursts, when these mediocre men and women who lead finally fail us, a nation so dependent on excess and eccentricity will collapse utterly. Take the dollar, for instance. What if our policy toward Russia and China is wrong? What if the Eurasian Economic Union succeeds in replacing the dollar as the medium of exchange? A loaf of bread could be $20. Supplies of 1000 products could be unattainable. A really new Great Depression could hit overnight! Many have warned of this, but few have prophesied what Americans would do. We care not to stop a million children being murdered in far off lands. Crimea is a “buzz” term by CNN to justify a new Cold War. Syria is Iraq or Afghanistan, a place where “rag heads” are slaughtered – who cares? But gas at $100 dollars a gallon, empty grocery store shelves and candle lit dinners are Hollywood sensations for Americans to discuss, over a Budweiser and a corn dog, at a Super Bowl Sunday half time. What happens if it all becomes real though?

Whoever is in charge in the White House at this moment in history will have a caveat. Bring back normal, get our cable TV back no matter the cost, nuke whoever you have to, just give us our lives back! You have to see the end of all this taking shape, I know you do. Putin attacked no one. Muslims are not the problem. Neither Republicanism nor Democratic stoicism will defend us from ourselves. Mediocrity cannot rule, but in the 21st century it can obliterate us all. I leave you with the root of our collective demise, the reason the Obama or Clinton or Trump types enthrall the masses so:

“Most of our pocket wisdom is conceived for the use of mediocre people, to discourage them from ambitious attempts, and generally console them in their mediocrity.” Robert Louis Stevenson

Phil Butler, is a policy investigator and analyst, a political scientist and expert on Eastern Europe, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
http://journal-neo.org/2016/09/12/the-empire-of-mediocrit...

lundi, 12 septembre 2016

Sur l' «amende» imposée à Apple

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Sur l' «amende» imposée à Apple

L'Europe se donne des verges pour se faire battre
 
par Jean-Paul Baquiast
 
Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le ministère des finances américain (US Treasury) se dit "très préoccupé" par la décision de la Commission européenne « CE » imposant à Apple une amende fiscale de plusieurs milliards pour dissimulation de revenus. Elle ouvre, dit-il, un dangereux précédent à partir duquel d'autres multinationales ( ndlr: principalement américaines) seraient elles-aussi « redressées ».

"L'Union européenne exerce une autorité supranationale qui bafoue les décisions fiscales prises dans chacun des Etats membres" reproche-t-il à la CE dans un courrier adressé à Bruxelles. "Le Trésor américain envisage des réponses dans le cas où la Commission européenne persévérait dans cette voie" ajoute-t-il. Autrement dit il appelle à des mesures de rétorsion permettant de ne pas appliquer la décision de la CE et de punir en contrepartie les rares entreprises européennes qui se risquent à travailler aux Etats-Unis...
Barack Obama est allé plus loin, sortant sans hésiter de ce qui devrait être une réserve diplomatique. Ainsi, a-t-il fait adresser à la CE un « Livre blanc » de 26 pages transmis à Bruxelles par l'intermédiaire de Jack Lew, secrétaire au Trésor américain, et reprenant les termes cités ci-dessus.

Pour Barack Obama, les choses sont simples. L'UE ne peut pas s'en prendre à Apple tout simplement parce qu'elle ne peut pas bafouer les lois de ses pays membres. Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux tenus par le Président des Etats-Unis lorsqu'il s'agissait de défendre Google et Facebook il y a quelques temps.

Il déclarait alors :

"Pour défendre Google et Facebook, la réponse européenne est parfois dictée davantage par des intérêts commerciaux qu'autre chose. [...] Leurs entreprises – les fournisseurs de services qui, vous savez, ne peuvent pas rivaliser avec les nôtres – essaient essentiellement d'empêcher nos entreprises de fonctionner efficacement . Nous avons possédé Internet. Nos entreprises l'ont créé, développé et amélioré de telle manière que l'Europe ne puisse pas lutter. Et fréquemment, ce qui est décrit comme des prises de positions nobles est en fait juste une manière de placer leurs intérêts commerciaux."

Peut-on espérer une réponse globale de l'Union européenne?

Il ne faudrait pas se limiter à rappeler le droit fiscal appliqué en Europe. Il faudrait rappeler à l'Amérique qu'elle s'est donné un monopole quasi absolu sur la société de l'information, ses acteurs et ses usagers. Il ne faudrait pas citer seulement les GAFA, mais les industries de l'informatique et des communications, civiles et militaires. Partout, les entreprises américaines ont éliminé toute concurrence par des manoeuvres relevant d'une véritable guerre économique et politique. On est loin de la simple application des principes libéraux auxquels Obama se réfère.

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Mais les Européens ne sont-ils pas en premier lieu responsables de ce qui leur arrive? Ayant dès l'origine cédé à la pression américaine, ils se sont refusé à tout investissements susceptibles de développer des alternatives à l'offre américaine. Pourtant les ressources purement européennes ne manqueraient pas.

Encore plus grave a été le refus des Etats européens, toujours sous la pression américaine, de s'organiser en véritable Etat fédéral, reposant en priorité sur une harmonisations des lois fiscales et douanières. Accepter que coexistent en Europe des Etats « normaux », comme la France et l'Allemagne, et des Etats « voyous » comme l'Irlande, ne peut qu'inciter les brigands économiques américains à en profiter. Si on laissait toutes les portes de son appartement ouvertes, faudrait-il s'étonner que des voleurs en profite?

Peut-on espérer refondre entièrement l'Union européenne dans le sens d'un véritable Etat fédéral fort? Faut-il au contraire accepter d'en sortir pour se protéger par des politiques industrielles nationales, au sein de frontières adéquates? Pour nous, la réponse ne fait pas de doute

Pour en savoir plus
http://europa.eu/rapid/press-release_IP-16-2923_en.htm

 

La politique des Etats-Unis par rapport à leurs voisins des Amériques du 19e au début du 20e siècle

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Histoire : La politique des Etats-Unis par rapport à leurs voisins des Amériques du 19e au début du 20e siècle

par Eric Toussaint

Ex: http://www.cadtm.org

A partir de 1823, le gouvernement des États-Unis adopte la doctrine Monroe. Tirée du nom d’un président républicain des États-Unis, James Monroe, elle condamne toute intervention européenne dans les affaires « des Amériques ». En réalité, la doctrine Monroe va servir à couvrir une politique de conquête de plus en plus agressive de la part des États-Unis au détriment des nouveaux États latino-américains indépendants, en commençant par l’annexion d’une grande partie du Mexique dans les années 1840 (Texas, Nouveau Mexique, Arizona, Californie, Colorado, Nevada, Utah). Rappelons que les troupes nord-américaines occupèrent la capitale Mexico en septembre 1847. Il faut aussi souligner que le gouvernement des États-Unis a tenté d’exterminer tous les peuples natifs, les « peaux rouges », qui refusaient de se soumettre. Ceux qui se soumettaient ont été également victimes d’atrocités et ont fini dans des réserves.

 

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Territoires perdus par le Mexique au profit des États-Unis en 1848

En 1898, les États-Unis déclarent la guerre à l’Espagne et prennent le contrôle de Cuba et de Puerto Rico.

En 1902, en contradiction avec la doctrine Monroe, Washington ne prit pas la défense du Venezuela alors qu’il subissait une agression armée de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, de l’Italie et de la Hollande qui avait pour but d’obliger ce pays à rembourser la dette. Ensuite, les États-Unis intervinrent diplomatiquement afin que Caracas reprenne le paiement de la dette. Cette attitude de Washington a donné lieu à une grande controverse avec différents gouvernements latino-américains et en particulier avec le ministre des Affaires étrangères argentin, Luis M. Drago, qui a déclaré : « Le principe que je voudrais voir reconnu est celui selon lequel la dette publique ne peut donner lieu à une intervention armée, et encore moins à l’occupation physique du sol des nations américaines par une puissance européenne. ». C’est ce qui sera connu par la suite comme la doctrine Drago. Les débats entre gouvernements donnèrent lieu à une conférence internationale à La Haye qui aboutit notamment à l’adoption de la convention Drago-Porter (du nom de H. Porter, militaire et diplomate des États-Unis) en 1907. Elle prévoyait que l’arbitrage devait être le premier moyen pour résoudre des conflits : tout État partie à la convention devait dès lors accepter de se soumettre à une procédure d’arbitrage et d’y participer de bonne foi, sinon l’État qui réclamait le remboursement de sa créance retrouvait le droit d’utiliser la force armée pour arriver à ses fins.

En 1903, le président Theodore Roosevelt organise la création artificielle du Panama qui est séparé de la Colombie contre la volonté de celle-ci. Il s’agissait de pouvoir ensuite construire et faire fonctionner le canal de Panama sous le contrôle de Washington.

En 1904, le même président annonce que les États-Unis se considèrent comme le gendarme des Amériques. Il énonce ce qu’on appelle le corollaire Roosevelt à la doctrine Monroe : « L’injustice chronique ou l’impuissance qui résulte d’un relâchement général des règles de la société civilisée peut exiger, en fin de compte, en Amérique ou ailleurs, l’intervention d’une nation civilisée et, dans l’hémisphère occidental, l’adhésion des États-Unis à la doctrine de Monroe peut forcer les États-Unis, à contrecœur cependant, dans des cas flagrants d’injustice et d’impuissance, à exercer un pouvoir de police international » |1|.

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Theodore Roosevelt (au centre, à gauche) et les « Rough Riders » à Cuba, 1898

En 1915, les États-Unis envahissent Haïti sous prétexte de récupérer des dettes et occupent le pays jusqu’en 1934. L’écrivain uruguayen Eduardo Galeano écrit : « Les États-Unis occupèrent Haïti pendant vingt ans, et dans ce pays noir qui avait été le théâtre de la première révolte victorieuse des esclaves, ils introduisirent la ségrégation raciale et le régime des travaux forcés, tuèrent mille cinq cents ouvriers au cours de l’une de leurs opérations de répression (selon une enquête du Sénat américain, en 1922) et lorsque le gouvernement local refusa de convertir la Banque nationale en succursale de la National City Bank de New York, suspendirent le paiement des indemnités habituellement versées au Président et à ses ministres pour les contraindre à réfléchir. » |2|.

D’autres interventions militaires des États-Unis ont eu lieu à la même époque : envoi, en 1909, de troupes d’occupation au Nicaragua ; occupation du port de Veracruz au Mexique en 1914 pendant la révolution ; occupation de la République dominicaine en 1916 ; expédition dans le nord du Mexique contre la révolution et en particulier les troupes de Pancho Villa. Cette liste n’est pas exhaustive.

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Interventions militaires des États-Unis en Amérique Latine, 1898 - 1939

Ce bref résumé de l’intervention et de la politique des États-Unis aux Amériques au 19e et au début du 20e siècle permet de comprendre les motivations réelles de Washington dans la répudiation des dettes à Cuba en 1898 (voir La répudiation par les États-Unis de la dette réclamée à Cuba par l’Espagne en 1898 : Quid de la Grèce, de Chypre, du Portugal, etc. ?) et au Costa Rica dans les années 1920 (voir En quoi la répudiation des dettes par le Costa Rica devrait inspirer d’autres pays).

usam-5.jpgLe général Smedley Butler, auteur du livre "War is a Racket"

En 1935, le Major Général Smedley D. Butler, qui participa à bien des expéditions états-uniennes aux Amériques, résumait à sa manière, alors qu’il était à la retraite, la politique de Washington : « J’ai passé trente- trois ans et quatre mois comme militaire dans la force la plus efficace de ce pays : l’infanterie de marine. J’ai franchi tous les échelons de la hiérarchie, du grade de sous-lieutenant à celui de général de division. Et, durant toute cette période, j’ai passé la plupart du temps comme sicaire de première classe pour le haut négoce, pour Wall Street et les banquiers. En un mot, j’ai été un tueur à gages au service du capitalisme... Par exemple, en 1914, j’ai aidé à ce que le Mexique, et plus spécialement Tampico, soit une proie facile pour les intérêts pétroliers américains. J’ai aidé à ce que Haïti et Cuba deviennent des lieux convenables pour le recouvrement des rentes de la National City Bank... En 1909-1912, j’ai aidé à épurer le Nicaragua pour la banque internationale Brown Brothers. En 1916, j’ai apporté la lumière à la République Dominicaine au nom des intérêts sucriers nord-américains. En 1903, j’ai aidé à pacifier le Honduras, au bénéfice des compagnies fruitières nord-américaines. » |3|

Notes

|1| https://fr.wikipedia.org/wiki/Corol...

|2| Eduardo Galeano. 1971. Les Veines ouvertes de l’Amérique latine, Plon, Paris, 2015, p. 151.

|3| Publié dans Common Sense, novembre 1935. Voir Leo Huberman, Man’s Wordly Goods. The Story of the Wealth of Nations, New York, 1936. Cette traduction de la citation provient de Eduardo Galeano, op. cit., p. 150. À noter qu’une base militaire américaine située à Okinawa porte le nom du chef militaire Smedley D. Butler. Son témoignage fait immanquablement penser à celui de John Perkins, Les confessions d’un assassin financier. Révélations sur la manipulation des économies du monde par les États-Unis, AlTerre, 2005.

Eric Toussaint

Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, est porte-parole du CADTM international et est membre du Conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014, Procès d’un homme exemplaire, Editions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet du livre AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège Dernier livre : Bancocratie ADEN, Brussels, 2014. Il est coordonnateur de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015.